| JAGUAR, subst. masc. Grand mammifère carnassier d'Amérique centrale et surtout d'Amérique du Sud, voisin de la panthère et du léopard, à la robe fauve mouchetée de taches noires ocellées, remarquable par sa grande souplesse et par sa férocité. Un sifflement arraché comme d'une poitrine déchirée (...) répand la terreur. Il indique la présence du rôdeur aux griffes aiguës, du rapide jaguar (Michelet, Insecte,1857, p. 159).Et le jaguar, du creux des branches entr'ouvertes, Se détend comme un arc et le saisit au cou (Leconte de Lisle, Poèmes barb.,1862, p. 209):... j'ai chassé le jaguar dans ma jeunesse. Et j'ai usé de fosses à jaguar, meublées d'un agneau, hérissées de pieux et couvertes d'herbe. Et quand à l'aube je m'en venais les visiter j'y trouvais le corps du jaguar. Et si tu connais les mœurs du jaguar tu inventeras la fosse à jaguar avec ses pieux, son agneau et son herbe.
Saint-Exup., Citad.,1944, p. 819. − ZOOL. Grand mammifère de la famille des Félidés (panthera unca). − P. métaph. C'était un nerveux d'apparence placide, un jaguar dans la cage de la civilisation (L. Daudet, Salons et journaux,1917, p. 43). Prononc. et Orth. : [ʒagwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. I. 1575 Iarnare (A. Thevet, La Cosmographie Univ., II, fo919b ds König, p. 113) − 1722 Janowara (Voy. de Fr. Coreal aux Indes Or. [trad. de l'esp.], t. I, p. 198, ibid., p. 114). II. 1731 Jaguareté (R.P. Labat, Voy. du chev. Des Marchais en Guinée, Isles voisines et la Cayenne, t. III, p. 285) − 1873 jaguarette [par confusion avec le suff. dimin. -ette (v. -et)] (Lar. 19e). III. 1761 Jaguar (Buffon, Hist. naturelle, t. 9, p. 201 : le Jaguar ou Jaguara, nom de cet animal au Brésil, que nous avons adopté pour le distinguer du tigre, de la panthère, de l'once & du léopard [...]; les premiers historiens du nouveau monde appeloient cet animal Janou-are ou Janouar; ce sont Pison & Marcgrave qui, les premiers, ont écrit Jaguara au lieu de Janouara). I et III empr. au tupi januare, jaguara, représentant deux var. du même mot : III a prob. été introduit en fr. par le texte lat. des Hollandais Pison et Marcgraf (Historia Naturalis Brasiliae, 1648 citée ds Buffon, loc. cit. et NED). II empr. au tupi jaguarete, proprement « véritable jaguar », qui désigna dans cette lang. le jaguar noir, l'espèce la plus cruelle de jaguar, puis, par opposition à jaguara qui avait pris le sens de « chien » (les Tupis n'ont connu le chien que par les Européens et n'avaient pas de mot pour le désigner), toute espèce de jaguar. V. R. Loewe ds Z. vergl. Sprachforsch. t. 60, pp. 177-184; G. Friederici ds Z. fr. Spr. Lit. t. 58, pp. 138-139; König, pp. 113-116; Fried.; FEW t. 20, p. 69b. Fréq. abs. littér. : 80. |