| INSTRUMENTER, verbe I. − DR., emploi intrans. Rédiger un instrument, un acte public (contrat, procès-verbal p. ex.). Instrumenter contre, pour qqn. Le père Fourchon servait donc de témoin ou de praticien pour les actes judiciaires, quand le sieur Brunet venait instrumenter dans les communes de Cerneux, Couches et Blangy (Balzac, Paysans,1844, p. 50).Le concierge vient en savates, au nom de la morale, regarder l'huissier qui instrumente au nom de la loi (Bernanos, Gde peur,1931, p. 61). II. − MUSIQUE A. − Emploi trans. dir. Écrire les parties instrumentales (d'une composition). Synon. orchestrer.Instrumenter une partition, une symphonie. Le Désert [de Félicien David] n'est rien moins qu'une symphonie (...); cela est merveilleusement instrumenté, mais ne constitue pas un bagage de symphoniste (Saint-Saëns, Harm. et mélod.,1885, p. 128). − Emploi abs. Il y a des gens qui prétendent que Beethoven instrumentait mal (Stravinsky, Chron. vie,1931, p. 69). B. − Emploi trans. indir. Instrumenter sur (un instrument). Rechercher (sur un instrument) les ressources, les propriétés de celui-ci. On voit (...) les violonistes marquer très nettement (...) leurs indications de doigters; ils sont conduits (...) dans cette voie par le souci qu'ils ont d'instrumenter sur le violon, de mettre (...) à contribution toutes les ressources de sonorité et de timbre que leur fournit leur instrument (La Laurencie, Éc. fr. violon,1924, p. 105). C. − Emploi pronom., au fig. Se mettre en harmonie. Que le livre, sitôt conçu, dispose de moi tout entier, et que, pour lui, tout en moi, jusqu'au plus profond de moi s'instrumente (Gide, Journal,1922, p. 737). III. − INDUSTR. PÉTROLIÈRE, emploi trans. ,,Doter une installation de raffinage d'appareils de contrôle automatiques. Instrumenter une colonne, un four`` (Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.). Rem. Mérimée emploie instrumenter à la forme trans. avec le sens de « mettre à mal comme à l'aide d'un instrument de torture ». On dirait que cela a été mutilé par les mêmes vandales qui ont instrumenté le cheval de Civray (Lettres Antiq. Ouest, 1840, p. 67). REM. Instrumentateur, subst. masc.,hapax. Celui qui instrumente une composition musicale. Les instrumentateurs (...) ont fait (...) de cette noble figure antique de Gluck, un masque si hideux et si grotesque, qu'il est déjà presque impossible d'en reconnaître les traits (Berlioz, Grotesques mus.,1859, p. 195). Prononc. et Orth. : [ε
̃stʀymɑ
̃te], (il) instrumente [ε
̃stʀymɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1507 trans. mus. « jouer d'un instrument de musique » harper ou instrumenter (N. de La Chesnaye, Condamn. de Bancquet ds Recueil de farces, éd. P.L. Jacob, p. 314), attest. isolée; sens réputé ,,anc.`` par Guérin 1892; b) 1823 « orchestrer une partition » (Stendhal, Rossini, t. 1, pp. 140-141); 2. 1431 intrans. dr. « dresser un contrat » (Registre des délibérations du Conseil de Ville de Troyes, 133, Roserot ds Delb. Notes mss : Il menroit avec lui ... deux notaires pour instrumenter ce qui seroit par lui executé et en faire rapport). Dér. de instrument*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 26. Bbg. Quem. DDL t. 20. |