| INVRAISEMBLABLE, adj. A. − Qui n'est pas vraisemblable, qui ne semble pas vrai. Synon. improbable, incroyable, inimaginable.Accusation, aventure, hypothèse, roman invraisemblable. Quelque invraisemblable que cela puisse paraître, nous ne savions à peu près rien l'un de l'autre (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 200).Il me paraît tout à fait invraisemblable que la lèpre se déclare trois mois après un contact (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1480): 1. ... sa mère et sa sœur l'avaient assassiné à coups de marteau pour le voler (...). La mère s'était pendue. La sœur s'était jetée dans un puits. J'ai dû lire cette histoire des milliers de fois. D'un côté, elle était invraisemblable. D'un autre, elle était naturelle.
Camus, Étranger,1942, p. 1180. ♦ C'est invraisemblable (!). Il est question de notre ami Geffroy, qu'il me dit − c'est tout à fait invraisemblable − marié à une femme qui ressemble à une figure de la République par un prix de Rome (Goncourt, Journal,1890, p. 1164). − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Anton. vrai, réel.Les mystérieuses rencontres avec l'invraisemblable que (...) nous appelons hallucinations, sont dans la nature (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 380). B. − P. exagér. 1. Qui dépasse la commune mesure, qui n'est pas dans les normes. Synon. incroyable; anton. normal, ordinaire.Une très grande femme, pâle et d'une invraisemblable maigreur (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 82).On est réveillé à une heure invraisemblable (Queneau, Zazie,1959, p. 51). 2. Qui surprend par son côté extravagant, ridicule. Synon. bizarre, effarant, étonnant, étrange, extraordinaire, fantastique.Un étrange petit vieillard (...) portait (...) un invraisemblable chapeau gris à grands bords et à grands poils, qui faisait penser au déluge (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Menuet, 1882, p. 1248): 2. ... un pareil gendarme en jupon, une géante, (...) sous son bibi invraisemblable, (...) en poils de singe, longs et détrempés, et qui lui faisaient comme une tignasse lui retombant sur ses yeux courroucés.
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 50. Prononc. et Orth. : [ε
̃vʀ
εsɑ
̃blabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1767 (Fréron ds Année littér., VIII, p. 304 ds Proschwitz Beaumarchais, p. 9 : le fracas invraisemblable... d'un mauvais Roman [en parlant d'Eugénie, de Beaumarchais]). Dér. de vraisemblable*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 570. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 204, b) 563; xxes. : a) 1 378, b) 1 118. DÉR. Invraisemblablement, adv.a) De manière invraisemblable, irréelle. Dans ce pays gris et noir, où au fond des vallées profondes comme des puits, on aperçoit d'invraisemblablement petits champs verts, bleus, jaunes et gris clair, encadrés de pierres (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 91).b) P. exagér.
α) De manière anormale. C'était la salle du rapport, une salle invraisemblablement immense, à ce point qu'ils s'y voyaient rapetissés (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., 10, p. 205).Il y avait quatre mois qu'elle se nourrissait de thé. Invraisemblablement maigrie, « désincarnée », elle avait fini par ressembler à un fakir (Jouhandeau, M. Godeau,1926, p. 197).
β
) De manière extravagante, ridicule. Antoinette (...) étalait sa robe violine et sa chevelure invraisemblablement échafaudée en coques monstrueuses (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 85).− [ε
̃vʀ
εsɑ
̃blabləmɑ
̃]. Att. ds Ac. 1935. − 1reattest. 1785, nov. (Corresp. littér., philos. par Grimm, Diderot..., t. 14, p. 269 ds Proschwitz Beaumarchais, p. 133); de invraisemblable, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 29. |