| JAMBAGE, subst. masc. A. − Vx, DR. FÉOD. Droit de jambage. Droit du seigneur de poser sa jambe dans le lit nuptial d'une vassale, en symbole du droit de cuissage. V. droit3II A 1 c ex. d'Aragon. − P. méton. Beauregard aussitôt redevient ce qu'il était jadis, fief, terre seigneuriale, étant bâti pour cela. Tours, tourelles, colombier, girouette, rien n'y manque. Vol du chapon, jambage, cuissage (Courier, Pamphlets pol., Gaz. vill., 1823, p. 186). − Région. (Canada). ,,Droit de se mêler d'une affaire`` (Dionne 1909). B. − Spécialement 1. ARCHIT. Pilier simple entre deux arcades. Entre les jambages du pont d'Austerlitz apparurent Notre-Dame et les hautes maisons des îles (Duhamel, Terre promise,1934, p. 40). 2. CONSTRUCTION a) Chacun des montants verticaux d'une baie de fenêtre, de porte qui soutiennent le linteau. Nous allons démolir le jambage de la porte du côté opposé à celui où vous êtes; ne vous approchez pas (Stendhal, Abbesse Castro,1839, p. 204).Ces portes si richement décorées, dont les linteaux, les tympans, les jambages, les voussoirs de décharge sont nettement accusés par les dispositions sculpturales (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 234). b) ,,Chaîne de pierre ou de maçonnerie qui soutient l'édifice et sur laquelle sont posées les grosses poutres`` (Mots rares 1965). ♦ Jambage de cheminée. Chacune des assises de pierres verticales qui supportent le manteau. Synon. pied-droit.Il [un lierre] s'accrochait aux solives, aux jambages de la cheminée, à l'entablement de la porte (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 410). − P. anal., ÉCRITURE. Élément vertical de certaines lettres. Le château de Heidelberg présente à peu près la forme d'un F (...). Le grand jambage de l'F est parallèle au Neckar et regarde la ville (Hugo, Rhin,1842, p. 329). ♦ En partic. ,,Traits verticaux situés au-dessus de la ligne`` (Rob.) Pour celles de ces lettres qui comportent des jambages, c'est-à-dire M, N ou U, la tendance à l'amorphisme est parfois poussée si loin qu'elles ne sont plus représentées que par de simples traits horizontaux à peine ondulés (L'Hist. et ses méth.,1961,p. 606). 3. TECHNOLOGIE a) Jambage d'un tour. ,,Pièce de bois où s'emboîtent les jumelles`` (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 606). b) Partie d'un marteau-pilon ou d'un mouton qui guide la masse tombante et supporte l'entablement, ainsi que le mécanisme de remontée de la masse. Le marteau [d'un marteau-pilon] coulisse à l'intérieur de glissières verticales fixées sur les deux jambages du bâti (Gorgeu, Machines-outils,1928, p. 336). 4. VÉN. ,,Partie de la peau d'un animal qui recouvrait les pattes`` (Lar. encyclop.). Prononc. et Orth. : [ʒ
ɑ
̃ba:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) α
) 1369 jambage... de la fourmette « chacun des deux montants verticaux d'une baie de fenêtre » (Études sur les Comptes de Macé Darne, éd. A. Joubert, p. 70);
β
) 1453 « id. (d'une porte) » (Doc. ds Lottin, Recherches hist. sur la ville d'Orléans, t. 1, p. 308 : les jambages de l'uisserie et les jambes (montans) de la fenestre);
γ
) 1502 « id. (d'une cheminée) » (Jouen, Comptes Manoir Rouen, 404 : jambage de la cheminée); b) 1416 construction « chaîne de pierres de taille ou de maçonnerie qui soutient l'édifice et sur laquelle on pose de grosses poutres » (Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 3esérie, IV, 635 : les jambaiges, esseliers et antrais seront du parage a yceux chevrons); 2. 1680 « chacun des éléments verticaux de certaines lettres » (Rich. : faire le jambage d'une N, ou d'une M). Dér. de jambe*; suff. -age*. Fréq. abs. littér. : 63. |