| INTELLIGENCE, subst. fém. I. − [Chez les êtres animés] Fonction mentale d'organisation du réel en pensées chez l'être humain, en actes chez l'être humain et l'animal. Il n'y a cependant aucune incompatibilité entre l'action et la pensée dans une intelligence complète (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 137).L'intelligence n'est pas seulement la faculté d'expliquer le monde, mais la faculté de s'expliquer avec lui (Lacroix, Marxisme, existent., personn.,1949, p. 102): 1. L'intelligence et l'instinct étant donc communs, quoique à divers degrés, aux animaux et à l'homme, qu'est-ce qui distingue celui-ci? Selon F. Cuvier, c'est la réflexion ou la faculté de considérer intellectuellement, par un retour sur nous-mêmes, nos propres modifications.
Proudhon, Propriété,1840, p. 322. − P. anal. [Dans certains systèmes philos., dans certaines conceptions relig. ou certaines visions poét. animistes] Les anciens donnèrent au monde une grande ame, et une immense intelligence, dont toutes les ames et les intelligences particulieres étaient émanées (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 488).Peut-on admettre qu'une intelligence infinie ait créé l'homme, et supposer que telle qu'une marâtre cruelle, elle ait abandonné son existence sociale au hasard de ses inventions (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 248).Ce n'est pas seulement dans la graine ou la fleur, mais dans la plante entière, tiges, feuilles, racines, que l'on découvre, si l'on veut bien s'incliner un instant sur leur humble travail, maintes traces d'une intelligence avisée et vivante (Maeterl., Intellig. fleurs,1907, p. 12). − [P. oppos. à l'intelligence infinie qui est attribuée à Dieu] Intelligence finie. Comment pouvons-nous, avec nos sens bornés et notre intelligence finie, arriver à la connaissance absolue du vrai et du bien? (Flaub., Corresp.,1857, p. 181). A. − [Chez l'être hum. p. oppos. à l'animal] Fonction mentale d'organisation du réel en pensées. − Au sing. [L'art grec] s'est toujours attaché à la forme, parce qu'elle est une prise de l'intelligence et marque son pouvoir d'organisation (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 125). ♦ [Avec une majuscule] [Degas dit] « Le jour où l'on a commencé d'écrire Intelligence avec un I majuscule, on a été foutu. Il n'y a pas l'Intelligence; on a l'intelligence de ceci, de cela (...) » (Gide, Journal,1909, p. 275). ♦ Mythol. Déesse de l'intelligence. Athéna. Athéné, la déesse de l'intelligence. C'est la déesse armée d'une lance, c'est l'intelligence perceuse de monstres qui perce les fausses raisons de souffrir, et rit : « Souffrir pour ça! » (Montherl., Olymp.,1924, p. 321). − [L'intelligence du point de vue de sa différenciation au cours de l'évolution de la vie sur la terre] :
2. Pour l'homme adulte, il faut considérer l'évolution de son intelligence au cours de la longue histoire de l'Humanité (...). Sur le plan de l'action, se développe d'abord l'intelligence artisanale de l'Homo faber (...) après un grand détour par la « mentalité primitive », l'intelligence humaine se développe sur le plan de la pensée; elle devient l'intelligence logique et rationnelle de l'Homo sapiens, en se créant un outillage mental extraordinairement efficace (...) l'action tend alors à devenir de moins en moins empirique et de plus en plus rationnelle...
G. Viaud, L'Intelligence, Paris, P.U.F., 1969, pp. 110-111. [Chez Bergson; p. oppos. à torpeur pour le règne animal, et à intuition à l'intérieur des facultés hum.] L'une des « directions divergentes et complémentaires de l'élan vital originel », c'est-à-dire de la « conscience lancée à travers la matière » : 3. Du côté de l'intuition, la conscience s'est trouvée à tel point comprimée par son enveloppe qu'elle a dû rétrécir l'intuition en instinct (...). Au contraire, la conscience se déterminant en intelligence, c'est-à-dire se concentrant d'abord sur la matière (...) s'adapte aux objets du dehors, (...) arrive à circuler au milieu d'eux, à tourner les barrières qu'ils lui opposent, à élargir indéfiniment son domaine.
Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 183. − [En emploi spécifique ou référentiel] Au sing. ou au plur. Le vœu de la providence, (...) la loi divine, sont transgressés chaque fois qu'un homme et une femme unissent leurs lèvres sans unir leur cœurs et leurs intelligences (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 293).Amour héroïque, expression (...) autour de laquelle erraient sans la pénétrer son intelligence et son sentiment (Arnoux, Seigneur,1955, p. 44). − LITT. De l'intelligence (Taine, 1870).L'Avenir de l'intelligence (Maurras, 1905).Réflexions sur l'intelligence (Maritain, 1925).Propos sur l'intelligence, Le Bilan de l'intelligence ds Variété III (Valéry, 1936). − LOG., INFORM. Intelligence artificielle. ,,Recherche de moyens susceptibles de doter les systèmes informatiques de capacités intellectuelles comparables à celles des êtres humains`` (La Recherche, janv. 1979, no96, vol. 10, p. 61). Beaucoup de jeunes chercheurs travaillent actuellement dans le domaine de l'intelligence artificielle et de la reconnaissance des formes, et la discipline a considérablement évolué depuis l'époque où H.A. Simon faisait ses premiers travaux de ce type. (...) l'ancienne réputation « science-fiction » de ces activités tend à s'estomper, (...) il y a de plus en plus de rapprochement entre l'intelligence artificielle et l'informatique « ordinaire » (La Recherche, janv. 1979, no96, vol. 10,p. 62). 1. [Cette fonction au plan qualitatif; dans un sens très large (partic. dans la psychol. des facultés au xixes.)] PHILOS., PSYCHOL. Ensemble des fonctions psychiques et psycho-physiologiques concourant à la connaissance, à la compréhension de la nature des choses et de la signification des faits; faculté de connaître et de comprendre. Rem. Si la nomenclature de ces fonctions, de même que le rôle exact qui leur est dévolu, varient selon les auteurs, on peut considérer qu'elles sont de trois ordres : ordre de l'acquisition (sensation, perception, conscience), ordre de la conservation (mémoire), ordre de l'intellection proprement dite (association, intuition de formes ou de rapports, réflexion, jugement, raison, imagination...). [La naïveté] est le plus dangereux adversaire de l'intelligence, de l'intelligence qui comprend tout, qui pèse tout et qui choisit (Duhamel, Cécile, 1938, p. 52). [Les psychologues] parlent tous de l'intelligence, mais s'ils s'accordent à la distinguer (...) de ses conditions extérieures (...), ils ne s'entendent plus du tout sur ses limites et sur son point d'attache (...). S'agit-il de la mémoire? La moitié [des tests] l'englobent dans l'intelligence, la moitié l'en excluent. Ainsi de la sensation, de l'imagination. De chacune, tour à tour, on a démontré qu'elle constitue le noyau de l'intelligence, et qu'elle n'y a aucune part (Mounier, Traité caract., 1946, p. 601). L'intelligence, avec son armure la Raison, se porte vers le monde avec une méthode, une série d'habitudes logiques, un bon nombre d'exigences (R. Mucchielli, Psychol., Paris, Bordas, 1957, p. 203). a) [En synon. avec : esprit (au sens de « substance pensante, sujet de la connaissance, ensemble des facultés intellectuelles »), pensée (au sens de « activité psychique ayant la connaissance pour objet »), raison (au sens de « principe pensant, faculté de percevoir les rapports ») et entendement (au sens de « faculté d'entendre c'est-à-dire de comprendre »)] Il faut admettre deux connaissances préalables : celle du corps qui a senti, celle de l'intelligence qui a perçu; admettre le sens et la raison, témoignages humains et par conséquent suspects (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 95).Il importe peu que ces autres plans [de la création théâtrale] soient réellement conquis par l'esprit, c'est-à-dire par l'intelligence (Artaud, Théâtre et son double,1938, p. 109): 4. [Cette philosophie] institue, entre la théorie et la pratique, un antagonisme continu (...) graduellement modifié d'après la réaction croissante de l'activité sur l'intelligence (...). Tandis que la spéculation attribuait tout à des volontés arbitraires, l'action supposait toujours des lois invariables, dont la connaissance (...) a fini par renouveler l'entendement humain.
