| IRRÉSISTIBLEMENT, adv. D'une manière irrésistible. A. − Rare [Qualifiant un procès matériel] D'une manière qui rend impossible toute résistance. Une griffe (...) jaillit, avide de sa proie, Saisit l'homme à la gorge irrésistiblement (Leconte de Lisle, Poème trag.,1884, p. 142). ♦ P. ext. De telle sorte que rien ne peut l'empêcher. Synon. inéluctablement.Ce mariage devenait effrayant, en se formant ainsi peu à peu et s'avançant irrésistiblement sans secousse, sans violence (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 249).Le brick, irrésistiblement soulevé sur une sorte de trombe liquide, venait de s'ouvrir en deux (Verne, Île myst.,1874, p. 450). B. − 1. Sans que l'on résiste, sans le vouloir ou sans que l'on puisse s'en empêcher, en se laissant entraîner. Entraîner, s'abandonner irrésistiblement. Vivre l'Évangile, c'est accéder aussitôt, mais tout involontairement et tout irrésistiblement, à la sphère de l'absolue beauté (Du Bos, Journal,1927, p. 249).Oh!... tout à coup... malgré moi... ma bouche s'est laissée ouvrir, s'est ouverte, aussi irrésistiblement qu'une prune mûre se fend au soleil (Colette, Vagab.,1910, p. 168): 1. Si vous le connaissiez! (...) c'est une âme si jeune, si fraîche, une beauté si magnifique, un enfant, un poète... On éprouve irrésistiblement le besoin de se sacrifier à lui, de satisfaire ses moindres désirs.
Balzac, Splend. et mis.,1846, p. 442. 2. D'une manière qui force l'adhésion intellectuelle, émotive. Je connais (...) la parade triviale et féroce qui excite irrésistiblement l'hilarité (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 35).Ils jugèrent la scène irrésistiblement comique (Maurois, Disraëli,1927, p. 85). 3. D'une manière qui s'impose à l'esprit. Le mot « idée » est dangereux, il conduit irrésistiblement à donner à l'idée un support (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 18): 2. Son long visage pâle, son nez droit, ses vastes yeux noirs, lents et calmes, son front lisse sous deux bandeaux sombres et lourds, quelque chose d'imperceptiblement dédaigneux dans le pli de ses lèvres, un peu fortes et charnelles, évoquaient irrésistiblement l'épithète de Junon.
Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 137. 4. D'une manière extrêmement séduisante, charmante. Irrésistiblement séduisant. Et le menton et la joue et le cou (...) et de magnifiques dents contribuaient à l'aspect sensuel et irrésistiblement gentil de cette tête (Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 118).Jamais je ne vous vis si irrésistiblement viennoise, ma chère, avec vos cheveux de bière mousseuse (Colette, Cl. ménage,1902, p. 250). Prononc. et Orth. : [ir(r)ezistibləmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1701 théol. (Fur. : C'est une grande question entre les théologiens, de savoir si Dieu convertit les pécheurs irrésistiblement); 1762 (Ac. : il est entraîné irrésistiblement). Dér. de irrésistible*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 264. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 179, b) 317; xxes. : a) 310, b) 612. |