| INSOLEMMENT, adv. D'une manière insolente, avec insolence. A. − [Correspond à insolent B] Répondre, rire insolemment : ... le bâtonnier et ses amis ne tarissaient pas de sarcasmes au sujet d'une vieille dame riche et titrée, parce qu'elle ne se déplaçait qu'avec tout son train de maison. Chaque fois que la femme du notaire et la femme du premier président la voyaient dans la salle à manger au moment des repas, elles l'inspectaient insolemment avec leur face-à-main du même air minutieux et défiant que si elle avait été quelque plat au nom pompeux mais à l'apparence suspecte...
Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 677. − P. métaph. Çà et là, une pousse d'arbre s'élève insolemment (Balzac, Paysans,1844, p. 4). − En partic. [Correspond à insolence B 1 en partic.] Isabelle, confuse, se sentait rougir, malgré elle, sous ce regard insolemment fixe, chaud comme un jet de plomb fondu (Gautier, Fracasse,1863, p. 208).Il lui avait plu de fixer insolemment les yeux sur une femme (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Lâche, 1884, p. 916).Il affectait une allure chaloupée, crachait de biais, et regardait insolemment les filles (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 168). B. − 1. [Correspond à insolent C 1, 2] Des gens de votre espèce, qui abusent insolemment de tous leurs avantages (Courier, Lettres Fr. et Ital.,1805, p. 699).Son attitude cabrée, le feu de son regard, exprimaient un orgueil démesuré, aveugle, insolemment agressif (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 653). 2. [Correspond à insolent C 3] Toute sa personne, insolemment étincelante, jetait au désir la provocation de l'impossible (Gautier, Fracasse,1863p. 109).La figure d'Alfreda n'était pas moins changée : une expression ardente, résolue, insolemment sensuelle, déformait et vulgarisait ses traits (Martin du G., Thib., Été 14, 1936p. 453). C. − [Correspond à insolent D; modifie gén. un adj.] Cette église où la féodalité triomphe, est étonnamment riche et insolemment belle dans sa montée au chœur gigantesque, dans ses marbres noirs et blancs, ses sculptures infinies (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 16).D'autres señoras et la plupart des hommes se tiennent debout sans rien dire, et sans paraître penser à rien. Toutes et tous très laids, très vulgaires, insolemment riches et immensément sots (Gide, Journal,1910, p. 320).Ce garçon, (...) si vivant, si insolemment vivant (Bernanos, Imposture,1927, p. 425). Prononc. et Orth. : [ε
̃sɔlamɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1352-56 (Bersuire, T. Live, B.N. 20312 ter [xives.], fol. 43 ds Gdf. Compl.). Dér. de insolent*; suff. -ment2*. Fréq. abs. littér. : 169. |