| INSISTANT, -ANTE, part. prés. et adj. I. − Part. prés. de insister*. II. − Adjectif A. − [Correspond à insister I A] 1. Qui insiste, qui se fait pressant (dans sa parole, son comportement langagier) pour souligner, savoir, demander quelque chose. Synon. pressant.Lettre, question, voix insistante. Je le tourmentais de questions et de reproches. J'étais aigre, insistante, odieuse (Maurois, Climats,1928, p. 225).Par plusieurs démarches insistantes je n'avais pas manqué de faire savoir au général Eisenhower quel prix mon gouvernement attachait à ce qu'il fût donné, sur ce point, satisfaction à l'armée française (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 155): Georges, lui, serait plus insistant : Thérèse savait bien ce que signifiait cette question interrompue, au moment du départ, lorsqu'il avait soupiré : « Je voudrais tant savoir... »
Mauriac, Fin nuit,1935, p. 119. − En partic. ♦ Qui marque l'insistance du locuteur. C'est ce qu'il priait « instamment, positivement » Du Peyrou de faire. Ces adverbes insistants dénoncent le mensonge à soi-même (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 249). ♦ Qui s'exprime par un comportement d'insistance. Elle me fit partir le lendemain avec une insistante inquiétude que je ne m'expliquais pas (Dumas fils, Dame Cam.,1848, p. 223).Avec une indiscrétion insistante − et qui m'enchantait, à vrai dire, tant il y mettait d'affectueuse sollicitude − il m'interrogeait sur moi (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. lxx). ♦ Sur lequel porte l'insistance du locuteur. Ce rappel insistant, inévitable, du principe métaphysique sur lequel repose toute la morale judéo-chrétienne, nous ramène à notre point de départ (Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p. 155). 2. [Correspond à insister I B] a) [En parlant (du comportement) d'une pers.] Qui insiste, qui se fait pressant (par sa durée, son intensité). M. Mayer fixe sur moi son regard, calme, toujours, mais insistant, presque aigu. Peut-être vais-je rougir (Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 87).C'est joli, ce vêtement, dit Guimiot, en effleurant d'une main féminine la soie du pyjama; la main se fit doucement insistante (Beauvoir, Invitée,1943, p. 92). − P. anal. Pluie insistante. D'ailleurs parmi les moucherons, il y en avait un plus gros que les autres et plus insistant (Queneau, Pierrot,1942, p. 22). b) [En parlant (de l'objet) d'une perception] Qui dure, auquel on ne peut échapper. Douleur insistante. On sent irradier de la plus humble tige Quelque parfum hardi, insistant, incisif (Noailles, Éblouiss.,1907, p. 112).Au monde à son sixième mois tout entier qui s'ouvre sous la lumière insistante (Claudel, Corona Benignitatis,1915, p. 399).La paix régnait mais non le silence, que troublait un bruit insistant et léger (Colette, Gigi,1944, p. 192). − Au fig. J'ai rebroussé chemin, tant est devenu insistant mon désir de dicter immédiatement sur ce que je me définis à moi-même depuis vendredi soir (Du Bos, Journal,1928, p. 147). B. − Qui revient à une place identique ou à une place déterminée par une loi de structure dans un déroulement temporel. Ces thèmes insistants et fugaces [dans l'œuvre de Wagner] qui visitent un acte, ne s'éloignent que pour revenir, et, parfois lointains, assoupis, presque détachés, sont, à d'autres moments, tout en restant vagues, si pressants et si proches (Proust, Prisonn.,1922, p. 159). Prononc. et Orth. : [ε
̃sistɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Att. ds Ac. 1935. Fréq. abs. littér. : 290. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 119, b) 317; xxes. : a) 388, b) 727. |