| INTERROGATOIRE, subst. masc. A. − DROIT 1. ,,Ensemble des questions que pose un magistrat et des réponses que fait celui qui est entendu dans une affaire pénale ou civile`` (Lafon 1969). Interrogatoire de l'accusé, des témoins; interrogatoire de police, du président. La torture qui, selon la législation romaine, s'infligeait, non comme un supplice, mais comme un supplément d'interrogatoire (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 287).Il subit une série d'interrogatoires épuisants, qui le laissèrent exténué. Tous les inculpés connaissent cette impression de vide, d'abrutissement, d'exhaustion, que laisse une longue bataille avec les policiers ou le juge d'instruction (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 250): Grâce à cette précaution qu'il avait toujours soin de prendre au moment de procéder à un interrogatoire, il savait d'avance les noms, qualités, délits du prévenu, faisait des répliques prévues à des réponses prévues, et parvenait à se tirer de toutes les sinuosités de l'interrogatoire, sans trop laisser deviner sa surdité.
Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 232. ♦ Interrogatoire sur faits et articles. ,,Procédure au moyen de laquelle une des parties cherche à provoquer de la part de l'autre, un aveu judiciaire sur les faits du procès`` (Barr. 1967; dict. xixeet xxes.). − [P. anal.] M. Tanton amena son prisonnier [un élève] dans sa classe et lui fit subir un interrogatoire devant tous les élèves (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1853, p. 47). 2. P. méton. Procès-verbal sur lequel sont consignées les questions posées par le magistrat et les réponses de celui qui est entendu. Lisez-moi son interrogatoire afin de savoir s'il nous reste quelque moyen de nous sauver tous (Balzac, Splend. et mis.,1846, p. 465). B. − P. ext. Ensemble de questions (souvent précises et insistantes) posées à quelqu'un. Essuyer un interrogatoire en règle. Elle me pressait de questions, elle me faisait subir un interrogatoire (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 365).Qu'avons-nous à apprendre de nos malades, je vous le demande? Presque rien. Tous nos résultats sont faussés. Neuf fois sur dix la simulation est évidente, sans que l'interrogatoire le plus minutieux réussisse à cerner le mensonge (Bernanos, Joie,1929, p. 644). Prononc. et Orth. : [ε
̃tε
ʀ
ɔgatwa:ʀ] ou [ε
̃te-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1265 adj. cont. jur. « qui consiste en interrogations » aucion interrogatoire (Jostice et plet, VI, I, éd. Rapetti, p. 152); 2. 1327, févr. subst. dr. « questions posées par le juge au cours d'un procès » (Ordonnance de Philippe VI ds Ordonnances des rois de Fr., éd. Laurière et Secousse, t. 2, p. 5); 1680 id. « procès-verbal contenant ces questions et leurs réponses » (Rich.). Empr. au b. lat.interrogatorius « interrogatif; d'interrogatoire, droit » (d'où 1); neutre subst. au Moy. Âge au sens de « interrogatoire » (1293, plur. ds Latham; xives., Bernard Gui ds Blaise Latin. Med. Aev., d'où 2). Fréq. abs. littér. : 502. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 722, b) 674; xxes. : a) 904, b) 612. Bbg. Quem. DDL t. 16, 20. |