| IRRITABLE, adj. A. − BIOL., PHYSIOL. [En parlant d'un tissu ou d'un organe] 1. Qui est capable de réagir sous l'influence d'une excitation. Une lumière qui ne tomberoit que sur l'iris lui-même ne lui causeroit aucun mouvement. Cette membrane n'est point irritable (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 409).Trente heures après avoir enlevé le cœur d'une grenouille, ce cœur est encore irritable et susceptible de produire des mouvemens lorsqu'on l'irrite (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 44). 2. Qui réagit à l'excès à une faible stimulation. Estomac irritable : 1. En général le mars [nom que les anciens chimistes donnaient au fer], sur-tout en substance, est excellent dans cette circonstance, pourvu toutefois que la poitrine ne soit pas trop irritable et délicate.
Geoffroy, Méd. pratique,1800, p. 395. − Nerfs irritables. La passion vous embellit vraiment, Rachel, et ce genre de coquetterie vous va à merveille. Cependant vous savez que j'ai les nerfs très-irritables, et vous devriez me ménager (Quinet, Ahasvérus,1833, 3ejourn., p. 254).Des passions promptes et impérieuses, des nerfs irritables, qui amèneront des accès de larmes à la moindre contradiction (Taine, Notes Paris,1867, p. 80). ♦ Fam. Avoir les nerfs irritables. Être particulièrement impatient ou susceptible. (Dict. xxes.). B. − Cour. [En parlant d'une pers.] Qui s'irrite facilement. Homme irritable; caractère, humeur, tempérament irritable. C'est un jeu parmi les enfants de mettre en colère celui qu'on sait irritable (Alain, Propos,1924, p. 590).Je n'étais pas habituée à réfléchir, cela me rendait irritable (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 79): 2. ... le voyage d'Espagne, la maladie et les douleurs auxquelles j'avais assisté m'avaient laissé une excitation nerveuse qui dura assez longtemps. J'étais donc irritable au dernier point et hors de mon état normal.
Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 238. − PSYCHOL. Qui réagit vivement aux émotions, aux impressions reçues. D'une organisation nerveuse, impressionnable, irritable, dès que l'atmosphère n'était pas élevée, le ciel serein, le soleil éclatant et chaleureux, il souffrait profondément (Borel, Champavert,1833, p. 183): 3. L'impulsivité avoisine l'instabilité. Ce n'est plus l'attrait du changement, mais le simple ressort d'un psychisme irritable qui fait ici surgir l'idée incontrôlée, le mot qui part en flèche, l'hypothèse imprudente, la conclusion prématurée, le jugement téméraire.
Mounier, Traité caract.,1946, p. 633. Prononc. et Orth. : [iʀitabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1547 sens actif « qui irrite, irritant » (Haudent, Apologues d'Esope, II, 95 ds Hug., latinisme isolé); 2. 1755 (S. Tissot [trad. de A. de Haller], Diss. sur les parties irritables et sensibles des animaux ds Catal. gén. des impr. de la Bibl. nat.); 3. 1829 « qui s'irrite facilement » (Boiste). Empr. au lat.irritabilis « irritable, susceptible » dans la lang. class.; sens actif « qui irrite » dans la lang. chrét.; le sens 2 est dér. sém. de irriter, physiologie. Fréq. abs. littér. : 244. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 418, b) 388; xxes. : a) 219, b) 340. |