| INTERLOQUER, verbe trans. A. − Vx, DR. Interloquer une affaire, un procès. En interrompre le déroulement par un jugement interlocutoire. − P. ext. Interloquer qqn.Soumettre une personne, un plaignant à un jugement interlocutoire. (Dict. xixeet xxes.). B. − Interloquer qqn.Décontenancer, embarrasser, surprendre quelqu'un. Eh bien! dites-moi tout de suite : est-ce que je suis jolie? Cette brusque question m'interloqua (Gide, Symph. pastor.,1919, p. 896).Cela porte malencontre d'user d'un langage relevé pour interloquer les gens simples (Pourrat, Gaspard,1922, p. 176).Rien ne pouvait interloquer le harangueur (Arnoux, Roi,1956, p. 339).V. baba1ex. 2 : 1. ... si elle se remettait à rire et dire des extravagances, brusquement un regard de son mari, ou de Christophe, l'interloquait; le souvenir de la lettre lui traversait l'esprit; elle se troublait...
Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 533. ♦ Absol. On ne m'a jamais trompée, les grands mots ne m'en imposent pas, je vais droit au fait − j'interloque, comme on dit (Bernanos, Joie,1929, p. 610). ♦ À la forme passive. Quand je l'interrogeais amicalement sur ses études, il ne se laissait jamais interloquer (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 419).Le duc était interloqué de s'entendre presque nommer père (Montherl., Bestiaires,1926, p. 497). − Emploi pronom. passif. Perdre contenance, être surpris. Enfin, l'ecclésiastique trop repu (...) prend une résolution digne d'Épaminondas : il se lève brusquement! (...) Et, rompant en visière au percepteur, qui s'en interloque, le curé s'achemine vers la porte (Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1830, p. 197): 2. Le soir auprès de sa lampe, ce jeune homme parcourt l'histoire des Rougon-Maquart que vos hommages officiels lui recommandent; il s'interloque, il recherche la biographie de Zola et la médite...
Barrès, Cahiers, t. 6, 1908, p. 283. REM. Interlocuter, verbe trans.,synon. plais. (supra A p. ext.).Interlocuter qqn. Je me permettrai pourtant de faire remarquer au juge qui m'interlocute, qu'avec un motif pareil, je n'y couperai pas de mes trente jours (Courteline, Gend. sans pitié,1899, 3, p. 177). Prononc. et Orth. : [ε
̃tε
ʀlɔke]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) xves. [ms.] verbe intrans. dr. « interrompre par un jugement interlocutoire » (Procès de Jacques Cœur, Ars. 2469, fo92 rods Gdf. Compl.); b) 1680 trans. « donner un jugement interlocutoire » (Rich.); c) 1690 interloquer un procès (Fur.); 2. 1787 interloqué part. passé « confus, embarrassé » (Fér. Crit., s.v. interlocution); 1798 interloquer « embarrasser » (Ac.). Empr. au lat.interloqui « couper la parole à quelqu'un », qui a pris dans la lang. jur. le sens de « rendre une sentence interlocutoire » en b. lat. (cf. Nierm.). Fréq. abs. littér. : 18. |