| INSTRUCTEUR, subst. masc. A. − Vieilli ou littér. Celui qui instruit, enseigne. Synon. mod. précepteur, professeur.L'orphelin trouve un père, l'insensé un médecin, l'ignorant un instructeur (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 398).Un jour, je remis à l'instructeur une composition française sur la Passion; elle avait fait les délices de ma famille et ma mère l'avait recopiée de sa main (Sartre, Mots,1964, p. 82). ♦ En appos. Trois fois par jour catéchisme d'une heure en langue indigène. Cinquante-sept femmes et quelques garçons répètent mécaniquement les réponses aux questions que répète monotonement le catéchiste instructeur (Gide, Voy. Congo,1927, p. 708). B. − Spécialement 1. ART MILIT. Gradé ou officier chargé d'instruire les recrues, les soldats. Manuel de l'instructeur. Pour les officiers ou sous-officiers de carrière, la « vocation » militaire s'identifie rarement à une vocation enseignante! On devient instructeur comme par surcroît (Serv. milit. et réf. armée,1963, p. 48): 1. M. Barrel (...) fit venir à ses frais un instructeur militaire, une fois la semaine, de la préfecture où il y avait une garnison. Comme ça, les jeunes ouvriers, en arrivant au régiment, pouvaient très vite être nommés de première classe, passer caporaux, sous-officiers, pourquoi pas officiers?
Aragon, Beaux quart.,1936, p. 25. En appos. Officier, sergent instructeur. Mme Kergaran avait quarante ans environ. Elle était forte, très forte, parlait d'une voix de capitaine instructeur (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Patronne, 1884, p. 693).Adrien était brigadier-instructeur pour la gymnastique (Aragon, Beaux quart.,1936p. 255).2. DR. Magistrat chargé d'instruire une affaire. La Souricière, prison temporaire où l'on tient les prévenus à la disposition de l'instructeur (Balzac, Interd.,1836, p. 123): 2. On avait (...) fait une enquête à Marengo. Les instructeurs avaient appris que « j'avais fait preuve d'insensibilité » le jour de l'enterrement de maman. « Vous comprenez, m'a dit mon avocat, cela me gêne un peu de vous demander cela. Mais c'est très important. Et ce sera un gros argument pour l'accusation, si je ne trouve rien à répondre. »
Camus, Étranger,1942, p. 1170. En appos. Magistrat instructeur, juge instructeur. Synon. de juge d'instruction.Alors pourquoi ce désarroi, ce vide béant à la place du ventre, cette panique de l'assassin devant un juge instructeur? (Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 127):3. Pierre Vaux fils apprécie comme suit le document brissonnien : (...) les lecteurs ont vu dans le cours de cet ouvrage que les magistrats instructeurs [it. ds le texte] ont reconnu eux-mêmes l'innocence de Vaux, mais qu'il leur fut ordonné d'une manière formelle d'étouffer la vérité.
Clemenceau, Iniquité,1899, p. 490. Prononc. et Orth. : [ε
̃stʀyktœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. xives. [ms.] subst. « celui qui enseigne, qui instruit » maistre et instructeur (J. Goulain, Trad. du Ration. de G. Durant, B.N. 437, fo363 vods Gdf. Compl.); 2. 1636 id. dr. instructeur de procès (Monet); 1831 adj. le juge instructeur (Nodier, Fée Miettes, p. 144); 3. 1823 adj. milit. capitaine instructeur (Boiste); 1832 subst. (Raymond). Du lat. class. instructor « ordonnateur (en partic. d'un repas) » formé sur le supin instructum de instruere, v. instruire; en lat. chrét. et médiév. « celui qui éduque » (Blaise Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér. : 75. Bbg. Gohin 1903, p. 316. |