| INTERNER, verbe trans. A. − Qqn interne qqn 1. POLITIQUE a) Assigner à résidence dans un lieu déterminé avec défense d'en sortir. Un gouvernement qui voudrait frapper d'imbécillité ses ennemis n'a qu'à les interner à Port-Vendres (Barb. d'Aurev., Memor. 4,1858, p. 112). b) En partic. Rassembler et placer sous bonne garde les hommes d'une armée vaincue qui a franchi, après sa défaite, la frontière d'un pays neutre. V. désarmer ex. 1. 2. P. ext. a) Enfermer (dans un lieu). Cette vieille salle laide (...). C'est honteux de nous interner dans un pareil taudis (Colette, Cl. à l'école,1900, p. 194). − Emploi pronom. réfl. S'enfermer volontairement (dans un lieu isolé du monde extérieur). Le premier reclus de France dont le nom nous soit parvenu est Saint Léonien qui, au cinquième siècle, s'interna dans une logette, d'abord à Autun, ensuite à Vienne (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 166). b) En partic. − Emprisonner à la suite d'une décision administrative et sans motif d'ordre pénal. Interner dans un cachot, un camp de concentration, une prison. Le Sultan venait de faire interner dans un château des Dardanelles celui qui s'était insolemment vanté d'abattre bientôt sa puissance (Tharaud, Jument err.,1933, p. 61).Des nationalistes chinois internés dans des camps de l'Indochine du nord (Figaro,19-20 janv. 1952, p. 9, col. 2). − Enfermer (une personne aliénée ou considérée comme telle) dans un établissement psychiatrique. Le père, un alcoolique notoire, s'était jeté sur le nouveau-né pour l'étouffer de ses mains; il avait fallu s'emparer de lui et l'interner (Martin du G., Thib., Consult., 1928, p. 1122).Ce qu'ils désiraient encore plus, (...) c'est que je la fasse interner la vieille une fois pour toutes (Céline, Voyage,1932, p. 317): Vous savez qu'elle [Madame de La Pérouse] est entrée dans une maison de retraite... Eh bien! Figurez-vous qu'elle se persuade que c'est un asile d'aliénés, et que je l'y ai fait interner pour me débarrasser d'elle, avec l'intention de la faire passer pour folle...
Gide, Faux-monn.,1925, p. 1133. − Rare. Mettre (un élève) en pension. Lui-même [Joan Gornac] avait interné ses deux fils au collège diocésain de Bazas : la nourriture y est meilleure qu'au lycée (Mauriac, Destins,1928, p. 12). B. − Qqn interne qqc. (vx).Placer à l'intérieur de. Un vaste salon carré où l'on a interné une multitude de toiles innombrables (Baudel., Curios. esthét.,1859, p. 237). − COMM. Interner des marchandises. Les importer. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth. : [ε
̃tε
ʀne], (il) interne [ε
̃tε
ʀn̥]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. A. Verbe 1. réfl. 1704 « s'unir intimement » (Trév. : Son cœur s'étoit interné avec celui de cet ami); 2. trans. 1845-46 « assigner à résidence forcée » (Besch.); 3. 1902 « enfermer dans un asile, un hôpital psychiatrique » (Nouv. Lar. ill.); 4. 1923 « mettre dans un établissement scolaire » (Mauriac, Génitrix, p. 379). B. Part. passé 1. a) 1858 adj. « qui a été confiné dans une résidence à l'intérieur, sans pouvoir en sortir » (Bulletin des lois, 27 févr., no582); b) 1867 subst. « personne ainsi internée » (Littré); 2. 1906 adj. et subst. « qui est maintenu dans un hôpital psychiatrique » (Pt Lar.). Dér. de interne*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 25. |