| * Dans l'article "IVOIRE,, subst. masc." IVOIRE, subst. masc. A. − Matière fine, résistante, d'un blanc laiteux, fournie par les défenses de l'éléphant, réputée pour son poli et employée dans la fabrication d'objets sculptés ou tournés et en marqueterie. Cet enfant d'Euterpe revint donc à Paris, vers 1810, collectionneur féroce, chargé de tableaux, de statuettes, de cadres, de sculptures en ivoire, en bois (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 7).À quelques pas du chemin, que les processions et les théories ont suivi de toute éternité, des monnaies, des plats en bronze, des fibules, des agrafes, des épingles d'os et d'ivoire (Barrès, Colline insp.,1913, p. 286).V. argent ex. 2 : 1. De l'ivoire [it. ds le texte]. Par ce mot, on entend spécialement la matière osseuse qui forme les défenses de l'éléphant; on le donne cependant aussi aux défenses de l'hippopotame, des vaches marines et autres amphibies. L'ivoire est grené d'une manière très-apparente à l'œil, ce qui le fait distinguer des os proprement dits.
Nosban, Manuel menuisier,1857, p. 137. SYNT. Ivoire incrusté, jauni, marqueté, patiné, poli; archet, bâton, bibelot, boîte, boule, bouton, cassette, chaîne, chaise, chapelet, crosse, manche, marteau, peigne, quenouille, squelette, touche, trône d'ivoire; ciseler, travailler, sculpter l'ivoire. ♦ En partic. Ivoire vert. Ivoire pris sur l'éléphant vivant ou mort depuis peu de temps. Sa chair précieuse, semblable à de l'ivoire vert, se laissait deviner comme sous une eau agitée et profonde (Toulet, Mar. Don Quichotte,1902, p. 34). − P. métaph. Voici l'heure du soir qu'aima P. J. Toulet. Voici l'horizon qui me défait − un grand nuage d'ivoire au couchant et, du zénith au sol, le ciel crépusculaire, la solitude immense, déjà glacée, − plein d'un silence liquide (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 59). − P. méton. Objet d'ivoire et plus spécialement sculpture miniature en ivoire. Synon. ivoirerie.Un ivoire; des ivoires; un vieil ivoire; des ivoires de collection; les ivoires du Louvre : 2. Cette fois, MmeDesforges elle-même, malgré sa rancune qui lui avait fait jurer de ne rien acheter, succomba devant un ivoire d'une finesse charmante.
Zola, Bonh. dames,1883, p. 789. − (Couleur) d'ivoire. a) [En parlant de pers. et notamment de leur teint] Cou, crâne, épaule, front, main, sein d'ivoire. Le Ver : À moi tes bras d'ivoire, à moi ta gorge blanche, À moi tes flancs polis avec ta belle hanche À l'ondoyant contour (Gautier, Comédie mort,1838, p. 16).Le teint d'ivoire des chairs, le gris argenté du costume empruntent à la décoration aux lambris, une tonalité glauque de nymphée (Blanche, Modèles,1928, p. 189). b) Plus rare. [En parlant de la nature ou d'un animal] Sur la pelouse, des vaches (...) faisaient éclater leurs taches d'ivoire et de pain chaud (La Varende, Dern. fête,1953, p. 328). − Emploi adj. inv. De la couleur de l'ivoire. Marat fut surpris qu'elle ait changé sa blouse ivoire pour un pull-over au col roulé qui lui donnait une allure sportive (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 149). B. − P. anal. 1. ANAT. ,,Partie dure de la dent, partie qui est revêtue, mais à la couronne seulement, d'une autre partie dite émail`` (Littré). Synon. dentine.Dans les caries de l'ivoire, l'attitude à suivre est à peu près identique (QuilletMéd.1965, p. 178). 2. BOT. Ivoire végétal. ,,Substance provenant des graines du phytelepha macrocarpe [arbre de l'Amérique tropicale], dont l'endosperme bleu, opaque et très dur, se polit comme l'ivoire`` (Littré). Synon. corozo. 3. TECHNOLOGIE ♦ Noir d'ivoire. Nous ferons remarquer que la plus grande partie du noir vendu dans le commerce sous le nom de noir d'ivoire, n'est autre chose que du noir d'os de première qualité (Manuel du fabricant de couleurs,t. 2, 1884, p. 202). ♦ Ivoire artificiel. Composition obtenue à partir de bois ou d'os imprégnés de chlorure de chaux ou d'alun. (Dict. xixeet xxes.). 4. ZOOL. Matière des dents de certains pachydermes (autres que les éléphants) ou cétacés. − En partic. Ivoire mort ou bleu. Ivoire provenant des défenses des mammouths fossiles (d'apr. Rob.). C. − Au fig. C'est peut-être parce que Vigny a transposé dans le lyrisme français, avec la substance et l'ivoire de ses vers, le cor enchanté du romantisme allemand, que, mille ans après la bataille de Roncevaux, Victor Hugo l'a fait sonner dans la bataille d'Hernani (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 139). − Expressions ♦ Porte d'ivoire (p. réf. à L'Énéide, ch. VI) : 3. Et, lorsque le tombeau m'ouvrira ton empire,
De silence et d'oubli n'accuse point ma lyre,
Comme au sage Thébain, divin chantre des dieux.
Mon ombre, pour venir, en songe harmonieux,
Dicter des vers tardifs consacrés à ta gloire,
N'aura point à sortir de la porte d'ivoire.
Chénier, Bucoliques,1794, p. 22. ♦ Tour* d'ivoire. REM. Ivoréen, -éenne, adj.,hapax. Qui a l'aspect de l'ivoire. Dans l'étude que j'ai faite des faïences de Satzuma (...) je suis arrivé à croire que les Satzuma relativement anciens sont reconnaissables (...) à un emploi discret de l'or (...) et enfin surtout à un traité presque imperceptible dans une pâte ivoréenne (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 2, 1881, p. 275). Prononc. et Orth. : [ivwa:ʀ]. Martinet-Walter 1973 [-a-] ou [-ɑ-] (13/4). Ac. 1694, 1718 y-, puis i-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 (Pèlerinage de Charlemagne, 353 ds T.-L. : un corn d'ivoire blanc); ca 1165 allus. à la blancheur de l'ivoire (Benoît de Ste-Maure, Troie, 5410, ibid. : ... les denz Plus blans qu'ivoires ne argent); 2. a) ca 1200 p. méton. « éléphant » (Renart, éd. J. Martin, XI, 1769), seulement en a. fr.; b) 1683 « objet en ivoire [ici peigne] » (Boileau, Lutrin, V, éd. F. Escal, p. 212); 3. 1778 p. anal. ivoire de morse (Buffon, Époq. nat. ds
Œuvres, t. XII, p. 29 ds Littré). Empr. au lat. vulg. * eboreum, substantivation du neutre de l'adj. eboreus « d'ivoire », dér. du class. ebur, eboris « ivoire; objet en ivoire; éléphant ». Fréq. abs. littér. : 997. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 345, b) 2 191; xxes. : a) 1 413, b) 1 067. DÉR. Ivoiré, -ée, adj.Qui a la couleur, la consistance ou l'apparence de l'ivoire. Synon. ivoirin, éburnéen.La faïence de Niderviller est faite d'une terre qui transparaît en rose dans les parties où la couche d'émail est plus mince, émail légèrement bleuté ou ivoiré (G. Fontaine, Céram. fr.,1965, p. 60).− [ivwaʀe]. − 1reattes t.1857 (Delacroix, Journal, t. 3, p. 34); de ivoire, suff. -é*. BBG. − Quem. DDL t. 16. |