Comte, Catéch. posit.,1852, p. 334. b) [En oppos.] − [P. oppos. aux deux autres grandes catégories traditionnelles des phénomènes psychiques : celle des phénomènes affectifs et celle des phénomènes actifs (cette dernière couvrant l'exercice des facultés de vouloir et d'agir)] :
5. Il faut, avec Maurice Blondel, se placer en deçà de l'intelligence, de la volonté et de la sensibilité à la source commune de ces fonctions, dans ce dynamisme de l'être spirituel où elles puisent leur force d'agir...
Lacroix, Marxisme, existent., personn.,1949, p. 103. − [P. oppos. à instinct] :
6. Dirai-je l'assiduité de toute une littérature (...) (voir Barrès et Bourget) à clamer le primat de l'instinct, de l'inconscient, de l'intuition, de la volonté (au sens allemand, c'est-à-dire par opposition à l'intelligence) (...) parce que c'est l'instinct, et non l'intelligence, qui sait les mouvements qu'il nous faut faire (...) pour assurer notre avantage?
Benda, Trahis. clercs,1927, p. 185. − [P. oppos. à intuition] :
7. Intuition et intelligence représentent deux directions opposées du travail conscient : l'intuition marche dans le sens même de la vie, l'intelligence va en sens inverse, et se trouve ainsi tout naturellement réglée sur le mouvement de la matière.
Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 267. Rem. Intelligence, instinct et intuition ne sont pas toujours opposés. Il se sentait devant quelque chose de fort et de sérieux. L'instinct de sa haute intelligence lui en faisait deviner une non moins haute sous le bonnet fourré du compère Tourangeau (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 201). Je ne puis jamais me passer de l'intuition, c'est-à-dire de ce surplus d'intelligence qui toujours la suppose présente à son maximum (Du Bos, Journal, 1927, p. 161). − [P. oppos. à raison au sens de « faculté de raisonner, de démontrer en organisant discursivement expériences ou preuves », ou au sens normatif de « faculté d'atteindre et de connaître la vérité, d'affirmer l'absolu »] Au-dessus de ce qu'on appelle généralement intelligence, les philosophes cherchent à saisir une raison supérieure une et infinie comme le sentiment, à la fois objet et instrument de leurs méditations (Proust, Chron.,1922, p. 176).Dans l'usage ordinaire et même philosophique, l'intelligence (...) est intuitive et embrasse d'un seul coup des ensembles complexes; la raison, au contraire, est discursive, procédant suivant une marche méthodique et même parfois mécanique (Foulq.-St-Jean1962, s.v. raison). − [P. oppos. à esprit au sens de « principe de la vie psychique; ensemble des facultés psychologiques tant affectives que morales ou intellectuelles »] Ah! j'ai bien compris de l'esprit, seigneur, qu'il domine l'intelligence. Car l'intelligence examine les matériaux mais l'esprit seul voit le navire (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 872): 8. ... l'intelligence est, par sa nature, égoïste, tandis que l'esprit suppose l'intelligence de celui à qui il s'adresse. D'où ceci : l'intelligence explique (Taine, Bourget, etc.); l'esprit raconte seulement (xviiies.).
Gide, Journal,1892, p. 29. − [P. oppos. à âme au sens de « principe et siège de l'activité psychique consciente ou inconsciente », ou au sens de « principe et siège de la conscience et de la vie morale », ou encore au sens de « partie la plus intime de l'être »] Il refusait son consentement intérieur, ne livrant que cette part superficielle de l'âme qui s'appelle l'intelligence, l'attention (Bernanos, Imposture,1927, p. 365).L'inconscient, n'est-ce pas un nouveau mot pour désigner, au fond, ce que jadis signifiait l'âme, en regard de l'intelligence? (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 349). c) [En association syntagm.] − [L'intelligence du point de vue de sa nature et de son fonctionnement] Constitution, structure de l'intelligence; éléments, cadres, limites, ressources, pouvoirs de l'intelligence; vie, mouvement, activité, démarche, mécanisme de l'intelligence; lois, opérations, phénomènes, actes de l'intelligence. Les philosophes grecs bâtirent mille systèmes (...) sur la nature de leur intelligence, avant d'avoir seulement examiné les opérations de cette intelligence (Stendhal, Racine et Shakspeare, Paris, Champion, t. 2, 1842, p. 77).La question même de l'intelligence humaine se pose; la question de l'intelligence, de ses bornes, de sa préservation, de son avenir probable, se pose à elle-même (Valéry, Variété III,1936, p. 261). − [L'intelligence considérée comme étant un effet des mécanismes cérébraux] :
9. ... un même objet extérieur (...) impressionnant les divers centres active ces diverses zones [zones cérébrales motrice, auditive, visuelle et de sensibilité générale] et une synthèse se fait grâce aux interrelations entre zones qui sera à l'origine de la notion complexe d'objet; cette connaissance sensible pourra entraîner une réponse motrice corticale appropriée. La pensée est précisément assurée par ces interrelations et cette partie du cerveau peut être qualifiée de cerveau de l'intelligence [it. ds le texte]...
