| JAILLISSEMENT, subst. masc. A. − Action de jaillir; mouvement de ce qui jaillit. 1. [Correspond à jaillir A 1, 2 a; à propos d'un liquide ou p. anal., de la lumière, d'un son] Synon. de élan, poussée, éruption.Jaillissement d'étincelles, de vagues. Il se reposait un peu, filant seulement deux ou trois sons légers qu'il terminait soudain par une note suraiguë. Ou bien il partait d'une course affolée, avec des jaillissements de gammes, des frémissements, des saccades (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Partie camp., 1881, p. 381).La profondeur de l'eau dissimule l'abondant jaillissement de cette source bleue. (...) c'est comme une éclosion d'eau entre les papyrus (Gide, Nourr. terr.,1897, p. 177): 1. ondine : Je parlais des sources tout à l'heure, des sources sous-marines, quand le printemps fleurit au fond du lac... Le jeu est de les trouver à leur jaillissement. C'est soudain une eau qui se débat au milieu de l'eau. On essaie de la comprimer des deux mains. On est inondé d'une eau qui n'a touché que l'eau.
Giraudoux, Ondine,1939, II, 9, p. 121. 2. [Correspond à jaillir A 2 b; à propos d'un animé] Chacun de ces survivants solitaires voyait ainsi de petites silhouettes, couleur de sauterelle grise, sortir là-bas de la tranchée ennemie; sortir non par un jaillissement dru, mais peu à peu, presque une à une. Sans aucune précipitation (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 55). B. − [Correspond à jaillir B; à propos d'un inanimé dont la forme ou la situation suggère un élan] Il apercevait le dense jaillissement des monuments de toute espèce, qui dressaient vers le ciel les pierres ouvragées, grises ou blanches, de leurs tours, de leurs clochers et de leurs flèches (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 10). C. − [Correspond à jaillir C; à propos d'un inanimé abstr.] Apparition, manifestation subite. Un jaillissement d'amusantes anecdotes sur les littérateurs et les peintres et gens de toutes sortes (Goncourt, Journal,1892, p. 293).Quel jaillissement d'idées et de sentiments déclanchent en nous, les jours que nous sommes en état poétique, le Christ en croix (Barrès, Cahiers, t. 12, 1920, p. 316).La jeunesse est dans le jaillissement des idées et des images, dans la vivacité de l'observation, dans l'aptitude à grouper les faits (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 11): 2. Il oubliait en un instant toute la laideur du monde qu'il avait connu. Rien n'était plus autour de lui que la noble simplicité des nomades, une parfaite distinction, une douceur pastorale, ce jaillissement original de la vie que tous les intimes de l'Afrique ont connu...
Psichari, Voy. centur.,1914, p. 214. Prononc. et Orth. : [ʒajismɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1611 jallissement (Cotgr.); 1718 jaillissement (Ac.). Dér. de jaillir*; suff. -issement (-ment1*). Fréq. abs. littér. : 173. |