| INSOLUBLE, adj. A. − Qui ne peut être dissous, solubilisé. Anton. soluble.Précipité, résidu insoluble; gel, sel insoluble; insoluble dans l'eau, l'alcool, le vin. Les corps insolubles n'ont aucune saveur; ceux même qui sont le plus sapides, ne font aucune impression sur la langue lorsqu'elle est sèche (Cuvier, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 677).Scheibler a démontré que le sucre de canne est insoluble dans l'alcool et l'éther, mais que si, à la solution alcoolique on ajoute de l'eau, le sucre se dissoudra et ce d'autant mieux qu'il y aura moins d'alcool (Rouberty, Sucr.,1922, p. 71): 1. C'est aussi le papier « au charbon », utilisé dans certains procédés de reproduction photochimiques et pour les épreuves de luxe. Le principe repose sur les curieuses propriétés de la gélatine bichromatée, qui durcit et devient insoluble sous l'influence de la lumière.
Prinet, Phot.,1945, p. 47. − Rare. Insoluble à + subst.Elles [les plantes marines] sont attachées à leur extrémité inférieure par une espèce de gluten insoluble à l'eau, au moyen duquel elles se collent aux rochers (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 240). B. − Qui ne peut être résolu. Difficulté, question, problème insoluble. Si l'on se refuse à cette théorie on tombe inévitablement dans le dilemme insoluble du Ménon de Platon, et l'on est forcé de convenir ou que l'homme ne peut rien apprendre, ou que tout ce qu'il apprend n'est qu'une réminiscence (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 499).Certaines histoires m'étaient légères à dire; mais quand j'en venais à notre pauvreté, aux insolubles embarras si particuliers à nous qu'ils étaient, dans mon cœur, les embarras Pasquier, la misère Pasquier (...), je me sentais saisi d'une honte toute semblable à l'orgueil (Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 31): 2. La révolte se déploie aussi dans l'histoire qui demande non seulement des options exemplaires, mais encore des attitudes efficaces. Le meurtre rationnel risque de s'en trouver justifié. La contradiction révoltée se répercute alors dans des antinomies apparemment insolubles dont les deux modèles, en politique, sont d'une part l'opposition de la violence et de la non-violence, d'autre part celle de la justice et de la liberté.
Camus, Homme rév.,1951, p. 353. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Il y a des natures qui aiment à se torturer à plaisir et à se proposer l'insoluble (Renan, Avenir sc.,1890, p. 443).Et ce couple, aussi maladroit à se déchiffrer qu'il déployait jadis d'adresse à résoudre l'insoluble, reprenait au travers d'Agathe son dialogue injurieux (Cocteau, Enf. terr.,1929, p. 114). Prononc. et Orth. : [ε
̃sɔlybl̥]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1245 subst. « question insoluble » (H. d'Andeli,
Œuvres, IV, 425 ds T.-L. : ele se deffent d'issolubles, De soluces et de fallée); b) 1549 adj. « qu'on ne peut résoudre, expliquer » (Est.); 2. 1762 « ce qui ne peut se dissoudre » (Ac.). Empr. au lat.insolubilis « dont on ne peut s'acquitter, impayable; indubitable » et « indissoluble » en b. latin. Fréq. abs. littér. : 290. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 294, b) 261; xxes. : a) 318, b) 650. |