P. Chauchard, Le Cerveau humain, Paris, P.U.F., 1968, p. 31. ♦ [L'intelligence considérée comme étant localisée dans le cerveau ou la tête, comme ayant le cerveau pour organe] On doit considérer la pensée comme une action qui s'exécute, dans l'organe de l'intelligence, par des mouvemens du fluide nerveux (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 402).[Dans certaines loc. fig. usuelles, issues de ces conceptions, l'intelligence est assimilée à un organe] Introduire une idée dans l'intelligence de qqn; idée qui se forme dans l'intelligence; jugement qui sort d'une intelligence. Il faut une intelligence non petite pour contenir tant de chansons (France, Clio,1900, p. 27). ♦ [L'intelligence du point de vue de son rapport à d'autres aspects organiques] L'intelligence demande pour se manifester dans toute sa puissance, à la fois la présence de glandes sexuelles bien développées, et la répression temporaire de l'appétit sexuel (Carrel, L'Homme,1935, p. 168). ♦ [L'intelligence du point de vue des troubles qui l'atteignent] Les premières altérations de notre intelligence sont des symptômes de mort d'autant plus terribles qu'on les observe soi-même, sur soi-même et en secret! (Delécluze, Journal,1825, p. 123). ♦ Cour. [L'intelligence en tant qu'elle transparaît dans l'aspect extérieur, le plus souvent dans l'expression des yeux, du visage, des lèvres] Yeux dénués d'intelligence, qui brillent d'intelligence; visage pétillant d'intelligence, figure qui trahit l'intelligence de qqn; intelligence qui éclaire une figure. Que d'intelligence et d'affabilité dans son sourire! (Sartre, Nausée,1938, p. 115). − [L'intelligence du point de vue de sa fonction] L'intelligence est la faculté de connaître. Connaître, c'est voir ce qui est, et voir ce qui est, c'est posséder la vérité; (...) la fonction de l'intelligence est de rechercher, de pénétrer, de retenir la vérité (Lacord., Conf. N.-D.,1848, p. 123).Cette soif de la totalité est le contraire de l'intelligence. Celle-ci, comme l'énonce le mot inter-legere, consistant essentiellement à y faire un choix (Benda, Fr. byz.,1945, p. 48): 10. L'intelligence est une manière de transformer un monde de choses en un monde de signes. C'est là sa fonction utile. C'est aussi sa pente dangereuse et son principe de caducité lorsque ces signes ne sont pas rechargés d'intuition ou d'expérience.
Thibaudet, Réflex. litt.,1936, p. 206. − [L'intelligence du point de vue de son objet] En style kantien (...) : « Notre connaissance bornée aux phénomènes » signifie que le seul être qu'atteigne notre intelligence est l'être que nous présentent nos sens (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 811).Joseph parle des choses de l'intelligence, de l'art, de la science et de la philosophie de manière à nous humilier tous (Duhamel, Passion J. Pasquier,1945, p. 117): 11. ... la superposition et l'enchevêtrement de cosmos qu'est l'organisme, sont des objets inépuisables pour l'intelligence. Cela n'empêche pas qu'une science biologique soit possible, mais son objet, c'est plutôt l'ensemble des divers mécanismes que comportent les êtres vivants, que l'intelligence du vital comme tel...
Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 100. − [L'intelligence du point de vue de la connaissance qu'elle permet au sujet d'acquérir] :
12. [Kant] aura toujours la gloire d'avoir (...) marqué avec une rigueur inconnue avant lui la distinction (...) de ce qui (...) tient au mode d'influence des choses du dehors, et de ce qui tient à la constitution même de l'intelligence douée de la capacité de connaître. « Nulle connaissance en nous ne précède l'expérience, et toutes commencent avec elle (...) »
Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 587. ♦ P. méton., au plur. Les droits de ton âge viril feront sortir les œuvres de tes mains, les intelligences de ton esprit, les verbes de ta bouche (Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 336).L'idée des souffrances (...) qui attendaient l'innocente âme infirme, désarmée de toutes les intelligences et de toutes les défenses des autres, la frappa d'une épouvante subite (Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 62). − [L'intelligence du point de vue de l'usage qu'en fait l'être humain] Un ouvrage, même s'il s'applique seulement à des sujets qui ne sont pas intellectuels, est encore une œuvre de l'intelligence (Proust, Guermantes 1,1920, p. 185).Ces immenses édifices, ce feu bienfaisant, ces tapis, ces lumières (...) Sont-ce des fruits d'une intelligence prise à ses propres pièces, ou bien faut-il dire que ces industries résultent de la structure merveilleuse de la main humaine (...)? (Alain, Propos,1925, p. 665): 13. − Qu'entendez-vous par : l'intelligence?
− En général? − Oui.
Ferral réfléchit.
− La possession des moyens de contraindre les choses ou les hommes.
Malraux, Cond. hum.,1933, p. 347. ♦ P. méton. Composition pleine d'intelligence. La pièce [Les Ventres dorés d'E. Fabre] me parut excellente, et d'une intelligence soutenue (Gide, Journal,1905, p. 153). − [L'intelligence du point de vue de la diversité de ses formes selon les sujets] ♦ [Précédé ou suivi d'un subst.] Type, genre d'intelligence; largeur, profondeur, hauteur, vitesse, qualités de l'intelligence; intelligence de la femme, de l'homme; diversité des intelligences. Cette vivacité d'intelligence qui lui faisait d'un coup s'approprier l'idée d'un autre, la fouiller, l'adapter à ses besoins (Zola, Argent,1891, p. 126).Ce que vous appelez les formes de l'intelligence n'en sont que les âges (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 30). ♦ [Suivi ou précédé d'un adj.] Intelligence féminine, masculine; intelligence profonde, superficielle, étroite, éveillée, rapide, déliée, vigoureuse, lente, lourde, droite, claire, précise, exacte, aiguë; intelligence naturelle, spontanée, intuitive, subjective, objective, analytique, synthétique, systématique; intelligence critique, créatrice; intelligence distinguée, élevée; vive, vaste, large, profonde, belle, noble intelligence. Je ne sais s'il a jamais existé une intelligence plus fine que celle de ma femme : elle devine la pensée et la parole à naître sur le front ou sur les lèvres (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 365).Cette intelligence ronde qu'on appelle un gros bon sens (Frapié, Maternelle,1904, p. 73).Loc., vieilli. Avoir l'intelligence nette. Avoir les idées claires, être en possession de toutes ses facultés intellectuelles. Quand il se fut un peu calmé et qu'il eut l'intelligence nette, il s'étonna du brusque revirement de sa femme (Zola, Curée,1872, p. 536).[Chez Camus] Intelligence révoltée. Intelligence de l'homme qui, de toute la puissance et la lucidité de son esprit, ,,se dresse contre sa condition et la création tout entière`` dans le mouvement de la révolte métaphysique (cf. Camus, Homme rév., 1951, p. 10). Il faut se soumettre au Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob quand on a parcouru, comme Pascal, la carrière de l'intelligence révoltée (Camus,Homme rév.,1951,p. 50).[P. allus. et p. oppos.] Intelligence docile. Il y a une intelligence docile et une intelligence révoltée... Les deux contribuent à faire l'histoire, mais à la condition de dominer à tour de rôle (G. Cesbron, Mourir étonné, Paris, Laffont, 1976, p. 228).[Suivi d'un adj. précisant le domaine d'exercice de l'intelligence] Intelligence politique, scientifique, artistique, poétique, musicale, plastique. Nulle intelligence philosophique, point d'esprit géométrique ni d'esprit de finesse; et pourtant, quelle cervelle nette (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 39).[Suivi d'un adj. à valeur collective] Intelligence française contemporaine. Le talent et la science dans un homme sont le produit de l'intelligence universelle et d'une science générale lentement accumulée par une multitude de maîtres (Proudhon, Propriété,1840, p. 235).PSYCHOL. Intelligence affective. On peut supposer qu'il existe une intelligence affective à laquelle se mêlent une grande quantité de connaissances, d'aptitudes particulières, de motivations, et également une certaine acuité de la conscience (Psychol.1969).Intelligence sociale. Intelligence sociale (...) implique la compréhension des êtres humains et la facilité à s'entendre avec eux (...). Cette dernière forme d'intelligence semble procéder pour beaucoup de facultés instinctivo-affectives (Psychol. Enfant1976).[Avec une valeur collective] Nous admettrons (...) l'existence de représentations collectives, déposées dans les institutions, le langage et les mœurs. Leur ensemble constitue l'intelligence sociale, complémentaire des intelligences individuelles (Bergson, Deux sources,1932, p. 108). d) En partic. [Dans un sens restreint hérité de la philos. classique; p. oppos. à l'intelligence en tant que faculté de connaître intuitive] Ensemble des facultés mentales supérieures intervenant dans l'activité conceptuelle de l'esprit et visant à la connaissance discursive. L'accord traditionnel des données des sens et des règles de l'intelligence, fondement de l'art méditerranéen, n'est plus respecté (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 147): 14. À cette intuition primitive de l'espace et du temps il faut (...) donner pour base les principes de raisonnement, sans lesquels nous ne pouvons rien comprendre, et qui sont les lois de notre intelligence; la liaison des causes et des effets, l'unité, la pluralité, la totalité, la possibilité, la réalité, la nécessité, etc.
