| INTERNE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − 1. Qui est au-dedans ou est tourné vers l'intérieur de quelque chose; qui se rapporte à la partie intérieure de quelque chose. Des aspérités hérissent les surfaces internes des vieux fours (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 229): 1. ... le reste de cet admirable organe [la coquille] élabore les délicatesses de la paroi interne, le suave lambris de la demeure de la bête. Pour les songes d'une vie souvent intérieure, rien de trop doux et de trop précieux...
Valéry, Variété V,1944, p. 31. 2. Spécialement a) ANAT. [En parlant d'un organe, d'une partie d'organe] − Qui est situé à l'intérieur du corps. L'usage des irritants factices modifie et dispose les organes internes ou les centres de sensibilité (Maine de Biran, Influence habit.,1803, p. 145).V. externe I A 1 ex. de Lamarck. ♦ Oreille interne. L'audition se fait par l'intermède d'un fluide lymphatique contenu dans l'oreille interne, lequel transmet les vibrations de l'air aux extrémités nerveuses (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 191). − Qui est tourné vers l'intérieur par rapport à la ligne médiane du plan sagittal du corps. La face interne d'un membre. Le releveur de l'aile du nez et de la lèvre supérieure, qui descend de l'angle interne de l'orbite vers la lèvre (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 659).Chez l'homme [les poils du pubis] (...) gagnent même la partie interne et supérieure des cuisses (Richer, Nouv. anat. artist., t. 2, 1920, p. 108): 2. ... tout à coup, par une plaie imperceptible qui se trouvait sur la face interne de la jambe, quelques centimètres au-dessus du genou, un jet de sang gicla.
Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 870. b) GÉOM. Angles alternes-internes. V. alterne.Angles internes. ,,Angles formés intérieurement par deux parallèles et une sécante`` (Ac. Compl. 1842; dict. xixeet xxes.). B. − 1. Qui appartient au dedans. Structure interne d'une cellule, de la terre. Il est donc légitime d'attribuer à ces roches massives une origine interne ou éruptive (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 4).Afin que les tensions internes du verre aient disparu lors de la graduation (Catal. instrum. lab. [Prolabo], 1932, p. 186). 2. En partic. ,,Qui se rapporte ou qui s'effectue à l'intérieur du corps ou qui est introduit dans l'organisme par voie orale ou parentérale`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Médication, température interne. La respiration interne ou des tissus, qui consiste dans les échanges gazeux faits entre le sang et les tissus anatomiques (Arger, Init. art chant,1924, p. 36).Aussitôt, vous sentez s'exercer l'action interne et externe de cet agréable onguent qui vous procure un réel soulagement (Publicité Vicks VapoRub) (Figaro,19-20 janv. 1952, p. 9, col. 1): 3. S'il s'agit d'une glande à sécrétion interne, elle y déverse [dans l'incubateur] les hormones qu'elle cède normalement au milieu sanguin. Et ces hormones, on aura désormais le moyen de les recueillir à l'état pur, afin d'en étudier les propriétés et la composition chimique.
J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p. 66. 3. ÉCON. POL., vieilli. Qui concerne un État, à l'exclusion de ses relations avec d'autres États. Synon. usuel intérieur.Politique interne. Le ministre des affaires internes vous assurera les moyens de payer vos dettes de jeu (France, Île ping.,1908, p. 241). C. − Au fig. 1. Qui ne s'extériorise pas; qui s'applique à la personne même, à l'exclusion des autres. Une de ces muettes fureurs internes que connaissent seuls ceux qui ont aimé sans espoir (Balzac, Béatrix,1839, p. 215).Pendant le premier quart d'heure, jubilation interne de Claudine (Colette, Cl. Paris,1901, p. 51).C'est une évidence [le libre-arbitre] que l'expérience interne atteste à chaque instant (Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p. 103). ♦ Observation interne. Synon. de introspection.Ses actes [de la justice] se passent dans la conscience; l'observation interne, par conséquent, peut seule les atteindre (Proudhon, Guerre et Paix,1861, p. 26): 4. ... Brentano avait raison d'opposer à l'observation interne la perception interne qui lui demeure incommensurable, et même de maintenir l'irréductibilité du je, qui correspond aux fonctions comme leur pôle subjectif, à une forme transcendantale et impersonnelle.
J. Vuillemin, Être et trav.,1949, p. 8. 2. Qui a rapport à une chose en elle-même, à l'exclusion de ses rapports avec les autres. C'est dans le développement interne du travail organisé, non dans la dissémination au dehors des forces et des capitaux, qu'il faut chercher la solution du problème (Proudhon, Révol. soc.,1852, p. 198).Il semblait tout à l'heure qu'un déterminisme extérieur (...) s'était dressé contre le déterminisme interne de l'action voulue (Blondel, Action,1893, p. 335): 5. Plus le cercle, autour de moi, se fait étroit, plus la pensée est resserrée en elle-même, et plus la cohésion interne [it. ds le texte] de mes idées se fait solide, plus ferme et inébranlable le sentiment de mon existence.
Béguin, Âme romant.,1939, p. 43. − En partic. [Le point de réf. est un écrit] Critique, preuve interne. Critique, preuve qui tire ses arguments de l'écrit lui-même. Bachelard, Spitzer, Valéry − chacun à des titres divers − ont fondé la critique interne et par là même la stylistique moderne (Guiraudds Langage,1968, p. 444). II. − Adj. ou subst., ENSEIGN. (Élève) interne. Élève qui est en pension dans un établissement d'enseignement. Synon. pensionnaire; anton. externe.Mettre un enfant interne au lycée; les internes d'un collège. Une courte récréation d'internes et d'externes mêlés (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 60): 6. ... si j'avais été mis au collège comme interne, j'aurais grandi, pareil à ceux de mes camarades que j'ai pu étudier depuis et pour lesquels la fièvre religieuse n'a pas existé.
Bourget, Disciple,1889, p. 83. III. − Subst., MÉD. Interne (des hôpitaux). Étudiant choisi sur concours, qui assiste en permanence le médecin responsable d'un service. C'était la chambre d'un élève en médecine, d'un interne d'hôpital d'enfants (Goncourt, Journal,1866, p. 256).Les internes entourent le lit. Le chef de service leur explique les symptômes qu'il a observés sur le malade (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 35).J'ai été interne des hôpitaux de Paris, et troisième du concours (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1235). Prononc. et Orth. : [ε
̃tε
ʀn̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Subst. masc. 1561 [éd. princeps] « ce qui est au-dedans » (Petit traicté d'Alchymie attribué à Nicolas Flamel, 292 ds Rose, éd. D. M. Méon, t. 4, p. 216); 2. a) adj. fin xvies. maladie interne « qui a pour siège un organe intérieur du corps » (A. Paré, Préface ds
Œuvres complètes, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 1, p. 18b); b) 1597 « qui est situé en dedans, est tourné vers l'intérieur » (Ch. Estienne et J. Liébault, L'Agriculture et maison rustique, p. 675); c) 1771 angles internes (Trév.); 3. 1580 fig. « qui appartient au dedans » (Montaigne, Essais, I, 42, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 258); 4. a) subst. masc. 1818 « étudiant en médecine logé et nourri dans l'hôpital où il est en fonction » (Dict. des sc. méd.); b) 1829 « élève logé et nourri dans l'établissement scolaire qu'il fréquente » (Boiste); 1835 adj. élève interne (Ac.). Empr. au lat.internus « intérieur, interne ». Fréq. abs. littér. : 2 411. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 597, b) 1 286; xxes. : a) 1 865, b) 2 812. Bbg. Archit. 1972, p. 25. |