| IRRESPIRABLE, adj. Qui n'est pas respirable, qu'il est dangereux, pénible de respirer. Vapeur irrespirable. On avait apporté plusieurs de ces appareils Galibert, toujours préparés en cas d'incendie, et qui permettent de pénétrer dans les milieux irrespirables (Verne, 500 millions,1879, p. 146).Tandis qu'elle se lamentait (...) un fumeron, allumé en son absence dans la braise, remplissait l'atelier d'une vapeur infecte, qui, jointe à l'odeur entêtante des coings rendait l'air irrespirable (France, Dieux ont soif,1912, p. 204):Le rayonnement global du soleil est la source de l'énergie disponible sur la terre (...). Il convient d'ajouter que cette même action chimique compense la consommation d'oxygène par les animaux et empêche l'atmosphère terrestre de devenir irrespirable...
Boll, Qq. sc. captiv.,1941, p. 203. ♦ P. métaph. Air, atmosphère irrespirable. Environnement invivable. Lorsqu'il avait pour la première fois traversé cette atmosphère où baignaient les Fontanin, l'air familial, au retour, lui avait été plusieurs jours irrespirable (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 677).Par contraste avec les jours sereins que je venais de vivre, l'aigre atmosphère où je me replongeais me parut soudain irrespirable (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 149). − P. anal. et au fig. ♦ [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Insoutenable. Le son de sa voix, adoucie, me cause un si vif plaisir que je souris d'aise, délivrée du silence irrespirable (Colette, Vagab.,1910, p. 141).Sa fureur était tombée. Il ne lui restait plus qu'une douleur atroce, irrespirable (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1333).Les conjurés, qui au demeurant se complaisent dans l'équivoque irrespirable, ont fait serment de rester superficiels et de glisser pudiquement, sans appuyer, sur les dessous de leur machination (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 193). ♦ [En parlant d'un lieu concr. ou abstr.] Insupportable. Kyo eût trouvé irrespirable cet univers où se mouvait Tchen (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 224).Le climat de l'illégalité, si légitime qu'en soient les motifs, est inhumain. Il devient irrespirable à la longue (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 54). ♦ Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Dissocié, démembré, suffoqué par lui-même, il a si bien sondé sa misère qu'il vit dans l'irrespirable (Massis, Jugements,1924, p. 107). REM. 1. Irrespirabilité, subst. fém.Qualité de ce qui est irrespirable. L'étouffement ne venait pas de l'irrespirabilité d'une atmosphère nullement confinée, ne rappelant en rien l'odeur des pièces closes (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 198). 2. Irrespiré, -ée, adj.Qui n'a pas été respiré. Ô Ménalque, qui te dépouilles de tous tes biens pour aller par le monde à la recherche de sensations neuves, de parfums encore irrespirés (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 190). Prononc. et Orth. : [ir(r)
εspiʀabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1779 air irrespirable (Volta ds Journal de physique, I, 290 ds DG). Dér. de respirable*; préf. ir-, var. de in-1*. Fréq. abs. littér. : 101. |