| INTERMINABLE, adj. A. − Qui n'a pas de fin, de limite; qu'on ne peut pas terminer. Synon. illimité, infini.La lutte interminable entre le despotisme et l'anarchie (Lamennais, Religion,1826, p. 208).Catholique étonnamment fidèle, il s'arrangeait pour retenir le dogme tridentin [du concile de Trente] de l'enfer interminable, en écartant l'irrévocabilité de la damnation (Bloy, Désesp.,1886, p. 75).Il était de ceux qui croient à la vie interminable (Montesquiou, Mém., t. 1, 1921, p. 2077). B. − P. exagér. Qui semble ne pas avoir de fin. 1. [Dans l'espace] Synon. démesuré, gigantesque, immense.Plaine, procession interminable. [Le comte] croisa ses interminables jambes qui semblaient toujours un peu l'embarrasser (Coppée, Longues et brèves,1893, p. 226).Elle l'avait arrêté [un serpent] par la queue et remontant une froide et interminable échine, (...) elle en avait fait deux tronçons inégaux (Pergaud, De Goupil,1910, p. 78): 1. ... les côtés de la route, où ce n'était, des deux bords, qu'un interminable tableau de l'hiver : des prés, toujours des prés, jaunis, marécageux, enclavés des mêmes arbres de coupe, des mêmes haies monotones...
Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 201. 2. [Dans le temps] Anton. bref, court.Attente, tourment, toux interminable. Il me semblait que ce froid m'envahissait de plus en plus, au fur et à mesure de cet interminable voyage (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 362).Après une interminable réclamation du public, Rostand est venu saluer deux fois (Renard, Journal,1900, p. 574).Interminable hiver. Lorsqu'il semblait fini, il recommençait toujours (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1408): 2. ... le souvenir de cette interminable soirée que nous passâmes, l'un à côté de l'autre; où, tout le temps, Suarès eut la constance de garder sa main contre son visage pour le protéger de mes regards.
Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1185. 3. [En parlant d'un écrit] Je finis cette interminable lettre en vous priant de croire à mon bien sincère attachement (Tocqueville, Corresp. [avec Gobineau], 1843, p. 62).Je vais encore passer tout cet hiver à Croisset, pour finir plus vite mon interminable bouquin (Flaub., Corresp.,1879, p. 308). 4. Littér. [En parlant d'une caractéristique physique ou morale] Qui n'a pas de limite : 3. Je la disais sans âme, invinciblement lointaine et dédaigneuse, au-dessus de toute vie, sans passage, sans chemin, d'une interminable stupidité.
Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 481. C. − Fam. [En parlant d'une pers.] Très long ou très lent dans ses actes, ses paroles. Discoureur interminable. Elle est si longue à faire aucun acte, qu'elle est interminable avant d'accepter qu'on essaye de l'endormir (Janet, Obsess. et psychasth.,1903, p. 331). REM. Interminé, -ée, adj.a) Qui n'est pas achevé, terminé. Synon. inachevé.Édifice, phrase, ouvrage interminé(e). Une longue une seule une interminable lettre d'amour interminée (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 56).b) Qui semble n'avoir pas de fin, de terme. Synon. infini.Étendue interminée. Le Mammifère n'est déjà plus l'élément étroitement esclave du phylum sur lequel il est apparu. Autour de lui une « aura » de liberté, une lueur de personnalité, commencent à flotter. Et de ce côté-là, par suite, des possibilités se dessinent, − interminées et interminables en avant (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 170). Prononc. et Orth. : [ε
̃tε
ʀminabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. [Fin xives. controversies interminables (Oresme, ap. Meunier, Thèse, 185)]; 1457 [date du ms.] (Crainte amour. et beatit. cel., Ars. 2123, fo13 vods Gdf. Compl.). Empr. au b. lat.interminabilis « interminable ». Fréq. abs. littér. : 1 203. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 563, b) 1 698; xxes. : a) 2 544, b) 2 195. |