| INTENSE, adj. Qui se manifeste ou se fait sentir avec une importance particulière mais non susceptible de mesure directe; qui possède ces caractéristiques. A. − [En parlant d'un phénomène naturel ou dû à l'homme, touchant aux sens] Les tons, loin d'être éclatants ou intenses, sont très doux et très modérés (Baudel., Salon,1845, p. 10).L'odeur de résine devint plus intense (Malraux, Espoir,1937, p. 489): 1. Le fleuve s'élance droit entre deux rives plates plantées de hêtres magnifiques noyés d'une intense clarté et qui entourent les hautes tourelles où s'évertue l'aile des moulins...
Du Camp, Hollande,1859, p. 12. SYNT. Chaleur, froid, lumière, son intense; bleu, noir, vert intense; ruissellement intense; brouillards, couleurs intenses. − [P. méton. de l'attribut] Qui présente certains caractères intenses dus à un tel phénomène. Rome, sous le ciel intense, s'étendait à l'infini, tout empourprée et dorée par le soleil oblique (Zola, Rome,1896, p. 92). − PHONÉT. Syllabe, voyelle intense. Syllabe, voyelle renforcée par l'accent d'intensité. Les mesures finissent toutes avec une syllabe accentuée ou intense, qui fournit le temps marqué (Grammont, Vers fr.,1937, p. 87). − Emploi subst. masc. Ce qui est intense; caractère intense de quelque chose. Elle ne disait, en montrant une toile, ni « l'intense de ça », ni « le drame de ça » (L. Daudet, Médée,1935, p. 31). B. − [En parlant d'un inanimé relatif à une pers. : attribut, état, activité, période de la vie] Émotion, travail, vie intense. Ses douleurs l'avaient reprise plus intenses, plus aiguës que jamais (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 295).C'est sans doute une des périodes les plus intenses, les plus profondes et les plus belles de ma vie (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 268).V. aussi intensité ex. 3 : 2. Je me souviens d'un vieillard grand et mince en jaquette sombre (...) le visage coloré comme sous l'effort d'une intense réflexion, les yeux pâles et très vifs, accrochant à tout moment un lorgnon à son nez et griffonnant des chiffres.
Chardonne, Bonh. Barbezieux,1938, p. 20. SYNT. Activité, attention, curiosité, désir, effort, fièvre, joie, regard, sensation, sentiment intense. − [P. méton. de l'attribut; en parlant d'une pers., et plus partic. d'un écrivain, d'un artiste] Qui a des sentiments vifs, qui aime ce qui est intense, qui l'exprime dans ses œuvres. Allé passer deux heures chez Flavie, passionnée, ardente, intense (Barb. d'Aurev., Memor. A... B...,1864, p. 434).Saluez Rembrandt (...) le plus intense de tous ces maîtres qui, du fond de leur brume, rêvaient le soleil (Gautier, Guide Louvre,1872, p. 122). C. − [En parlant de la qualité d'une chose, d'une activité générale] Circulation, trafic intense; d'une façon intense. Un plateau où des petits bois encadrent des labours, un lieu agréable et bucolique (...) d'une solitude intense (Barrès, Colline insp.,1913, p. 281): 3. Me moquer de toi, et pourquoi? Non, rassure-toi, rassure-toi et, si tu doutes de mon amour, ne doute pas du moins de mon respect. Le mot peut te paraître ridicule, mais il est d'une vérité intense et profonde.
Flaub., Corresp.,1847, p. 25. SYNT. Développement intense; expression intense de; particulièrement intense. Prononc. et Orth. : [ε
̃tɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. Début xive. ([J. Chapuis] Trésor, 1284 ds Rose, éd. Méon, t. 3, p. 381 : Ceste bonté fu si intense); 1377 (Oresme, Ciel et Monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, 29c, p. 142 : une isneleté [...] intense ou forte ou grande), attest. isolées; à nouv. en 1641 (E. de Clave, Nouv. lumière philos., p. 374 ds Fonds Barbier : un degré de froideur plus intense). Empr. au b. lat.intensus « intense, violent », part. passé adj. de intendere (v. entendre). Fréq. abs. littér. : 949. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 199, b) 1 111; xxes. : a) 1 950, b) 2 097. Bbg. Gohin 1903, p. 316. |