| INVIOLABLE, adj. A. − Qui est protégé par son caractère sacré ou par la loi. 1. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qu'il est interdit de violer, d'enfreindre. Synon. intangible, sacré, sacro-saint.Loi, sacrement inviolable. L'article dernier des Droits de l'homme : « La propriété est un droit inviolable et sacré » (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 135).− Monseigneur, répliqua le curé, je ne sais absolument rien qui puisse soit démentir soit autoriser votre soupçon. Le secret de la confession est d'ailleurs inviolable (Balzac, Curé vill.,1839, p. 122).Le lien conjugal (...) demeure inviolable tant que les deux conjoints vivent (Théol. cath.t. 14, 11938, p. 633). 2. [En parlant d'un lieu (de culte ou d'habitation)] Que l'on ne peut profaner; où il est interdit de pénétrer. Synon. protégé.Habitation, sanctuaire inviolable. − Arrêter ma mère, chez moi? tu n'en as pas le droit. Mon domicile est inviolable! (Balzac, Paysans,1844, p. 73).Le grand-temple de la Grande-Déesse, le lieu le plus saint de toute l'Égypte, l'inviolable Astarteïon, était un édifice colossal (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 75): 1. Sur la plaque de cuivre, on lisait : « Comptoir international ». Et au-dessous, une affiche manuscrite, marquée du sceau impérial : « Cette maison est placée sous le contrôle de l'autorité allemande. » Un pareil talisman rendait la demeure inviolable.
Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 170. 3. [En parlant d'une pers.] a) [En parlant d'un roi] Qui est revêtu du privilège à caractère perpétuel et absolu selon lequel il n'est pas possible de porter atteinte à sa personne. Roi, monarque inviolable. Article 2. − La personne du Roi est inviolable et sacrée; son seul titre est roi des Français (Doc. hist. contemp.,1791, p. 60). b) [En parlant d'un diplomate, d'un magistrat] Qui est revêtu du privilège à caractère temporaire et non absolu le plaçant à l'abri de toute poursuite, même en cas de culpabilité. Les tribuns de la plèbe romaine étaient inviolables. L'Assemblée nationale déclare que la personne de chaque député est inviolable (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 257). c) [En parlant d'un citoyen] Qui bénéficie du principe général du droit français garantissant l'intimité de la personne et interdisant de porter atteinte à sa vie privée. Chaque citoyen aujourd'hui est inviolable, sa demeure est sacrée, sa femme et ses enfants sont sous la protection de l'État (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 203).Les citoyens sont entre eux inviolables et sacrés et ne peuvent se contraindre que par la loi, expression de leur volonté commune (Camus, Homme rév.,1951, p. 151). B. − P. ext. 1. [En parlant d'un inanimé abstr.] Que l'on respecte, que l'on ne transgresse pas. Il a gardé une inviolable fidélité à cette idée de sa jeunesse (Du Bos, Journal,1921, p. 30).Le même instant qui est pour moi initiative violente, est par rapport aux autres décision inviolable (Jankél., Je-ne-sais-quoi,1957, p. 257). 2. ART MILIT. [En parlant d'un objectif] Où l'on ne peut pénétrer : 2. Il importe que, sur toutes les parties du front où l'offensive serait possible, nos lignes soient poussées à une distance des lignes adverses inférieure à 150 mètres. Sur toutes les autres parties du front, le front devra être rendu inviolable [it. dans le texte] par l'emploi de défenses accessoires...
Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 52. 3. [En parlant d'une pers.] Inviolable à (vx).Qui ne peut être atteint, touché par. Elle me semblait inviolable au malheur comme à la mort (Lamart., Nouv. Confid.,1851, p. 197). Prononc. et Orth. : [ε
̃vjɔlabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1345 entiere et inviolable virginité (Miracles de N.-D., éd. G. Paris et U. Robert, XXXVII, t. 7, p. 7); 2. av. 1564 (Calvin, Serm. sur la prem. Ep. S. Paul aux Corinth., p. 431 ds Gdf. Compl. : l'institution inviolable de Dieu); 3. 1640 d'une pers. (Corneille, Cinna, V, 2). Empr. au lat.inviolabilis « qui ne peut subir d'atteinte, inviolable ». Fréq. abs. littér. : 337. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 916, b) 452; xxes. : a) 233, b) 268. DÉR. Inviolablement, adv.De manière inviolable. Restez inviolablement attachés à vos principes, et vous êtes invincibles (Robesp., Discours, Pétit. peuple avign., t. 6, 1790, p. 595).Faites que je m'attache toujours inviolablement à votre loi et ne permettez pas que je me sépare jamais de vous (Billy, Introïbo,1939, p. 153).− [ε
̃vjɔlabləmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1306, juin (Lettre de Philippe le Bel ds Cartulaire d'Enguerran de Marigny, éd. J. Favier, no102, p. 223 : toutes les choses garder inviolablement); de inviolable, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 12. BBG. − Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917/18, t. 30, p. 153 (s.v. inviolablement). |