| INVENDABLE, adj. A. − Qu'on ne peut pas vendre. Meuble, toile, poésie invendable; biens, livres, produits invendables; éviter la constitution de stocks invendables. Mon oncle m'a laissé dix lieues carrées de pays invendables, voilà pourquoi je possède encore cette habitation (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 380).Pour ce qui est des mourants de faim, on leur expédiera de la morue invendable, des farines avariées, des conserves en putréfaction (Bloy, Journal,1902, p. 97).La librairie Grasset m'a demandé courtoisement ce qu'elle devait faire des brochures dont le dépôt, invendu, invendable, encombrait ses magasins (Martin du G., Souv. autobiog.,1955, p. LV). ♦ Emploi subst. Le réduit des repas, il servait en plus, pour la lessive et pour garer les rogatons... Y en avait des monceaux, des piles... Ceux qu'étaient pas rafistolables, les invendables, les pas montrables, les pires horreurs (Céline, Mort à crédit,1936, p. 61). − DR. Qu'on n'a pas le droit ou le pouvoir de vendre. Quand le notaire du Havre recevra les papiers établissant que mes pauvres sœurs du Pérou sont bien mortes, la somme déposée à leur nom nous reviendra, directement. − En titres invendables. − Justement non. En titres que l'on peut, c'est le notaire qui me l'a dit, vendre tout de suite et dans des conditions avantageuses (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 47). B. − [En parlant d'un aut.] Dont les œuvres ne se vendent pas. Invendable alors, plus que jamais! on ne t'éditera même plus et ce sera rudement beau si tu obtiens une sépulture! (Bloy, Journal,1904, p. 230). − Emploi subst. Tu sera invendable à perpétuité, l'invendable, dans tes livres aussi bien que dans ta personne, et ainsi se réalisera tout à fait la séparation, naturellement désirée par toi, d'avec les vendeurs et les gens à vendre (Bloy, Journal,1904p. 229).Je préfère annoncer à mes amis Paul Valéry, Valery Larbaud, Claudel, Gide, entr'autres, et, par-dessus les nuées et les ombres, au cher Proust, qu'ils se vendent admirablement. Que cette indication permette à quelques invendables de se reconnaître (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 81). Prononc. et Orth. : [ε
̃vɑ
̃dabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. a) 1764 « qu'on ne peut vendre » (Voltaire, Dictionnaire philosophique, s.v. banqueroute ds Littré); b) 1873 dr. (Lar. 19e); 2. 1904 « dont les œuvres ne se vendent pas (d'un auteur) » (Bloy, loc. cit.). Dér. de vendable*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 23. |