Staël, Allemagne, t. 4, 1810, p. 123. − [En relation de type synon.] ♦ Intelligence abstraite, formelle, symbolique, logique, discursive, hypothético-déductive, raisonnée, théorique, spéculative : 15. Pendant bien longtemps, les philosophes et les psychologues n'ont connu d'autre forme d'intelligence que l'intelligence conceptuelle et logique de l'Homme, s'exerçant grâce au langage. Cette intelligence peut être définie brièvement comme une application et une adaptation de notions abstraites et générales aux choses et aux événements (...). Ce sont les opérations de cette forme d'intelligence que les logiciens étudient depuis l'Antiquité grecque et dont ils ont donné les règles essentielles.
G. Viaud, L'Intelligence, Paris, P.U.F., 1969, pp. 16-17. ♦ [En synon. avec raison au sens de « faculté de raisonner, de démontrer en organisant discursivement expériences ou preuves », ou au sens normatif de « faculté d'atteindre et de connaître la vérité, d'affirmer l'absolu »] Saisir la notion de l'infini, (...) percevoir les vérités absolues et nécessaires, (...) en cela consiste (...) une des fonctions éminentes de la raison de l'homme, une des puissances de son intelligence (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 19): 16. L'intelligence est un des signes de l'homme et notre guide ordinaire dans la cohue des phénomènes. Pourtant, je commence à saisir les sentences mystérieuses de Chalgrin qui dit souvent : « La raison ne saurait tout expliquer... Il faut se servir de la raison avec prudence, comme d'un instrument admirable, mais exceptionnel dans la nature, et parfois même dangereux ».
Duhamel, Maîtres,1937, p. 186. − [P. oppos. à sensation, instinct, intuition, sensibilité, volonté (ou à un équivalent)] Cette exigence de l'unité a conduit aux conceptions intellectualistes de la volonté (...). La volonté repose (...) sur l'intelligence, sur la raison avec laquelle on tend même à la confondre (...). La volonté suppose (...) le triomphe de l'intelligence abstraite sur les sens et l'affectivité (P. Guillaume, Manuel de psychol., Paris, P.U.F., 1960, pp. 220-221): 17. ... le cerveau préfrontal apparaît comme l'organe unificateur par excellence qui permet à l'Homme de ne pas être seulement intelligence réfléchie verbalisée, froide raison ou au contraire instinct et affectivité, mais d'être une personnalité complète et équilibrée sachant faire la part convenable au rationnel, à l'instinctif et à l'affectif.
P. Chauchard, Le Cerveau humain, Paris, P.U.F., 1968, p. 34. ♦ [Dans le cadre de l'oppos. à sensibilité (ou à un équivalent)] Intelligence pure. Intelligence discursive en tant qu'elle est pure de toute contamination de la sensibilité. Pour les mathématiciens, les juristes, l'effort est d'intelligence pure. Ils ne dépendent point (...) d'une sensibilité sur laquelle la fatigue a trop de prise (Malègue, Augustin, t. 1, 1933, p. 108): 18. La logique n'est que la psychologie d'une intelligence [it. ds le texte] pure, séparée, si l'on peut dire, de ses conditions réelles d'exercice. Le savoir scientifique vaut pour tous, parce qu'il est en nous l'œuvre (...) de ce qui est commun à tous : la raison.
Lacroix, Marxisme, existent., personn.,1949, p. 96. e) P. ext. − [Dans un cadre dualiste] Principe de la vie psychique dans son ensemble. Synon. esprit, âme.À quoi bon se parler avec la voix quand on peut se parler avec l'âme? Pourquoi ne pas laisser les corps écouter en silence le langage mystérieux des intelligences? (Hugo, Han d'Isl.,1823, p. 495): 19. ... la définition célèbre de M. de Bonald, l'homme est une intelligence [it. ds le texte] servie par des organes, (...) a le double défaut d'expliquer le connu par l'inconnu, c'est-à-dire l'être vivant par l'intelligence, et de se taire sur la qualité essentielle de l'homme, l'animalité.
