| INJURIER, verbe trans. Accabler (quelqu'un) d'injures pour l'offenser, exprimer sa colère contre lui. Injurier copieusement, grossièrement qqn; s'en aller en injuriant qqn. Les deux larrons l'injurient [Jésus], les passants le raillent (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1471).Ils l'entendirent injurier la bourrique : « Bête d'Allemagne, sac à tristesse », et des jurons, je crois (Barrès, Barbares,1888, p. 83).Si nous insistions, il nous injuriait ou se moquait de nous, selon l'humeur du jour (Abellio, Pacifiques,1946, p. 269):... j'en vis plusieurs sous mes fenêtres insulter des ouvriers carrossiers qui rentraient une voiture à bras. Ces honnêtes gens s'arrêtèrent, écoutèrent les aboiements de ces chiens bassets qui injuriaient le travail véritable au nom du désordre.
Vigny, Mém. inéd.,1863, p. 148. − Emploi pronom. ♦ réciproque. Catins qui s'injurient, se crachent à la face, se menacent de coups de couteau (Huysmans, Marthe,1876, p. 48). ♦ réfl. Il s'injuria, deux ou trois fois, en termes familiers et blagueurs. Puis il succomba sans peine aux délices du travail (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 174). − Au fig., littér. Injurier le ciel, le sort. Elle se faisait humble, mais des rages soudaines la prenaient, et alors elle aurait voulu injurier le destin (Zola, M. Férat,1868, p. 149). REM. Injuriant, -ante, adj.,rare. Qui injurie. C'est [l'ultra de Paris] une espèce terrible, bruyante, injuriante, accoutumée à n'être jamais contredite, parlant trois quarts d'heure avec la même phrase (Stendhal, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 244). Prononc. et Orth. : [ε
̃
ʒyʀje], (il) injurie [ε
̃
ʒyʀi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1188 enjurier « faire du tort, porter dommage (à qqn) » (Aspremont d'apr. Lar. Lang. fr.); 1266 (Franchises d'Orgelet [arrtde Lons-le-Saulnier, Jura], Droz, t. 26 ds Gdf. Compl.); id. part. prés. subst. (ibid.); 2. 1606 « offenser par des paroles blessantes » (Nicot). Empr. au b. lat.injuriari « faire du tort à, outrager; offenser par des paroles blessantes, dire des injures ». Fréq. abs. littér. : 386. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 293, b) 468; xxes. : a) 1 045, b) 510. Bbg. Gohin 1903, p. 235 (s.v. injuriant). |