| INTERMITTENCE, subst. fém. A. − Caractère de ce qui est intermittent. Anton. discontinuité, irrégularité.L'intermittence de la pluie. L'horizon voilé et dévoilé par l'intermittence de la neige (Malraux, Espoir,1937, p. 840).Un usage naïf du principe de continuité qui me fait chercher dans l'intermittence de mes actes la persistance de l'aptitude (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 279). − En partic. Intermittence d'une fontaine, d'une source. (Dict. xixeet xxes.). − Loc. verb., rare. Faire intermittence avec.Faire alternance avec : ... Hisperik, comme un animal pris au piège, se montra tout à fait radouci; il eut même un de ces accès de bonhomie qui, dans le caractère germanique, semblaient faire intermittence avec la férocité la plus brutale et l'égoïsme le plus rusé.
Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 31. B. − 1. Littér., vieilli. Arrêt bref, momentané; intervalle. Synon. discontinuité, interruption.Des battements de cœur, qui la frappaient sous la poitrine comme à grands coups de bélier, s'accéléraient l'un après l'autre, à intermittences inégales (Flaub., MmeBovary, t. 2, 1857, p. 46).La divinité a ses intermittences; on n'est pas fils de Dieu toute sa vie et d'une façon continue (Renan, Vie Jésus,1863, p. 332).Dans le cas d'un chauffage régulier et sans intermittence (...), le régime ne s'établit qu'une seule fois à l'entrée de l'hiver (Ser, Phys. industr.,1890, p. 722). − Loc. adv. ♦ Par intermittence(s). Par accès, à intervalles irréguliers, par moments. Quelquefois j'entendais un chant d'oiseau coupant par intermittence le bruit de la mer (Flaub., Corresp.,1853, p. 309).Les matières alimentaires doivent y circuler mal et par intermittences (Brumpt, Parasitol.,1910, p. 413, note 1).À cette phase de son mal, il ne pouvait plus, malgré son énergie, s'occuper des affaires que par intermittence (Grousset, Croisades,1939, p. 221). ♦ Sans intermittence(s). Sans arrêt. Jamais (...) il n'eut de complaisance sentimentale, parce que toujours le sentiment chez lui est doublé, a sa doublure dans le cœur sans intermittences (Du Bos, Journal,1924, p. 227). 2. MÉDECINE a) [À propos de certaines affections et en partic. de la fièvre] Arrêt, intervalle entre deux accès. Synon. intermission (méd.), relâche, rémission, répit.L'intermittence dans la fièvre (...) est un phénomène physiologique que nous ne connaissons pas encore (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 270). b) [À propos du cœur, du pouls] On entend communément par intermittence une succession subite et momentanée du pouls, pendant laquelle l'artère affaissée ne se sent plus sous le doigt. La durée des intermittences est très-variable (Laennec, Auscult., t. 2, 1819, p. 233). c) [À propos d'une partie du corps] Trouble du fonctionnement se produisant à intervalle régulier ou irrégulier. Une telle alternance permet au sentiment de n'éprouver aucune interruption malgré l'intermittence cérébrale (Comte, Catéch. posit.,1852, p. 159). C. − Au fig. Caractère de ce qui procède par accès; variation d'intensité d'un sentiment. Ces apparentes intermittences de la foi, de l'espérance et de l'amour (Mauriac, Journal 1,1934, p. 69).Thème de la duplicité féminine et des intermittences du cœur (...). Tous ses personnages féminins [de Arnim] sont exposés à commettre des infidélités, dont ils sont à peine responsables (Béguin, Âme romant.,1939, p. 248). ♦ [Chez Proust] À n'importe quel moment que nous la considérions, notre âme totale n'a qu'une valeur presque fictive, malgré le nombreux bilan de ses richesses (...). Car aux troubles de la mémoire sont liées les intermittences du cœur (Proust, Sodome,1922, p. 756). Prononc. et Orth. : [ε
̃tε
ʀmitɑ
̃:s]. [-mittɑ
̃:s] ds Land. 1834, Nod. 1844, Littré, DG. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. a) 1660 intermitance « intervalle » (Oudin Esp.-Fr.); b) méd. 1721 intermittence du pouls (Trév., s.v. intermittent); 1787 intermittence de la fièvre (Fér. Crit.); 2. 1812 intermittence d'une fontaine (Mozin-Biber). Dér. de intermittent*; suff. -ence (v. -ance). Fréq. abs. littér. : 158. |