| INSOCIABLE, adj. A. − Vieilli. Incapable de vivre en société. Synon. asocial; anton. sociable.Un être insociable. C'est un homme qui n'aime que soi, dit un troisième (...), on dit même complètement insociable (Sand, Indiana,1832, p. 324).Sa malheureuse surdité (...) le rend [Beethoven] presque insociable (Prod'homme, Symph. Beethoven,1921, p. 287). B. − 1. Qui n'est pas capable de relations aimables ou agréables avec ses semblables. Anton. sociable.Sa maladie et ses chagrins l'ont rendu insociable (Ac.1935).Il faut renoncer à donner de la soupe et un poulet truffé à des gens qui tiennent une plume. Ils sont insociables, même la bouche pleine (Goncourt, Journal,1860, p. 721).Mes parents ne prenaient pas mes fureurs au tragique. Papa, parodiant je ne sais qui, s'amusait à répéter : « Cette enfant est insociable. » (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 17). − Emploi subst. Personne insociable. Il s'isole dans un monde interdit aux autres hommes, même plus subtils et moins patibulaires que ceux qui l'entourent et l'ont classé parmi les insociables, les fiers (Arnoux, Algorithme,1948, p. 84). − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. La mer! (...) toujours seule, empire de l'insociable (Laforgue, Moral. légend.,1887, p. 221). 2. Qui témoigne de l'incapacité (de quelqu'un) d'avoir des relations aimables ou agréables avec ses semblables. Anton. sociable.Caractère, humeur insociable; habitudes insociables. Le calme morne du château de Combourg était augmenté par l'humeur taciturne et insociable de mon père (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 108). − [P. méton.] Je vis arriver mes (...) deux compagnes de voyage : c'étaient deux femmes de vingt-neuf à soixante ans, avec des chapeaux extravagants, des manches violentes, des frisures hors de proportion, des nez insociables (Gautier, Caprices et zigzags, Paris, Lecou, 1852 [1836], p. 4). Prononc. et Orth. : [ε
̃sɔsjabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1548 « qui n'est pas sociable, avec qui on ne peut pas vivre en société » (E. de La Planche, trad. des Cinq premiers livres des Annales de P. Cornelius Tacitus, L. I, 138 rods Hug.); 2. 1789 « incapable de vivre en société » (Le Moniteur, t. 2, p. 456). Empr. au lat.insociabilis « qu'on ne peut associer à, incompatible ». Fréq. abs. littér. : 66. Bbg. Gohin 1903, p. 296. |