| INSCRIPTION, subst. fém. I. − Action d'inscrire, de garder la trace écrite de quelque chose. A. − Action de porter le nom de quelqu'un ou une mention que l'on veut conserver sur un document, une liste, un registre; résultat de cette action. Inscription des dépenses, des recettes; inscription d'un acte sur les registres de l'étatcivil; inscription au procès-verbal. Aujourd'hui les naissances devraient être inscrites aux églises et aux mairies; mais l'inscription à l'église fait foi, et les maires professent un mépris souverain pour les écritures (About, Grèce,1854, p. 195): 1. Dansaert, installé en personne au bureau du marqueur, dans la lampisterie, inscrivait chaque ouvrier qui se présentait, et lui faisait donner une lampe (...). Cependant, lorsqu'il aperçut au guichet Étienne et Catherine, il eut un sursaut, très rouge, la bouche ouverte pour refuser l'inscription...
Zola, Germinal,1885, p. 1534. − Spécialement 1. ADMIN. MAR. ♦ Inscription maritime. Enregistrement et recensement des marins professionnels, qui doivent effectuer leur service militaire dans la marine nationale; effectif des marins recensés. Le pilote Rochetry, sans doute d'après des souvenirs trop anciens, me disait que la diminution de l'inscription maritime venait de la nourriture insuffisante (Michelet, Journal,1845, p. 616).Ils [les inscrits maritimes] sont (...) astreints à se présenter devant l'Administration de l'Inscription Maritime lorsqu'ils ont atteint l'âge de vingt ans ou dès leur retour en France (M. Benoist, Pettier, Transp. mar.,1961, p. 152).P. méton. L'administration qui effectue ce recensement. Il priait bien qu'on n'en parlât pas, à cause de M. le commissaire de l'inscription maritime, qui aurait pu lui chercher une affaire pour cette épave non déclarée (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 263). 2. DROIT ♦ Inscription de faux, en faux. Procédure civile particulière par laquelle on cherche à établir qu'un acte authentique est faux ou falsifié. Si vous vous opposez à notre inscription en faux contre l'acte de décès, vous perdrez ce premier procès (Balzac, Chabert,1832, p. 94).Les procès-verbaux, revêtus de toutes les formalités prescrites (...) feront de même preuve suffisante jusqu'à inscription de faux (Code pêche fluv.,1875, p. 25). ♦ Inscription (hypothécaire). Mention effectuée sur un registre tenu à la Conservation des hypothèques et qui signale qu'une propriété est hypothéquée. Faire faire au bureau du Conservateur des hypothèques, des inscriptions sur l'immeuble aliéné (Code civil,1804, art. 2194, p. 401).La somme des hypothèques dont l'immeuble était grevé dépassant le prix de l'acquisition, la créance de Frédéric se trouvait complètement perdue. Tout le mal venait de n'avoir pas renouvelé en temps utile une inscription hypothécaire (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 22). ♦ Inscription d'office. ,,Pouvoir accordé par des textes aux autorités de tutelle d'inscrire elles-mêmes au budget des collectivités territoriales ou des établissements publics des dépenses obligatoires que l'organe délibérant de ces personnes publiques refuserait d'y porter`` (Jur. 1974). ♦ Inscription électorale. ,,Obligation et fait pour tout citoyen de figurer sur une liste alphabétique qui conditionne l'exercice du droit de vote`` (Debb.-Daudet Pol. 1978). L'administration communale entreprend la révision ou la reconstitution des listes électorales et procède à l'inscription sur ces listes des femmes devenues électrices (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 572). 3. ENSEIGN. SUPÉRIEUR. Prendre ses inscriptions (en faculté). Se faire inscrire au début de chaque trimestre sur les registres de la faculté afin d'en suivre les cours et de postuler des grades ou titres universitaires. Il avait bouleversé trois fois ses projets, pris successivement des inscriptions à la Médecine, au Droit, aux Sciences politiques, et acquis tous les livres nécessaires à chacune de ces études (Martin du G., Devenir,1909, p. 57): 2. Il avait passé, de bonne heure, et de manière fort brillante, une licence de philosophie. Puis, soudainement touché de quelque lueur secrète, il avait commencé les études médicales et pris en même temps des inscriptions à la Faculté des sciences.