Proudhon, Propriété,1840, p. 299. − [Dans certaines lexies] Au sing. Disposition à la connaissance intuitive d'autrui. ♦ [P. réf. au cœur en tant que principe de la vie affective] Intelligence du cœur. Disposition à la connaissance intuitive d'autrui par l'opération de la sensibilité affective. C'est ça! c'est ça! cria Simon. Nous sommes des grosses têtes... et nous avons l'intelligence du cœur! (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 67).P. méton., au sing. avec l'art. indéf. ou au plur. [Désigne le résultat de cette disposition, la connaissance ainsi acquise] Ta lettre t'a démenti, elle m'a révélé que tu n'avais pas toutes les intelligences du cœur (...). C'était de la jalousie, il est vrai, mais de la jalousie ironique et impertinente (Dumas fils, Dame Camélias,1848, p. 166). ♦ [P. réf. à l'âme en tant que principe de la pensée, de l'affectivité et de la vie morale] Intelligence de l'âme. Disposition à la connaissance intuitive d'autrui par l'opération conjuguée de la sensibilité intellectuelle, affective et morale. Dans une grande salle assez basse (...) l'on a réuni les portraits de tous les généraux de l'ordre [les Chartreux] (...). Une de nos dames, qui a l'intelligence de l'âme, eût goûté cette galerie de vieillards (Stendhal, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 238). 2. [Cette fonction au plan quantitatif, du point de vue de la diversité de son développement selon les sujets] a) Aptitude à la connaissance, développement des capacités intellectuelles. N'a-t-il [Dieu] pas lieu de s'admirer dans l'intelligence concentrée en quelques esprits immenses, autant que dans les petits lots de cette intelligence distribuée également entre tous? (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 586). − Exercice, progrès, développement, qualité de l'intelligence; médiocrité, diminution, faiblesse de l'intelligence; supériorité, manque, défaut d'intelligence. D'où viennent les difficultés des problèmes, les limitations de fait et les inégalités de l'intelligence? De la résistance des formes aux réorganisations exigées par le problème (P. Guillaume, La Psychol. de la forme, Paris, Flammarion, 1937, p. 178). − Loc. Avoir un éclair d'intelligence; (ne pas) avoir deux sous d'intelligence; avoir un minimum d'intelligence. Félicité eut un éclair d'intelligence. Elle n'avait rien à dire, elle allait peut-être tout apprendre, si elle savait se taire (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 92).Si le journal du général Boulanger, si la Cocarde avait deux sous d'intelligence, elle avait une belle occasion de tomber sur Carnot (Goncourt, Journal,1889, p. 902). ♦ Avoir des lueurs* d'intelligence. − Intelligence normale, commune, ordinaire, médiocre, pauvre, faible; intelligence développée, supérieure, brillante, éminente, remarquable, rare; extraordinaire, admirable, merveilleuse intelligence. [P. oppos. à intelligence moyenne, commune] Bonne intelligence. N'ai été qu'un homme moyen. Facultés moyennes, en harmonie avec ce que la vie exigeait de moi. Intelligence moyenne, mémoire, don d'assimilation. Caractère moyen (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 989). − Intelligence qui se développe, diminue. [Avec un suj. désignant une pers.] Exercer, développer son intelligence; avoir une intelligence normale/exceptionnelle, avoir une certaine intelligence, avoir peu/beaucoup d'intelligence; être plein d'intelligence; montrer de l'intelligence, briller par l'intelligence, dominer qqn par l'intelligence. [Avec un suj. inanimé] Être à la portée de toutes les intelligences; supposer, exiger de l'intelligence. Les êtres qui ne sont qu'intelligents ne me sont rien et je ne leur passe à peu près rien; mais sitôt que chez un être l'intelligence vient à manquer, je m'aperçois que je n'admets pas qu'elle fasse défaut (Du Bos, Journal,1927, p. 160). ♦ Avoir au moins l'intelligence de + inf.; avoir assez/trop d'intelligence pour + inf. L'aînée, Sophie, fit une maladie dont elle cacha l'origine. Elle avait assez d'intelligence pour voir la profondeur de cette malignité (Champfl., Souffr. profess. Delteil,1853, p. 59). ♦ P. euphém. Ne pas avoir d'intelligence, être dépourvu/dénué d'intelligence, manquer de toute intelligence. Avoir des capacités intellectuelles insuffisamment développées, être sot. Douter de l'intelligence de qqn. Être amené à penser que les capacités intellectuelles de quelqu'un sont insuffisantes, que quelqu'un est sot : 20. ... tu t'arranges pour que maman t'accompagne à Paris. Pas à tortiller. Le prétexte est simple. Il s'agira, par exemple, de choisir quelque chose de ton ménage, de ton mobilier. − Mais c'est déjà tout choisi. Rien que de l'ancien. − Mon cher, ne nous fais pas douter de ton intelligence.
Duhamel, Terre promise,1934, p. 190. b) [P. oppos. à inintelligence] Aptitude à la connaissance, supérieure à la moyenne. L'élite se définissait selon lui par l'intelligence, la culture, une orthographe correcte, une bonne éducation, des idées saines (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 131). − Homme, personne, gens d'intelligence. D'autres hommes éminents ont bien voulu me louer ou me défendre. Leur voix ne partait pas des entrailles comme la vôtre; car, en général, les hommes d'intelligence ont peu d'entrailles (Sand, Corresp., t. 2, 1847, p. 365).[Félix Éboué] cet homme d'intelligence et de cœur, ce noir ardemment français, ce philosophe humaniste (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 91). − Vieilli. Avoir l'intelligence. [Saint-Évremond] invoque un historien qui sache parler guerre, administration, politique, et qui ait, comme on l'a dit, l'intelligence (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 13, 1868, p. 446). c) PSYCHOL. ,,Niveau mental globalement envisagé, dans l'étude du développement et de la mesure de l'intelligence`` (March. 1970) : 21. [Binet] proposa, avec Simon, une « échelle métrique de l'intelligence », donnant le moyen de faire correspondre à l'avance ou au retard d'un enfant un indice exprimé en années et en mois (âge mental) (...). Terman préconisa l'utilisation (...) du quotient (...) d'intelligence (...) de W. Stern, qui exprime le rapport entre l'âge mental et l'âge réel.
Hist. sc.,1957, p. 1686. Rem. ,,D'après Claparède, on devrait toujours en ce sens, préciser qu'il s'agit d'intelligence globale`` (Méd. Biol. t. 2 1971). − Intelligence générale. ,,Facteur général commun à toutes les opérations mentales (facteur G. de Spearman, « facteur inné des activités cognitives » de C. Burt)`` (Piéron 1973) : 22. Spearman, a tenté d'établir que chaque test cognitif (...) contient deux facteurs mentaux : le facteur général de l'intelligence et un facteur particulier spécifique (...) en multipliant les tests (...) les facteurs spécifiques se neutralisent (...) et l'on finit par ne plus mesurer que le facteur commun, l'intelligence générale.
