| INSIPIDE, adj. A. − Qui n'a aucune saveur, aucun goût. La magnésie blanche est insipide et inodore; (...) elle se dissout avec effervescence et promptement (Kapeler, Caventou, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 152).Elle [la bouteille] est légère, imputrescible, insipide et inodore, garantissant ainsi la conservation du liquide (Arts et litt.,1935, p. 84-03). ♦ Diabète insipide. ,,Syndrome (...) caractérisé exclusivement par l'association soif et diurèse aqueuse`` (Lar. encyclop.). − P. ext. Qui n'a pas assez de saveur, dont le goût est fade. Aliment, breuvage insipide. Il fait bon aussi changer de nourriture quelquefois, car la même cuisine, à la longue, devient insipide (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 83).Il avait horreur du lait (...). [Lorsqu'] on lui offrait quelques gouttes de l'insipide liquide, il l'écartait doucement du geste (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 246). B. − Au fig. 1. [En parlant d'un inanimé] Qui manque d'intérêt, de piquant. Synon. ennuyeux, fade, fastidieux, terne; anton. divertissant, exaltant, passionnant.Conversation, travail, vie insipide. Nos jours se passaient, comme chacun le soupçonne, dans une grande et insipide monotonie. L'ennui, les souvenirs, la mélancolie, étaient nos dangereux ennemis (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1893, p. 325): Quand on ne veut pas se contenter des aperçus informes formés par le sens commun, il faut bien suivre des procédés tout opposés à ceux des sociologues, qui fondent leur réputation, auprès des sots, grâce à un bavardage insipide et confus
Sorel, Réflex. violence,1908, p. 67. 2. [En parlant d'une pers.] Qui manque de personnalité, de piquant. Synon. insignifiant.Cet homme petit, les cheveux jaunes, le regard faux, gluant, humble, insipide, bavard, bas, loquace et pâteux (Goncourt, Journal,1856, p. 274).Des sombres salles de concerts, étouffantes et puantes, des voisins désagréables, des virtuoses insipides (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 492). REM. Insipidement, adv.,rare. De façon insipide. L'habitant de la plaine et des riants vallons, Insipidement gais, ou tristement féconds, Rêve moins tendrement à ses dieux domestiques (Delille, Imagin., t. 1, 1806, p. 214). Prononc. et Orth. : [ε
̃sipid]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1534 [date de l'éd.] saveur insipide (Guidon en fr., 121 a, d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 90); b) 1665 fig. phrase insipide (Boileau, Satires, II, éd. F. Escal, p. 18); 2. ca 1540 « dépourvu de raison, de jugement (d'une personne) » (G. de Gaigny [de Ganay], Serm. de Guerricus, fol. 79 vods Gdf. Compl.); 1588 « déraisonnable (d'une chose) » (Montaigne, Essais, III, V, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 873). Empr. au b. lat.insipidus « fade, insipide » au propre et au fig. Le sens 2 est empr. à l'emploi fig. de sapidus (de sapere) « qui a du jugement, sage, vertueux », cf. insapiens « déraisonnable ». Fréq. abs. littér. : 363. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 832, b) 325; xxes. : a) 480, b) 370. |