Duhamel, Cécile,1938, p. 56. 4. FIN. Inscription de rente, sur le Grand Livre de la dette publique. Titre, délivré par l'État, d'une rente perpétuelle due par le Trésor public. Voici la dot de mademoiselle Eugénie de Sellefeuille. La mère prit avec reconnaissance le titre dotal, une inscription au Grand-livre de la dette publique (Balzac, Double fam.,1830, p. 254).Excusez l'indiscrète brutalité de la question, avez-vous des rentes sur l'État? − Toute ma fortune est en inscriptions; six à sept cent mille francs à peu près (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 102). B. − Ce qui est inscrit. 1. Ensemble de caractères écrits ou gravés sur un monument, une médaille, une monnaie, généralement pour commémorer le souvenir de quelqu'un ou de quelque chose, ou pour indiquer la destination d'un édifice. Inscription funéraire; inscription grecque, latine, hiéroglyphique; déchiffrer, étudier une inscription; Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il alla chez un marchand de couronnes funéraires, il choisit un bel article, jais noir, avec l'inscription : Souvenirs et regrets (Vogüé, Morts,1899, p. 17).Les inscriptions antiques ont le contenu le plus varié, depuis les plus simples, graffites obscènes, injurieux ou pieux, acclamations, souvenirs et saluts (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 455): 3. ... le vicaire de Harrow et plusieurs membres du conseil de fabrique trouvèrent immoral de recevoir dans leur église une enfant naturelle, surtout si une inscription révélait le nom de son père. La fille de Claire fut donc enterrée hors de l'église, et sans inscription, comme il convenait.
Maurois, Ariel,1923, p. 323. − P. métaph. Toutes les inscriptions gravées sur la mémoire inconsciente reparurent comme par l'effet d'une encre sympathique (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 427). 2. Indication écrite placée en un lieu apparent et servant à donner un avis, un renseignement. Inscription d'une affiche, d'un panneau, d'un poteau indicateur. Des routes qui se croisent sans écriteaux, des bornes dont on a pris soin d'effacer l'inscription (Renard, Journal,1894, p. 242).Les inscriptions publicitaires, les bons vœux de Joyeux Noël! givrés d'or et d'argent (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 251): 4. Tout indique que c'est là une terre réservée. Les avertissements sont partout. Des inscriptions annoncent sur le chemin que « l'entrée est interdite », d'autres, autour du bois que la chasse est gardée; d'autres encore, à l'entrée et à la sortie de la rivière, que la pêche est défendue.
Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 30. II. − Rare. Action d'inclure une chose dans une autre : 5. Le soleil a, dans le travail qui le chasse à travers l'étendue, à surmonter avec son propre poids l'opposition des planètes qui l'étreignent et le « remontent », coalisées avec lui dans sa résistance. Et leur course à la fois est l'inscription du temps dans l'espace, traduction de la passion solaire, et l'échappement de la détente primordiale.
Claudel, Art poét.,1907, p. 137. − CH. DE FER. Inscription en courbe, dans les courbes. ,,Possibilité pour un véhicule de circuler dans une courbe de rayon donné, compte tenu des différents jeux, du surécartement éventuel et de la longueur de l'empattement rigide`` (Lar. encyclop.). Le principal avantage des bogies et des avant-trains bissels n'est pas (...) de faciliter l'inscription des locomotives à grand empattement dans les courbes de très faible rayon (Herdner, Constr. et conduite locomot., t. 2, 1887, p. 302). − GÉOM. [Correspond à inscrire II A] ,,Action d'inscrire dans une surface donnée`` (Lexis 1975). Prononc. et Orth. : [ε
̃skʀipsjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1444 inscripcion « fait de s'inscrire comme partie dans un procès » (P. Champion, Guillaume de Flavy, pièce justificative noLXXI, Bibliothèque du xves., t. 1, p. 223) − 1771, Trév.; b) 1615 « action de s'inscrire sur un registre » (E. Pasquier, Recherches de la France, p. 827); c) 1585 inscription de faux (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 2, p. 48); d) 1690 géom. (Fur.); 2. a) 1480 « titre d'un dossier » (Doc. ds Champollion-Figeac, Doc. hist. inédits, Paris, 1846, t. 4, p. 475); b) 1509 « texte écrit ou gravé » (J. Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule, éd. J. Stecher, t. 1, p. 257). Empr. au lat.inscriptio « action d'inscrire; ce qui est inscrit ». Fréq. abs. littér. : 1 340. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 586, b) 1 833; xxes. : a) 1 936, b) 1 344. Bbg. Quem. DDL t. 11. |