| INTOLÉRANT, -ANTE, adj. Qui manque de tolérance. A. − 1. Qui ne peut supporter certaines choses, certaines personnes. Je ne suis pas intolérante. Il y a nombre de petits manquements que je tolère, sur lesquels je ferme les yeux (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1154): 1. Il n'y a que seul que je ne souffre plus. Les meilleures affections m'irritent souvent démesurément. J'ai beau me retenir, il en sort trop. Je trouve que le monde a raison de me trouver intolérant; mais il ne sait pas, en revanche, tout ce que je tolère sans rien dire.
Flaub., Corresp.,1847, p. 28. ♦ Intolérant à + subst.L'enfant à tendances paranoïdes se reconnaît vite à des traits plus ou moins marqués. Dans les cas les plus nets, il se plaît très tôt à dominer et à brimer ses camarades; il leur prend leurs jouets, se fait servir par eux, assume d'autorité la direction de leurs jeux et, dans chacun, la position la plus avantageuse, intolérant à toute résistance (Mounier, Traité caract.,1946, p. 554). − MÉDECINE a) Qui ne supporte pas certaines substances, qui réagit anormalement à certaines agressions. Intolérant au lait, à l'aspirine. Si l'infection survient chez un sujet déjà tuberculisé et plus ou moins intolérant vis-à-vis du bacille, l'invasion du sac pleural provoque des efforts naturels d'expulsion (Calmette, Infection bacill. et tubercul.,1920, p. 177). b) Incompatible. Ils ne peuvent recevoir que du sang de leur propre groupe, ces donneurs banaux ont comme receveurs les plus strictes exigences. Le sang le plus largement toléré est aussi le plus intolérant (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 91). 2. En partic. a) Exclusif. Oh! que l'amour humain est intolérant, injurieux, dès qu'il s'abandonne sans frein à lui-même! (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 233): 2. Mon père se réjouissait fort de ce don inné [d'horloger] qu'il avait remarqué et qui présageait un génie peu commun dans l'art dont l'intolérante passion dévorait sa vie.
Arnoux, Écoute,1923, p. 30. b) Intransigeant, sévère. Soyons intolérants pour nous-mêmes! (Renard, Journal,1903, p. 852). B. − [Surtout en matière de relig. et de pol.] Qui ne supporte, qui n'admet aucune autre opinion que la sienne. Doctrine, philosophie, religion intolérante. Plus de religion positive pour éviter de devenir intolérant et persécuteur; plus de mariage pour n'avoir plus d'adultère (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 17).Des disciples pieux, intolérants, volontiers agressifs (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 694): 3. Souvent j'écoute en moi ce dialogue de deux intellectuels également insatisfaits, également intolérants, également insupportables et que je ne parviens pas à accorder.
Guéhenno, Journal « Révol. »,1937-38, p. 174. ♦ Emploi subst. Il n'y a pas de principes, selon les intolérants ou les hypocrites de toutes les croyances, là où il n'y a pas d'aveuglement ou de poltronnerie (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 53). − Qui trahit l'intolérance. Des exclamations intolérantes avaient déjà haché le discours; il y eut ici une huée, puis la curiosité domina (Barrès, Déracinés,1897, p. 471).Je passe même, poursuivit-il d'une voix intolérante, sur les fils de fer des pelouses (Colette, Sido,1929, p. 149). REM. Intolérantisme, subst. masc.,,Doctrine qui érige en principe l'intolérance religieuse`` (DG). Prononc. et Orth. : [ε
̃tɔleʀ
ɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1609 (P. Camus, Diversitez, I, fo433 vo: Ils sont intollerans du travail, de la faim, de la soif); av. 1702 domaine relig. (P. Jurieu ds Fur. 1701). Dér. de tolérant* (préf. in-1*) d'apr. le lat. intolerans « qui ne peut pas supporter ». Fréq. abs. littér. : 128. |