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JALON, subst. masc.
A. − Piquet ou marque quelconque, planté en terre comme repère, pour déterminer un alignement, une direction, une distance ou une limite (notamment dans les travaux d'arpentage, de nivellement, de terrassement). Synon. balise, borne, repère.Jalons d'arpentage; aligner, planter, poser des jalons. Planter des jalons de distance en distance; marquer l'alignement d'un mur avec des jalons (Ac.1935).Au moyen de petits jalons de bois qu'il fichait dans le sable, il commença à pointer les décroissances successives de l'ombre de la baguette (Verne, Île myst.,1874, p. 132).Le tracé de la voie ferrée, que marquait une double file de jalons, alignant des bouts de papier blanc, au milieu des sentiers, des herbes, des buissons (Zola, E. Rougon,1876, p. 259).V. alignement ex. 17 :
1. ... l'acceptation des disciplines nécessaires, tout ce qui ramasse la volonté et l'applique au but avec une puissance accrue par la rectitude même de l'effort. − Comme on creuse un sillon, ferme et droit, le regard sur le jalon, le rejet de peuplier feuillu qui luit au vent, là-bas. Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 227.
B. − Au fig., souvent au plur. Ce qui sert à situer, à diriger (quelqu'un ou quelque chose); début, amorce d'une entreprise quelconque. Synon. étape, marque, (point de) repère.Jalons d'un exposé, d'une négociation; servir de jalons. Les paysans lisent l'almanach (...). Les jours qui viennent, et les mois, et les saisons, ce sont des jalons sur leurs projets. De l'année qui va suivre, on connaît d'avance certaines choses (Alain, Propos,1910, p. 81).Lorsque je projette une promenade dans la montagne, je puis assurément me représenter l'itinéraire que je suivrai, le diviser en jalons de plus en plus éloignés et chercher à les atteindre (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 170):
2. ... la religion qui pénétra mon enfance et l'investit de partout : du dehors, par la liturgie, par ses observances, par les jalons étincelants de ses fêtes qui divisaient l'année et dont le feu se confondait avec les bougies de la crèche, avec l'odeur vernale des vacances de Pâques, et celle des Pentecôtes déjà brûlantes. Mauriac, Mém. intér.,1959, p. 243.
Loc. verb. Jeter, planter, poser des jalons, les premiers jalons. Fixer les directives d'une étude, d'un travail, ou faire les premières démarches nécessaires à la réussite d'une entreprise quelconque. Synon. amorcer le travail, préparer le terrain.Partout (...) il s'était montré et multiplié, (...) cultivant les amitiés, les sympathies qui pouvaient le mener à quelque chose. Jetant les jalons de ses ambitions, marchant de bureaux de société en bureaux de société (Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 93).C'est un homme de cœur, il va mijoter ça. Le premier jalon est posé. D'ailleurs, il m'a dit : « Tiens-moi au courant » (Montherl., Célibataires,1934, p. 778):
3. Si vous pouviez arranger quelque chose pour demain qui lui plaise et que nous pourrions faire tous les trois ensemble... Tâchez aussi de poser des jalons pour cet été, si elle avait envie de quelque chose, d'une croisière que nous ferions tous les trois, que sais-je? Proust, Swann,1913, p. 322.
REM.
Jalon-mire, subst. masc.,technol. Jalon surmonté d'une mire (pour effectuer des relevés ou des tracés topographiques). (Dict. xxes.). Plur. des jalons-mires.
Prononc. et Orth. : [ʒalɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1613 jallon de nasse sens obscur (Louys Gruau, Nouvelle invention de chasse, 74, éd. Jouaust ds Romania t. 33, p. 559); 1690 (La Quintinye, Instruction pour les jardins fruitiers et potagers, I, 104 ds Fr. mod. t. 18, p. 135 : Jalon et jalonner sont des termes fort particuliers pour les alignemens qu'on veut prendre); 1812 fig. (Jouy, Hermite, t. 2, p. 147). Orig. obsc.; peut-être de même orig. que jaillir* (FEW t. 4, p. 32a). Un rapprochement avec l'a. fr. gielle, terme de vénerie, proposé par Thomas (Romania, loc. cit.), ne résout pas la question car l'étymologie de gielle reste inconnue, v. gille2. Fréq. abs. littér. : 85.