Vuillemin, Être et trav.,1949, p. 152. 3. [Seulement au sing. et suivi d'un compl. désignant une chose considérée comme objet de connaissance] Intelligence de qqc.Acte d'appréhender quelque chose par l'intelligence, de le comprendre avec aisance, d'en avoir la connaissance approfondie; résultat de cet acte. Intelligence des lois, des sciences, de l'art, d'une théorie, d'un auteur, d'une époque, d'une civilisation. Ces détails (...) sont (...) indispensables pour l'intelligence de ce qui va suivre (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 385).Chercher des lumières sur un texte, pour l'intelligence d'un texte, partout, pourvu, à cette seule condition que ce ne soit pas dans le texte même (Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 812). − Avoir une meilleure, l'entière, la pleine intelligence de qqc.; avoir la claire intelligence de qqc.; avoir l'intelligence rapide, instinctive, nette, profonde de qqc.; ne pas avoir l'intelligence de qqc.; perdre l'intelligence nette de qqc. Isolés de leurs groupes de naissance et dressés seulement à concourir entre eux, des adolescents prennent de la vie, de ses conditions et de son but la plus pitoyable intelligence (Barrès, Déracinés,1897, p. 5). − ARTS ET TECHN. D'EXPR. [Le compl. désigne des aspects ou techn. de l'expr.] Entente, connaissance approfondie et sûre, maîtrise parfaite de. Intelligence du portrait, de la composition, de l'arrangement, des effets de lumière, des valeurs; intelligence d'un sujet, du dialogue. L'architecture n'exagère pas, comme la sculpture, l'intelligence des rondeurs fuyantes (Taine, Voy. Ital., t. 2, 1866, p. 389). 4. P. méton. Être doté de cette fonction. a) [Correspond à I A supra] Être humain considéré en tant qu'être pensant, doué de la faculté d'intelligence. À peine une découverte surgit-elle au loin de la terre que d'autres intelligences la soupèsent, la dissèquent et l'exploitent, chacune à sa façon, sous d'autres latitudes (Ce que la Fr. a apporté à la méd.,1946, p. 139). b) [Correspond à I A 1 et 2 supra] Être humain considéré en tant qu'être doué d'une certaine forme et d'un certain niveau d'intelligence. Oh! quelle douleur de voir s'égarer de si belles intelligences, de si nobles créatures, des êtres formés avec tant de faveur (E. de Guérin, Journal,1839, p. 185).La plupart des artistes sont, il faut bien le dire, (...) des intelligences de village, des cervelles de hameau (Baudel., Curios. esthét.,1863, p. 330). − [Correspond à I A 1 d supra] Intelligence pure. Personne vivant selon sa raison, pure de toute contamination de la sensibilité : 23. C'est une intelligence pure. Le monde affectif, pour lui, se limite à sa personne qui est (...) susceptible de certains sentiments (...) que le reste du monde soit tourmenté par l'amour, le désir, la tristesse, la rage, le désespoir, voilà ce qu'il ne peut même pas comprendre.
Duhamel, Maîtres,1937, p. 183. − [Correspond à I A 3 supra] Je suis frappé (...) du côté alambiqué, rhéteur, sophiste, qu'il y a dans toutes les grandes intelligences du dessin et de la peinture, à commencer par Gavarni, à finir par Rousseau (Goncourt, Journal,1870, p. 582). − [Sans détermination par adj. ou compl. de nom] Personne d'une intelligence supérieure. C'était une intelligence, ce Sigismond, élevé dans les universités allemandes, qui, outre le français, sa langue maternelle, parlait l'allemand, l'anglais et le russe (Zola, Argent,1891, p. 38). − [Avec valeur de collectif et éventuellement une majuscule] Classe des intellectuels. Synon. élite.Ces belles et touchantes funérailles, où (...) l'Intelligence de Paris se pressait (Verlaine, Souv. et fantais.,1896, p. 193): 24. Depuis quelques années, ce mot, déjà embarrassé de plusieurs idées assez différentes, a contracté, par une contagion très fréquente dans les langues, une valeur nouvelle et tout étrangère. Je ne crois pas qu'il faille se féliciter de voir étendre le nom d'Intelligence à une classe sociale d'individus, et de traduire ainsi le russe Intelligentsia.
Valéry,
Œuvres, t. 1, Propos sur l'intelligence, Paris, Gallimard, 1959 [1926], p. 1042. c) P. anal., PHILOS., THÉOL. [Dans le cadre du dualisme de la matière et de l'esprit] Être spirituel considéré en tant qu'il est doué d'intelligence. Synon. (pur) esprit (v. ce mot III B 1 et 2).Intelligence pure. L'esprit humain n'est pas une intelligence pure, mais une intelligence fonctionnant à l'aide d'appareils organiques (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 169): 25. ... il suffit de concevoir des myriades de créatures spirituelles possibles, pour conclure qu'elles sont (...). Les païens les nommèrent Dieux; Platon les appela Idées; dans le langage vulgaire, ce sont les Anges : les philosophes leur donnent plutôt le nom d'Intelligences.
Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 190. − [Dans le monothéisme judéo-chrétien] Intelligence créatrice, suprême, supérieure, ordonnatrice. Dieu. [La religion] nous montre aussi une parole éternelle ou verbe, expression de l'intelligence suprême et image de sa substance; fils de Dieu (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 251).Intelligences célestes. Anges du Bien. Intelligences réprouvées. Anges du Mal. Le royaume des esprits célestes ou le sombre empire des intelligences réprouvées (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 102). − Au fig., cour. Pure intelligence. Être humain qui n'est pas soumis à certaines contingences d'ordre physique ou matériel, ou qui affecte de ne pas l'être. Synon. pur esprit.Nous voyons aujourd'hui en lui une anémie, amenée (...) par tant d'années d'une alimentation insuffisante, où cette pure intelligence ne voulait pas manger (Goncourt, Journal,1863, p. 1313). B. − [Chez l'homme et l'animal (chez presque tous les vertébrés, en partic. chez les vertébrés supérieurs)] Fonction mentale d'organisation du réel en actes. 1. PHILOS., PSYCHOL. [Dans des circonstances nouvelles pour lesquelles l'instinct, l'apprentissage ou l'habitude ne dispose d'aucune solution] Aptitude à appréhender et organiser les données de la situation, à mettre en relation les procédés à employer avec le but à atteindre, à choisir les moyens ou à découvrir les solutions originales qui permettent l'adaptation aux exigences de l'action : 26. Kohler a montré que l'intelligence dans l'action commence avec la compréhension du détour. Les situations n'y sont pas perçues et les solutions découvertes une à une (...) elles se présentent globalement, organisées les unes dans les autres dans un schéma dynamique...
Mounier, Traité caract.,1946, p. 445. a) [Dans un sens large] Intelligence pratique : 27. Au contraire, l'intelligence concrète, sans faire le détour par le général, comprend le donné de l'expérience grâce à un autre donné, particulier et concret comme lui, qui lui est plus ou moins analogue : c'est, dans une grande mesure, la façon de comprendre qui précède chez l'homme l'exercice de la pensée critique; c'est à elle que se réduit l'intelligence animale ainsi que celle du petit enfant.
Foulq. 1971. b) [En oppos. avec instinct, habitude] :
28. Tantôt (...) on voit dans l'instinct une somme de différences accidentelles, conservées par la sélection (...). Tantôt on fait de l'instinct une intelligence dégradée : l'action jugée utile par l'espèce ou par quelques-uns de ses représentants aurait engendré une habitude, et l'habitude, héréditairement transmise, serait devenue instinct.
Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 170. c) [L'intelligence appliquée à l'action du point de vue des différentes formes qu'elle prend chez l'animal, l'enfant ou l'adulte] Nous connaissons trois formes principales d'intelligence pratique : l'intelligence animale, l'intelligence pratique de l'enfant humain, l'intelligence artisanale de l'homme adulte, que l'on peut appeler aussi intelligence de l'Homo faber (G. Viaud, L'Intelligence, Paris, P.U.F., 1969, p. 21).
