| * Dans l'article "JALONNER,, verbe trans." JALONNER, verbe trans. A. − Qqn jalonne qqc. 1. Marquer, déterminer (l'alignement, la direction, la limite de quelque chose) à l'aide de jalons, en plantant des jalons. Synon. baliser, piqueter, signaliser.Jalonner une allée, un champ, un chemin, une ligne téléphonique, une route; jalonner un itinéraire, un parcours. Il serait judicieux de décaler les phares, de part et d'autre des routes aériennes fréquentées, plutôt que de jalonner exactement ces routes (A.-B. Duval, Hébrard, Nav. aér.,1928, p. 86).Travaux (...) abandonnés sur le terrain mille et mille fois jalonné par les géomètres et les experts (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 304): 1. ... que fait le géomètre? D'abord, il divise la grandeur qu'il doit mesurer, ligne, surface ou volume, en la jalonnant et y marquant des points de rappel et de reconnaissance.
Proudhon, Créat. ordre,1843, p. 130. − P. métaph. Il faut être soi-même dans la voie qu'ils tracent [les mystiques] et jalonnent, et même assez avancé sur elle, pour donner tout son sens à une lecture qui ne souffre pas d'être « courante » (Valéry, Variété V,1944, p. 166). − Au part. passé. Allée jalonnée; itinéraire jalonné. L'on ne peut évaluer la longueur de la route non jalonnée, que d'après le temps mis à la parcourir (Gide, Voy. Congo,1927, p. 748).Les chemins qui suivaient ces convois, pour venir du Hoang-Ho jusqu'à la vallée de Ferghana, ne pouvaient guère être baptisés du nom de routes; (...) tout au plus, des pistes vaguement jalonnées (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 43). − Qqn jalonne qqc. avec/de qqc.Avoir un jour entier devant les yeux ce steppe décourageant, (...) sans point d'orientation, et qu'on est obligé de jalonner de gros tas de pierres pour indiquer les routes (Fromentin, Été Sahara,1857, p. 52).Sur les croupes les hommes arpentaient les carreaux de terre brune qu'ils jalonnaient de brins de paille (Pourrat, Gaspard,1925, p. 63). ♦ Au fig. Marquer de repères, d'étapes (dans le temps). Il y a dans Lenormand, dans les œuvres dont il jalonne lentement sa vie, quelque chose qui (...) s'éloigne et ne passe point (Colette, Jumelle,1938, p. 211).La Constitution de l'An III. La Convention jalonna son existence de palinodies qui s'inscrivent parmi les plus éclatantes de l'histoire des assemblées (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 456).Nous jalonnerons donc le passé lointain de quelques dates sûres et de quelques points d'interrogation (Dumazedier, Ripert, Loisir et cult.,1966, p. 47). 2. TECHN. MILIT. Placer des jalons ou des jalonneurs, pour marquer un alignement. Jalonner une direction, le front d'une troupe, un objectif. Absol. jalonner (ds Ac. 1835-1935). Ils emportent des grenades, des fusées et des feux de bengale pour jalonner nos lignes (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 294). B. − Qqc jalonne qqc. 1. Être disposé, se trouver placé de distance en distance le long d'(une ligne, un parcours); marquer, délimiter. Synon. s'aligner, s'échelonner (le long de).À Ibiza, j'allais tous les jours m'asseoir dans les cafés qui jalonnent le port (Camus, Env. et endr.,1937, p. 114).De nombreux cadavres de chevaux jalonnaient les champs et les bois (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 33): 2. Le soleil couchant inondait d'or et de pourpre l'immense plaine qui s'étend entre Tunis et la montagne de Zaghouan et que jalonnent de loin en loin quelques arches énormes de l'antique aqueduc en ruine...
Gide, Si le grain,1924, p. 555. − Au part. passé. Allée, route jalonnée d'arbres; plaine jalonnée de villages. Une plaine de champs admirablement cultivés, jalonnés d'arbres qui cachent entièrement le sol (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 182).Le polder (...) s'étalait, (...) vaste et désert, jalonné de lignes de saules et de tilleuls (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 217). ♦ P. métaph. Disraëli (...), entre le pouvoir et lui, voyait encore un parcours dur, jalonné de mauvais obstacles (Maurois, Disraëli,1927, p. 195).C'était une logicienne, fidèle à une route droite, jalonnée de principes évidents (Mauriac, Pharis.,1941, p. 105). − Emploi pronom. à valeur passive. Se jalonner de.La grande armée avance en semant ses débris (...) De morts et de mourants sa route se jalonne (Pommier, Russes,1854, p. 10).Un matin où le courant se jalonnait d'oiseaux dormants comme de bouées (Giraudoux, Suzanne,1921, p. 100). 2. Au fig. Servir de point de repère, de marque dans le temps. Synon. marquer.Dates, étapes, événements, faits qui jalonnent l'existence, la vie de qqn; jalonner des étapes, une évolution, une destinée. Une histoire sombre et cruelle, jalonnée par le bûcher de Rouen, par Sainte-Hélène, par Fachoda (Mauriac, Journal occup.,1944, p. 312): 3. Notre vie est faite d'oublis. De longues années passent, ne laissant en nous nulle trace, obscurcies de brume et d'ennui, et parfois quelques instants, parmi tant d'autres, brillent en nous d'une éclatante lumière, jalonnant mystérieusement le cours de nos destins.
Daniel-Rops, Mort,1934, p. 59. Prononc. et Orth. : [ʒalɔne], (il) jalonne [ʒalɔn]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1690 (La Quintinye, Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, I, 104 ds Fr. mod. t. 18, p. 135); 1834 fig. (Lamart., Destinées poés., p. 377). Dér. de jalon*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 164. DÉR. Jalonneur, subst. masc.a) Celui qui a pour fonction de jalonner, de placer des jalons. Les jalonneurs ont mal tracé cet alignement (Ac.1878-1935).b) Techn. milit.Soldat placé comme jalon sur une ligne ou sur un itinéraire pour indiquer une direction, un alignement. (Dict. xixeet xxes.). Établir, placer des jalonneurs; le premier, le second jalonneur (Ac. 1835). − [ʒalɔnœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1835. − 1reattest. 1835 (Ac.); de jalonner, suff. -eur2*. |