| INSENSIBILISER, verbe trans. A. − Rendre insensible à certaines sensations physiques. L'habitude, du reste, m'avait insensibilisé à ces grandes orgues monotones, aux vagues égales [un ronflement] (Arnoux, Zulma,1960, p. 201). − Domaine de la chirurg., de la méd.Rendre insensible à la douleur. Insensibiliser les nerfs d'une dent (Ac.1935). ♦ Insensibiliser à + subst.La grenouille est insensibilisée à la douleur puisque la destruction du cerveau lui a fait perdre toute sensibilité consciente (Camefort, Gama,Sc. nat.,1960,p. 254). B. − Rendre insensible à certaines émotions, sensations morales ou intellectuelles : Un véritable artiste connaît seul, l'œuvre achevée, cet épuisement profond, non sans douceur, ce demi-sommeil qui n'insensibilise que la part supérieure de l'être, maintient l'âme dans un certain état d'expectative, d'attente, qui ressemble à la résignation.
Bernanos, Gde peur,1931, p. 182. REM. 1. Insensibilisateur, -trice, adj.Qui produit l'insensibilité, qui anesthésie. Le pouvoir insensibilisateur du froid (R. Simonet, Le Froid,p. 123 ds Rob. Suppl. 1970).Emploi subst. masc. Appareil permettant d'insensibiliser, d'anesthésier. (Ds Guérin 1892; dict. xxes.). 2. Insensibilisation, subst. fém.Action de rendre insensible à la douleur; résultat de cette action. Procédé d'insensibilisation chirurgicale (Lebeau, Courtois, Pharm. chim., t. 1, 1929, p. 174). Prononc. et Orth. : [ε
̃sɑ
̃sibilize], (il) insensibilise [ε
̃sɑ
̃sibili:z]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. a) 1784 « rendre insensible (au sens moral) » (Brissot, Journ. du Licée, septembre 1784 (II, p. 171) ds Proschwitz Beaumarchais, p. 129); b) 1801 cœur insensibilisé (Mercier Néol.); 2. 1864 « rendre insensible une partie du corps » (Journ. de méd. et de chir. pratiques, XXXV, 366 ds Quem. DDL t. 8). Dér. sav. de insensible*; suff. -iser*. Bbg. Quem. DDL t. 4, 14 (s.v. insensibilisation). |