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INVISIBLE, adj.
A. − Qui par essence n'est pas visible. Air, ange, monde invisible. Un dieu invisible, mais qui voit tout et qui sait punir comme récompenser (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 296).S'il est un corps [le fluide magnétique], comment est-il invisible et impalpable comme un esprit? (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 143):
1. Dans l'espace surnaturel flottaient, invisibles, impalpables, des myriades de petites âmes qui attendaient de s'incarner. Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 51.
P. ext. Qui ne correspond pas à une réalité sensible; qui est du domaine du surnaturel ou de l'imaginaire. Fantôme, fée, génie invisible; forces invisibles. En galopant sur nos coursiers imaginaires et en frappant de nos sabres invisibles les meubles et les jouets (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 168).Claire, le visage décomposé, racontait que son oreiller avait quitté son lit comme poussé par une main invisible (Maurois, Ariel,1923, p. 185):
2. ... je suis certain (...) qu'il existe près de moi un être invisible, qui se nourrit de lait et d'eau, (...) doué par conséquent d'une nature matérielle, bien qu'imperceptible pour nos sens... Maupass., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886, p. 1112.
Emploi subst. masc.
[Parfois avec une majuscule, assez souvent au plur.] Être surnaturel. Celui qui me gouverne, quel est-il, cet invisible? cet inconnaissable, ce rôdeur d'une race surnaturelle? Donc les Invisibles existent! (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Horla, 1886p. 1115).Il croit à la guigne, aux pressentiments, au monde des invisibles (Renard, Journal,1905, p. 951):
3. Nous nous demandons sérieusement si cette enfant de trois ans n'aurait pas reçu quelque don qui déterminerait en elle une mystérieuse faculté de vision. Combien de fois l'avons-nous surprise, parlant à des invisibles à qui elle tendait amoureusement ses petits bras. Bloy, Journal,1894, p. 121.
sing. à valeur de neutre. Domaine de ce qui n'est pas visible; p. ext. monde surnaturel ou supraterrestre.Synon. au-delà, surnaturel.Inspecter l'invisible et entendre l'inouï (Rimbaud, Œuvres, Lettre à P. Demeny, 1871, Paris, Garnier, 1969, p. 349).Par les étranges, les interminables corridors, les revenants (...) eussent pu maintes fois apparaître. (...) Omer, Elvire fuyaient ensemble l'Invisible dans les escaliers vermoulus (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 286).Vintras nous a rouvert les sentiers qui mènent à l'invisible; il nous fait rentrer dans la sphère du surnaturel (Barrès, Colline insp.,1913, p. 154).En 1773, il [William Blake] commence à dessiner ces rêves qui le mettaient en communication avec l'au-delà; (...) indifférent à tout ce qui n'était pas l'invisible. Il s'intitulait « peintres d'esprits » et conversait longuement avec des fantômes (Morand, Londres1933, p. 236).
B. −
1. [En parlant d'un inanimé concr. ou d'un animé] Qui n'est pas visible à l'œil nu; qui n'apparaît pas à la vue en raison de sa petitesse, de son éloignement ou pour une autre cause. Synon. caché, imperceptible, indécelable, indiscernable.Fil, guetteur, insecte invisible; atomes, microbes invisibles. Je me promenai le long d'un lac invisible sous le brouillard (Barrès, Homme libre,1889, p. 150).La victoria tourna à droite, et roula invisible derrière les haies de la route (R. Bazin, Blé,1907, p. 31):
4. ... c'est le jour et l'heure de la semaine [le dimanche] où l'on se rencontre, (...) où l'on échange un moment sur le chemin, sur la place, dans la rue ou à la porte de l'église, un salut, un geste, un regard (...). C'est l'heure et la place aussi où les oisifs, les curieux, les jeunes gens qui cherchent de l'œil les belles jeunes filles invisibles à la maison les autres jours de la semaine, se forment en groupes... Lamart., Nouv. Confid.,1851, p. 40.
Loc. Devenir invisible. Cesser brusquement d'être visible. Il était là tout à l'heure, il est devenu invisible. Cette montre était tout à l'heure sur cette table, elle est devenue invisible (Ac.1835-1935).
2. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui n'est pas manifeste, qui échappe à la connaissance. Danger, menace invisible; liens invisibles. J'ai peur surtout (...) de ma raison qui m'échappe brouillée, dispersée par une mystérieuse et invisible angoisse (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Lui? 1883, p. 853).Nous sommes bien plus ignorants de nos actions notoires et pour ainsi dire palpables que de nos pensées invisibles ou de nos chimères les plus fugitives (Blondel, Action,1893, p. 169).Le dreyfusisme de M. Bontemps, invisible et constitutif comme celui de tous les hommes politiques, ne se voyait pas plus que les os sous la peau (Proust, Temps retr.,1922, p. 727).
C. − [En parlant d'une pers.] Qui se dérobe aux regards et refuse de se manifester. Synon. insaisissable, introuvable.Le drôle est invisible, dit le chef de bureau, faisant allusion à Fernand Rocher; je l'ai cherché de tous côtés dans le bal et ne l'y ai point vu (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 398).Christiane enfin (...) s'obstinait à rester invisible, et sa chambre fermée à tous (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 257).
Loc. Être invisible pour qqn. Refuser de recevoir quelqu'un. C'est vainement que je sollicitais une audience, le ministre était invisible pour moi (Ac.1835-1935).
Prononc. et Orth. : [ε ̃vizibl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xiiies. [ms.] « qui échappe à la vue » (Roman de Kanor, BN 1446, fol. 45 rods Gdf. Compl.); 1256 (Aldebrandin de Sienne, Regime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, Proeme, p. 3, 23); 2. 1668 «(d'une pers.) qui se dérobe volontairement aux regards » (Racine, Plaideurs, I, 5). Empr. au b. lat.invisibilis « invisible ». Fréq. abs. littér. : 3 528. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 558, b) 3 905; xxes. : a) 5 597, b) 6 509.
DÉR.
Invisiblement, adv.D'une manière invisible. La moitié de la Hollande faillit périr, parce que les pilotis de ses digues s'étaient rompus à la fois, invisiblement minés par le ver qu'on nomme taret. Ce redoutable rongeur, qui a souvent un pied de long, ne se trahit nullement; il ne travaille qu'au dedans (Michelet, Oiseau,1856, p. 298).Juger de l'Église elle-même comme d'une réalité naturelle et non comme d'une réalité invisiblement surnaturelle, objet elle-même de la foi théologale? (Maritain, Primauté spirit.,1927, p. 95).Le champignon et quelques autres plantes ont des semences d'une excessive petitesse, qui voltigent invisiblement dans cet air (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 36).[ε ̃vizibləmɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1reattest. 1emoitié xives. (Dialogue de S. Grégoire [livre IV], ms. Évreux no8, fol. 98c ds Gdf. Compl.); de invisible, suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 46.