| INTERFÉRENCE, subst. fém. I. A. − PHYS. Phénomène résultant de la superposition de deux ou de plusieurs mouvements vibratoires de même nature, de fréquence identique ou voisine. Interférences lumineuses, sonores, acoustiques; interférence de rayons lumineux, d'ondes électroniques; champ d'interférence. L'un des plus brillants phénomènes d'interférence de l'optique, est celui des anneaux colorés de Newton; on sait que c'est à lui que les bulles de savon doivent leurs riches couleurs, et qu'il est produit par l'interférence des rayons réfléchis sur les deux surfaces d'une lame mince (H. Poincaré, Théorie Maxwell,1899, p. 69).Les phénomènes d'interférence les plus connus sont les phénomènes de battement, les ondes stationnaires, les franges d'interférence (anneaux de Newton) (Quillet1965). ♦ P. métaph. Les nœuds et les interférences de ces abstractions [ordre, justice, etc.] se manifestent plus clairement si l'on décompose le semblant d'idée « liberté » en ses différentes espèces (Valéry, Regards sur monde act.,1931, p. 64). − Franges d'interférence(s). Ensembles des points d'amplitude maximale et des points d'amplitude minimale obtenus par l'interférence de deux ou de plusieurs mouvements vibratoires (v. frange B 3 b). Chaque fois que nous observons des franges d'interférences, nous sommes conduits à attribuer un caractère vibratoire au phénomène physique qui les produit (Lamirand, Joyal, Sc. phys., Classe de philos., Paris, Masson, 1954, p. 116).Considérons (...) une plaque photographique sur laquelle l'arrivée de photons ou d'électrons a provoqué l'apparition de franges d'interférences ou d'un diagramme de diffraction (L. de Broglie, Bases interprét. mécan. ondul.,1963, p. 6). B. − P. anal. 1. MÉD. ,,Inhibition du développement d'un virus par un autre virus, ou d'une maladie virale par une autre infection virale`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Le phénomène d'interférence peut être d'auto-interférence quand il s'agit des deux mêmes virus; d'homo-interférence lorsque les virus sont homologues ou d'hétéro-interférence lorsque les virus sont hétérologues (Villemin1975). 2. MÉTÉOR. Superposition de deux courants de perturbation entraînant des aggravations ou des atténuations de la perturbation. Les interférences observables en Europe occidentale se produisent le plus souvent entre le front polaire et le pseudo-front méditerranéen (Delc. t. 4 1928). C. − Au fig. Rencontre de deux ou de plusieurs phénomènes qui agissent conjointement, souvent pour se modifier, se renforcer ou se contrarier. Lorsque deux mécanismes interfèrent, se heurtent, il en résulte une forme « accidentelle » et la notion d'accident a, par là, une vraie valeur, indépendante de l'impression humaine. Mais il y a dans le monde, des « heurts » d'un autre ordre, des interférences plus subtiles, des dissonances plutôt, des antipathies entre des êtres (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 81).Les bizarres interférences entre la lumière et le silence qui hâtent, maintenant, en moi l'oubli du temps qui s'écoule (J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 236): 1. ... je m'habituai à considérer que ma vie intellectuelle − incarnée par mon père − et ma vie spirituelle − dirigée par ma mère − étaient deux domaines radicalement hétérogènes, entre lesquels ne pouvait se produire aucune interférence. La sainteté était d'un autre ordre que l'intelligence...
Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 44. − LING. Phénomène résultant du contact de deux ou plusieurs langues et se manifestant par l'emploi, dans une langue, d'éléments propres à une autre langue. L'emprunt et le calque sont souvent dus, à l'origine, à des interférences. Mais l'interférence reste individuelle et involontaire (...). Un Allemand parlant français pourra donner au mot français la mort le genre masculin du mot allemand correspondant Tod (interférence morphologique) (Ling.1972). II. − Intervention (d'une personne ou d'une chose); immixtion, ingérence. Je lui ai fait observer qu'il était assez simple que l'empereur ayant une maison, qu'il n'avait pas demandée, il n'y voulût pas de son gré aucune interférence étrangère (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 506).J'étais la seule maison de paysan qui vous accueillît au fond comme un autre paysan. Sans aucune interférence de respect ni d'hospitalité, sans l'ombre d'une interférence (Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 695): 2. Savez-vous que j'ai, moi, des devoirs envers la France et, qu'en vertu de ces devoirs, je ne puis admettre l'interférence d'aucune puissance étrangère dans l'exercice des pouvoirs français?
De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 116. Prononc. et Orth. : [ε
̃tε
ʀfeʀ
ɑ
̃:s]. Att. ds Ac. 1878 et 1935. Étymol. et Hist. 1. 1819 phys. (Arago et Fresnel, Mémoire sur l'action que les rayons de lumière polarisée exercent les uns sur les autres in Ann. de chim. et phys., t. X, pp. 288 et sqq. ds Quem. DDL t. 20); 2. 1823 « intervention, immixtion, ingérence » (Las Cases, loc. cit. ). Empr. à l'angl.interference attesté dep. 1783 au sens de « intervention, immixtion » et dep. 1802 comme terme de sc. phys. (Th. Young ds NED), ce terme étant dér. du verbe to interfere (v. interférer), interprété comme un composé à partir du lat. ferre, d'où la formation de interférence sur le modèle de mots du type de différence*. Fréq. abs. littér. : 112. DÉR. Interférentiel, -elle, adj.Qui est relatif aux interférences. Microscope, réfractomètre interférentiel; photographie interférentielle. Les mesures interférentielles avaient montré que beaucoup de raies spectrales avaient une structure « hyperfine » (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 251).− [ε
̃tε
ʀfeʀ
ɑ
̃sjεl], fém. [-εl]. Var. -ciel (v. Aymé, Brûlebois, 1926, p. 173) serait la seule graphie souhaitable, le mot de base étant interférence (cf. Thim. Princ. 1967, p. 29). − 1reattest. 1872 (Littré Add.); de interférence sur le modèle de mots comme différentiel*. BBG. − Quem. DDL t. 20. |