| INITIATIVE, subst. fém. A. − Action de celui qui, le premier, propose, entreprend, réalise quelque chose de lui-même. Prendre l'initiative de (qqc.); à/sur l'initiative de (qqn). Il n'a jamais pris l'initiative d'une idée (Sainte-Beuve, Pensées,1868, p. 92).Le fait est que ces exercices [spirituels d'Ignace De Loyola] ne laissaient aucune initiative à l'âme; ils la considéraient ainsi qu'une pâte molle bonne à couler dans un moule (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 238): 1. L'homme, oubliant que dans l'ordre de l'être et du bien, c'est Dieu qui a la première initiative et qui vivifie notre liberté, a voulu faire de son mouvement propre de créature le mouvement absolument premier, donner à sa liberté de créature la première initiative de son bien.
Maritain, Human. intégr.,1936, pp. 34-35. − Résultat de l'action ainsi entreprise. Il salua au passage toutes les initiatives, tous les dévouements, toutes les générosités, qui se partageaient le mérite de cette œuvre presque décennale (Romains, Copains,1913, p. 257).Le soir du 1eravril, je pouvais écrire au président du Conseil : « Les initiatives de l'ennemi semblent dès aujourd'hui enrayées et paralysées » (Foch, Mém., t. 2, 1929, p. 36). ♦ Syndicat* d'initiative. B. − ,,Droit de soumettre à l'autorité compétente une proposition en vue de la faire adopter par celle-ci`` (Cap. 1936). Droit d'initiative; initiative parlementaire. Les républicains forcèrent le roi à prendre des ministres à leur dévotion, et ceux-là l'obligèrent à faire usage de l'initiative constitutionnelle pour aller lui-même à l'Assemblée proposer la guerre contre l'Autriche (Staël, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 371).Art. 3. − Le Président de la République a l'initiative des lois concurremment avec les membres des deux chambres (Doc. hist. contemp.,1875, p. 37): 2. De même, en matière budgétaire, si le vote appartient au Parlement, l'initiative des dépenses est parfois réservée au Gouvernement et celui-ci joue en tous cas un rôle prépondérant dans la préparation et la discussion du budget.
Vedel, Dr. constit.,1949, p. 168. ♦ Initiative populaire. Pouvoir accordé aux citoyens de certains pays (Suisse, par exemple) de proposer au vote du corps électoral un nouveau texte constitutionnel ou législatif, ou la modification d'un texte existant (d'apr. Encyclop. univ. t. 15 1973, p. 521, s.v. Suisse). − Au fig. Il [Chamfort] disait : « Voilà une belle fête! On devrait pour mieux l'éclairer brûler quatre aristocrates aux quatre coins de l'autel ». Il n'avait pas l'initiative de ces vœux; longtemps avant lui, le ligueur Louis d'Orléans avait écrit... (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 181).Une attitude esthétique, nourrie à la fois de contemplation et d'action. L'artiste se donne un droit d'initiative pour la transformation des significations du monde (Jeux et sports,1967, p. 1166). C. − Trait de caractère qui porte à entreprendre volontiers quelque chose, à prendre une décision, sans attendre d'ordres pour le faire. Esprit d'initiative; manquer d'initiative. En France, au contraire, tout est laissé à l'initiative, à l'intelligence, à l'invention (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Opin. publ., 1881, p. 367).L'homme n'a de valeur dans le monde que par deux facteurs essentiels : l'initiative et la responsabilité (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 108): 3. Il y a, à l'inverse, des gens qui naissent et meurent soumis. Cette soumission, passive et stérile, n'a pas plus de rapport avec l'obéissance ou la fidélité lucides que la persévération avec la persévérance ou l'indépendance compensatoire avec l'autonomie de la personne. Elle est le fait de psychismes mineurs ou minorisés par une éducation contrainte. Dépourvus de toute initiative intellectuelle ou pratique, ils jugent par autrui et n'avancent un geste que s'il est dicté par autrui.
Mounier, Traité caract.,1946, p. 441. Prononc. et Orth. : [inisjati:v]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1567 « action de celui qui propose ou organise le premier quelque chose » en prenant l'initiative (Cité ap. Fuzon, Bibl. verdunoise, t. IV, 166 ds Delb. Notes mss), attest. isolée; à nouv. au xixes. 1802 (Flick ds FEW t. 4, p. 695b); 1803 (Maine de Biran, Influence habit., p. 16); 2. 1790 dr. « droit qu'ont le roi ou les membres du parlement de proposer des lois » (De Locme, Constit. de l'Angl., 4eéd., I, p. 223 ds Brunot, t. 6, p. 450, note 3); 3. 1800 « liberté de choisir » (Boiste); 4. 1842 « disposition à entreprendre » l'esprit d'initiative (Reybaud, J. Paturot, p. 155). Dér. de initier* sur le modèle de défensive*, expectative*, etc. Fréq. abs. littér. : 1 096. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 373, b) 619; xxes. : a) 1 576, b) 3 063. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 324. - Gohin 1903, p. 267. |