| IRREMPLAÇABLE, adj. Qui ne peut être remplacé. Anton. interchangeable, remplaçable, substituable.A. − [En parlant d'une chose abstr. ou concr.] Qui ne peut être échangé, substitué à une autre chose. Les vieux ponts sont irremplaçables. L'exode leur fut fatal et personne n'a pleuré sur eux (Mauriac, Mém. intér.,1959, p. 147).Le grand médicament irremplaçable encore actuellement est le bismuth dont les propriétés anti-infectieuses, cicatrisantes font merveille (QuilletMéd.1965, p. 166). − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. La force des liens [amoureux] vient de cette conviction torturante, qu'il y a là de l'exceptionnel, de l'unique, de l'irremplaçable, et que nous ne retrouverons jamais plus (Gide, Journal,1929, p. 944). B. − [En parlant d'une pers., de sa fonction, de ses qualités morales ou intellectuelles] Qui n'a pas d'équivalent; que sa fonction, son talent, son habileté rend indispensable. Jadis, quand on monta Hernani (1830), tous les rôles, sauf Joanny et MlleMars, irremplaçables, furent appris en double (par des talents, non par des doublures) et de la sorte il n'y eut aucune interruption (Hugo, Corresp.,1867, p. 67).Personne ne lui manquait jamais, que son fils, et d'ailleurs personne n'est irremplaçable (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1134): ... Folcoche parla de la remplacer. Peine perdue! Papa s'y opposa farouchement : tous les Rezeau ne manqueraient pas de lui en faire de sanglants reproches. Alphonsine était un meuble sacré de La Belle Angerie. Au surplus, Fine ne s'émut point de telles menaces. Elle se savait irremplaçable. Nulle autre bonne ne tiendrait plus de huit jours sous la férule de Folcoche.
H. Bazin, Vipère,1948, p. 133. Prononc. et Orth. : [ir(r)
ɑ
̃plasabl̥]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1845 (Richard : cette pers., cette chose est irremplaçable); 1850 (Gobineau, Lettres à Tocqueville, p. 143). Dér. de remplaçable*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 133. DÉR. Irremplaçabilité, subst. fém.Caractère de ce qui est irremplaçable. Un mot sublime et méconnu! C'est le plus grand hommage qu'on ait rendu à l'irremplaçabilité de l'artiste (Goncourt, Journal,1866, p. 261).− [ir(r)
ɑ
̃plasabilite]. − 1reattest. 1866 id.; de irremplaçable, suff. -(i)té*. |