α) [Chez l'animal] Intelligence des animaux (supérieurs), du singe, du chien. L'intelligence animale, quoiqu'elle ne forme pas de concepts proprement dits, se meut déjà dans une atmosphère conceptuelle (Bergson, Évol. créatr.,1907p. 188).L'intelligence animale se mesure à l'aptitude de l'animal à faire un détour (« conduite du détour ») pour obtenir un résultat déterminé (par ex., le singe est parfois capable de prendre une perche pour attraper un fruit) (Julia1964). − [Qualifie, en dehors de l'ordre des vertébrés, des animaux (principalement des arthropodes) accomplissant par instinct des actes que les animaux supérieurs ou l'homme accomplissent par intelligence] L'hexagone (...) se trouve véritablement dans le plan, dans l'expérience, dans l'intelligence et la volonté de l'abeille (Maeterl., Vie abeilles,1901, p. 146).
β) [Chez l'être hum., au cours de son évolution, de la naissance à l'âge adulte] Intelligence sensori-motrice, préverbale. [Dans un sens strict] Intelligence pratique, concrète. Tandis que les habitudes et les perceptions élémentaires sont essentiellement à sens unique, l'intelligence sensori-motrice (ou préverbale) découvre déjà les conduites de détour et de retour, qui annoncent en partie l'associativité et la réversibilité des opérations (J. Piaget, Introd. à l'épistémologie génét., La Pensée math., Paris, P.U.F., 1949, p. 23): 29. − De la naissance à 2 ans, l'intelligence est sensori-motrice et ne peut utiliser que les perceptions et les mouvements.
− Pendant l'enfance, entre 2 et 12 ans, l'intelligence est concrète et pratique. Ses possibilités sont successivement enrichies par l'apparition du symbolisme puis par l'intuition suppléant à la logique et enfin par une structuration des acquisitions préalables faites intuitivement pendant l'action concrète.
− Après 12 ans, lentement l'intelligence devient formelle ou hypothético-déductive.
Coudray1973. − [Chez l'être hum. adulte; à l'origine dans la théorie de Bergson] Intelligence fabricatrice; intelligence artisanale de l'Homo faber, intelligence artisanale (humaine), intelligence pratique de l'Homo faber : 30. Bergson (...) oppose l'intelligence de l'Homo sapiens (Homme raisonnable et savant), ou intelligence rationnelle de la psychologie classique et de la logique, à l'intelligence artisanale de l'Homo faber (Homme ouvrier), et il montre que celle-ci a dû apparaître avant celle-là. « L'intelligence, dit-il, envisagée dans ce qui paraît être sa démarche originelle est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils et d'en varier indéfiniment la fabrication ».
G. Viaud, L'Intelligence, Paris, P.U.F., 1969, pp. 18-19. 2. Cour. [Gén. chez l'être hum.] Habileté à tirer parti des circonstances, ingéniosité et efficacité dans la conduite de son activité. Il attribuait à l'intelligence du soldat français, à sa plus grande dextérité, les succès de Lonato et de Castiglione (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 543).Top et Jup marchaient en éclaireurs, et, se jetant de droite et de gauche dans les épais taillis, ils rivalisaient d'intelligence et d'adresse (Verne, Île myst.,1874, p. 522).La chaise est oubliée pour le menuisier, le remède pour le médecin. Cependant l'habileté, l'intelligence ou le savoir-faire deviennent suspects (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 53). − [Suivi d'un adj. précisant le domaine de l'activité] Le bien-être industriel du maître se reflète sur tout (...) N'est-ce pas l'indice d'une intelligence commerciale assez rare au fond des campagnes? (Balzac, Méd. campagne,1833, p. 106).L'harmonie de l'ensemble (...) vient (...) de la qualité de la matière et de l'intelligence constructive non seulement de l'architecte mais du tailleur de pierres (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 141). − [En position de compl. d'un verbe] Appliquer toute son intelligence à (une activité), mettre/montrer de l'intelligence, faire/choisir (qqc.) avec intelligence; s'acquitter d'(une mission) avec intelligence, se tirer d'affaire avec intelligence, remplir (un rôle) avec beaucoup d'intelligence; agir sans intelligence. L'action politique et la propagande quotidienne suffisent à ces tâches, si elles sont conduites avec intelligence, feu et courage (J.-R. Bloch, Dest. S.,1931, p. 172).Tu as déjà réussi du beau travail. Pige-moi ce rapport : « A fait preuve d'une intelligence très au-dessus de son grade »... (Cocteau, Machine infern.,1934, I, p. 39): 31. Augustin se rappelait sa carrière forte et singulière (...) la parfaite intelligence de manœuvrier et la parfaite intelligence tout court avec laquelle il avait présidé, dirigé, conclu mainte conférence épineuse...
Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 424. ♦ Avoir l'intelligence de + inf. Mon père avait eu l'intelligence de me prévenir au lieu de faire des phrases (Camus, Possédés,1959, 1repart., 4etabl., p. 987). − En partic. [Suivi d'un compl. désignant une activité] Intelligence de qqc. Aptitude, capacité particulière, don pour (une activité). Avoir l'intelligence de qqc. Avoir des capacités particulières pour pratiquer, exercer (une activité); s'entendre, se connaître particulièrement à (cette activité). Tout le monde n'a pas l'intelligence des affaires, mais alors, quand on n'est pas doué, (...) eh bien, on demande une place! (Labiche, Ptes mains,1859, I, 10, p. 26). II. − [Dans le cadre des relations d'entente s'établissant entre des pers. qui se connaissent et se comprennent (v. entendre II A 2 b)] Action de s'entendre, de se comprendre; résultat de cette action. A. − Au sing., littér. ou vieilli. Entente tacite, connivence (entre personnes qui généralement s'entendent en secret pour agir dans un but qu'elles gardent caché). Complices tous deux du même secret, ils se regardaient en s'exprimant une mutuelle intelligence, qui approfondissait leurs sentiments (Balzac, E. Grandet,1834, p. 168).Voici qui est plus grave et qu'il faut que tu pèses. Avant huit jours, notre intelligence sera publique; avant quinze, on nous calomniera. Réfléchis, ou plutôt c'est tout réfléchi; sois ma femme! (Gobineau, Pléiades,1874, p. 280). − Intelligence de (qqn) et de (qqn)/de (deux ou plusieurs personnes) / de (qqn) avec (qqn), intelligence secrète entre (qqn) et (qqn).Il y a entre nous cette intelligence qui résulte d'une préférence comprise de part et d'autre (Constant, Journaux,1803, p. 35).Combien est douce la première lueur d'intelligence avec ce qu'on aime (M. de Guérin, Poés.,1839, p. 51). − Être d'intelligence (avec qqn).Être secrètement d'accord [avec (quelqu'un)], s'entendre secrètement [avec (quelqu'un)] Avoir l'air/paraître/se mettre d'intelligence avec (qqn), être d'intelligence contre (qqn) (rare), agir d'intelligence, être d'intelligence dans (une entreprise); être en intelligence avec (qqn). Ils sont d'intelligence pour vous surprendre, pour vous tromper (Ac.1798-1935).La disgrâce de Bestoucheff, avec qui (...) [Catherine II] se trouvait à quelque degré en liaison et en intelligence, fit redoubler autour d'elle les précautions (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 210).Le vieux cynique (...) lui avait adressé un clignement d'œil (...) comme si un hasard quelconque avait fait qu'ils pussent être d'intelligence (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 850). ♦ Au fig. Être d'intelligence (avec qqc.).Les maîtres seuls sont d'intelligence avec la nature; ils l'ont tant observée, qu'à leur tour ils la font comprendre (Fromentin, Été Sahara,1857, p. 73).Mais avec mes périls, je suis d'intelligence, Plus versatile, ô Thyrse, et plus perfide qu'eux (Valéry, J. Parque,1917, p. 98). − Signe, regard, sourire d'intelligence. Signe, regard, sourire qui exprime l'entente tacite, la connivence existant entre des personnes, qui témoigne de leur intelligence. Le juge et le greffier échangèrent aussitôt un petit signe d'intelligence qui signifiait à peu près : « Je vous l'avais bien dit... » (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 197): 32. MmeVerdurin, voyant que Swann était à deux pas, prit cette expression où le désir de faire taire celui qui parle et de garder un air innocent aux yeux de celui qui entend, se neutralise en une nullité intense du regard, où l'immobile signe d'intelligence du complice se dissimule sous les sourires de l'ingénu et qui enfin, commune à tous ceux qui s'aperçoivent d'une gaffe (...) la révèle instantanément sinon à ceux qui la font, du moins à celui qui en est l'objet.
