| INÉNARRABLE, adj. A. − Vx. Qu'on ne peut raconter; qu'il est impossible de décrire ou d'exprimer. Synon. indescriptible, indicible, ineffable, inexprimable.Aventures inénarrables. Cet héroïsme unique, inénarrable, des Madeleine et des sainte Thérèse (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 524).Tout ce que, par contrecoup, mon être a souffert, pendant cette longue agonie, est inénarrable (Mallarmé, Corresp.,1867, p. 240): Quand il s'agit d'exprimer Dieu tel qu'il est et en tout ce qu'il est, notre langage est radicalement impuissant. La science parfaite, ici, consiste à savoir que Dieu est inénarrable, bien qu'on ne puisse l'ignorer...
Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1101. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Tout ce que vous nommez vérité devient fable Devant l'inénarrable et devant l'ineffable (Hugo, Fin Satan,1885, p. 832). B. − Fam., p. exagér. D'une extrême cocasserie. Synon. burlesque, cocasse, comique, extravagant, impayable (fam.), ineffable (fam.).On parlait des distractions inénarrables de MmeLockroy (Goncourt, Journal,1889, p. 1042).Le duc de Guermantes inénarrable en pyjama rose et peignoir de bain (Proust, Temps retr.,1922, p. 759).Tu n'as pas su cette histoire? Une des plus belles de l'inénarrable M. Chasle (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 149). REM. Inénarrablement, adv.,rare. D'une façon inénarrable. Ces pensées que ton ami trouve si douces, si inénarrablement tendres (E. de Guérin, Journal,1835, p. 92).À présent, la terreur allemande dans ces lieux inénarrablement paisibles (Green, Journal,1943, p. 16). Prononc. et Orth. : [inenaʀabl̥]; [rr] ds Land. 1834, Nod. 1844, Warn. 1968 (var.). Att. ds Ac. 1718 : inenarrable, ensuite -né-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1480 « qu'on ne peut raconter » (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 1009); 2. 1876 « qui est d'une bizarrerie extraordinaire » (Huysmans, Marthe, p. 30). Empr. au lat.inenarrabilis « qu'on ne peut raconter ». Fréq. abs. littér. : 80. Bbg. Delb. Matér. 1880, p. 176. |