| JAQUETTE1, subst. fém. I. − HABILLEMENT A. − HIST. DU COST. 1. Vêtement d'homme descendant jusqu'aux genoux et serré à la taille par une ceinture, qui était porté par les paysans et les hommes du peuple au Moyen Âge. Jaquette à fronces. Du douzième au quatorzième siècle, le paysan et l'homme du peuple portèrent la jaquette ou la casaque grise liée aux flancs par un ceinturon (Chateaubr., Essai litt. angl., t. 1, 1836, p. 36). − En partic. Jaque rembourrée portée sous la cotte de maille. Synon. gambison.Cent-vingt archers de guet (...) portant la jaquette à longs plis (Hugo, Fin Satan,1885, p. 936). 2. Robe qui constituait le premier habillement des petits garçons avant la culotte. Porter encore la jaquette. L'époque la plus éloignée dont il me souvienne, c'est celle où je quittai la jaquette (Michelet, Mémor.,1822, p. 182).Ma mère soupirait et grognait en voyant le désordre de ma jaquette (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 34).Qui a jamais vu ici de vrais enfants en cotte ou en jaquette (Taine, Notes Paris,1867, p. 71). − Loc. fam. Trousser la jaquette à un enfant. Fouetter un enfant. (Dict. xixes.). 3. Région. (Canada). Chemise de nuit. S'il pouvait voir Bertine se déshabiller. Seulement l'entrevoir. − Serait-elle déjà en jaquette, pensa-t-il? Malchance (Cl.-H. Grignon, Un Homme et son péché, Ste-Adèle P.Q., éd. du Grenier, 1933, p. 78).La servante criait dans la cuisine « Monsieur le juge, c'est l'heure de mettre votre jaquette et d'aller vous coucher » (J. Ferron, La Chaise du Maréchal Ferrant, Montréal, éd. du Jour, 1972, p. 93). B. − 1. Vêtement d'homme, ajusté à la taille, à longs pans arrondis ouverts sur le devant (ce qui le différencie de la redingote), qui ne se porte plus actuellement que dans les cérémonies officielles et certaines manifestations mondaines. Synon. (partiel) habit.Jaquette grise, jaquette d'alpaga. Après avoir échangé la jaquette ou la redingote contre le vieux veston de travail (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Opin. publ., 1881, p. 365): La semaine d'Ascot se déroule (...) quinze jours après le derby. C'est le moment où tous les chapeliers sortent des chapeaux hauts de forme en feutre gris, où tous les tailleurs coupent, pour l'enclos royal, ces jaquettes en fil-à-fil gris, qui ne paraîtront plus le reste de l'année que dans les music-halls.
Morand, Londres,1933, p. 139. − Arg. La jaquette (flottante). Homosexualité masculine. Combien d'hommes se sont fourvoyés dans la jaquette flottante uniquement parce qu'étant gamins, ils ont fait leurs premiers touchers sur des individus (...) de leur catégorie? (San-Antonio, Le Standinge selon Bérurier, Paris, Fleuve noir, 1965, p. 139). ♦ Loc. verb. Être de la jaquette (flottante). Être homosexuel. Sauf un qui était de la jaquette, jamais aucun de ses tauliers avait résisté plus de huit jours à l'envie de la calcer [d'avoir des relations sexuelles avec elle] (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 102).Henri III (...) était de la jaquette flottante. Et voilà que tu prétends qu'il aimait une princesse! (San-Antonio, L'Histoire de France vue par San-Antonio, Paris, Fleuve Noir, 1964, p. 173). 2. P. anal. Veste de femme ajustée à la taille et pourvue de basques plus ou moins longues, qui fait généralement partie d'un costume tailleur. Jaquette de flanelle, de fourrure. La taille de Charlotte était prise dans une jaquette d'astrakan (Bourget, Disciple,1889, p. 126).Vers cinq heures Véronique change son caraco d'intérieur contre une jaquette de drap noir et part à la rencontre de Julius et de Marguerite (Gide, Caves,1914, p. 688).En effet, croisant sur sa jupe de crêpe de chine gris, sa jaquette de cheviotte grise laissait croire qu'Albertine était tout en gris (Proust, Sodome,1922, p. 1055). II. − TECHNOLOGIE A. − Manchon d'acier renforçant la partie antérieure du tube d'un canon. La jaquette, pièce essentielle [des bouches à feu Krupp], qui supporte tout l'effort longitudinal, ne paraît pas pouvoir, en raison de sa forme, être soumise à la trempe (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav.,1899, p. 166).Le tube et la jaquette [du canon allemand de 77] sont en acier nickel (Alvin, Artill., Matér.,1908, p. 52). B. − Enveloppe extérieure en tôle d'une chaudière. Jacquette thermostatique. Ces mêmes chaudières peuvent être revêtues d'une jaquette calorifugée, évitant toute déperdition de chaleur (Lar. mén.1926). Prononc. et Orth. : [ʒakεt]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1374 jaquete « vêtement d'homme ajusté sur le buste et à jupe flottante » (doc. ds B. et H. Prost, Invent. mobiliers et extrait des comptes des ducs de Bourgogne, t. 1, no1937); 2. 1446 jaquette « robe que portaient les petits garçons avant qu'on leur donne le haut-de-chausses » (doc. 16 févr., Tut. de Hacquinet de Buissy, A. Tournai ds Gdf. Compl.); 3. a) 1783 « courte veste de femme, ajustée à la taille » (Restif de La Bret., Contemp. du commun, p. 207); b) 1908 « veste de tailleur » (Colette, Vrilles de la vigne, p. 158 ds Rob.); 4. 1832 « veste d'homme à longs pans arrondis » (A. de Musset, Chron. de la quinzaine, 31 déc., ds R. des Deux Mondes, 1833, p. 106); 1909 arg. jaquette « celui qui pratique la sodomie passive » (A. Bruant, Dans la rue, p. 137 ds Cellard-Rey); 5. 1874 p. métaph., technol. milit. (Journal officiel, 17 mars, p. 2063, 3ecol., ds Littré Suppl.). Dér. de jaque2*, suff. dimin. -ette (-et*). Bbg. Quem. DDL t. 16. |