Proust, Swann,1913, p. 284. ♦ [Accompagné d'un adj.] Sourire de bonne intelligence. J'avais surpris les regards d'une timide et discrète intelligence entre certain auditeur et une très-jolie petite prude (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 318). − En partic. Domaine de la Sûreté de l'État.Intelligence avec l'ennemi; accuser (qqn) d'intelligence avec l'ennemi; être innocent, coupable du crime d'intelligence avec l'ennemi. La Haute-Cour, destinée à juger les actes d'intelligence avec l'ennemi et d'atteinte à la sûreté extérieure de l'État (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 109). − Au plur. Relations secrètes. Avoir des intelligences (secrètes) avec un ou des ennemis, entretenir des intelligences avec des puissances étrangères, nouer des intelligences avec qqn contre qqn. Je veux parler de ce misérable d'Artagnan (...). Le Cardinal : Mais il me faudrait une preuve de ses intelligences avec Buckingham (Dumas père, Jeunesse Mousquet.,1849, III, 9, p. 132).Il fit appeler dame Léonarde, avec laquelle il n'avait cessé d'entretenir des intelligences secrètes, étant toujours bon de maintenir un espion dans la place (Gautier, Fracasse,1863, p. 328). ♦ Avoir des intelligences dans la place. Mon flair (...) me dit que j'ai des intelligences dans la place, qu'il y a un traître dans la garnison (Feuillet, Morte,1886, p. 56).P. anal. Avoir des intelligences dans (un groupe, une société). Avoir des relations secrètes avec un ou plusieurs membres d'(un groupe, une société fermés, d'accès difficile). Nouer, se créer, se ménager, garder des intelligences dans la place, une famille, une maison, un parti. Il s'occupait particulièrement de l'achat des créances (...) flairant, guettant, avec des intelligences dans tous les mondes (Zola, Argent,1891, p. 31). ♦ Au fig. Avoir des intelligences avec (qqc.). Ma chambre (...) sorte d'observatoire où je m'étais créé (...) de continuelles intelligences avec ce qui m'entourait, soit par la vue, soit par l'habitude constante d'écouter (Fromentin, Dominique,1863, p. 120). B. − Au sing. [Le plus souvent accompagné d'un adj., en gén. de l'adj. bon] Entente, accord, harmonie. Personnes de bonne intelligence; être dans une parfaite intelligence; vivre dans la meilleure intelligence, rester/demeurer en très/bien/assez bonne intelligence. On avait un grand et véritable désir de conclure la paix (...) il fallait éviter avec soin tout ce qui aurait pu troubler la bonne intelligence et aigrir les esprits (Barante, Hist. ducs de Bourg., t. 2, 1821-24, p. 39).Je mis tous mes soins à maintenir nos relations sur le pied de bonne camaraderie (...). Selon moi, le seul genre d'intelligence qui fût désirable, et même possible entre nous (Feuillet, Pte Ctesse,1856, p. 116): 33. Au ministère, les deux hommes semblaient vivre en assez bonne intelligence. Une sorte de pacte tacite s'était fait entre eux pour cacher à leurs collègues les batailles de leur intérieur.
Maupass., Contes et nouv., t. 1, Hérit., 1884, p. 514. [P. oppos.] Être/vivre en mauvaise intelligence. (Dict. xixeet xxes.). − Au fig., rare. Être/vivre en bonne intelligence avec (qqc.). Avec l'indigence Et les haillons, je vis en bonne intelligence, Et je fais bon ménage avec Dieu mon voisin (Hugo, Contempl., t. 3, 1856, p. 157): 34. Kierkegaard disait de la femme qu'elle est en bonne intelligence avec le temps et sait le passer mieux que l'homme. C'est peut-être parce qu'elle est à la fois plus près de la terre et plus divine.
Mounier, Traité caract.,1946, p. 311. Prononc. et Orth. : [ε
̃teliʒ
ɑ
̃:s], [-tεl(l)i-]. Cf. intellect. Noter que Pt Rob. transcrit uniquement [-el-], de même dans intelligemment, intelligent, intelligentsia alors qu'il admet, en variante, [-εll-] dans intelligible, -gibilité et -giblement. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 « faculté de comprendre » (Benoît de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 19972); 2. 1370-72 « être spirituel » (Oresme, Ethiques, éd. A.D. Menut, livre I, chap. 16, note 22); 3. ca 1500 « relation plus ou moins secrète entre différentes personnes » (Ph. de Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t. 1, p. 20); ca 1500 intelligences « relations secrètes, complicités » (Id., op. cit., t. 1, p. 52); 4. 1559 « acte ou capacité de comprendre » (Amyot, Péricl., 30 ds Littré). Empr. au lat.intelligentia, intellegentia (dér. de intellegere « comprendre ») « action de comprendre », « faculté de comprendre », également attesté en lat. médiév. au sens de « bonne entente, commun accord » (cf. Nierm.) et « être spirituel, ange » (ca 1205 ds Latham). Fréq. abs. littér. : 10 332. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 15 602, b) 11 883; xxes. : a) 16 143, b) 14 549. Bbg. Foerstner (S.). Intelligence... Tübingen, 1965, passim. - Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 147. |