| INIMITIÉ, subst. fém. Sentiment d'aversion, d'hostilité à l'égard de quelqu'un ou d'une collectivité. L'argent placé à la Caisse d'Épargne, cet argent liquide, si rare dans les campagnes, dont la possession leur avait valu parfois toute sorte d'inimitiés (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 283):[L'Angleterre et la France] ont donné à l'Europe, durant des siècles, le spectacle d'une inimitié d'autant plus vive, qu'elle semblait une de ces haines de famille, les plus âcres de toutes, comme dit Tacite.
Barante, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 73. − Vieilli. [En compl. prép.] L'idiome dédaigné du Saxon vaincu fut adopté par les vainqueurs, en inimitié de leur ancienne patrie (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist., t. 4, 1831, p. 2).La moitié peut-être du genre humain éclairé me dirait que je suis dans l'inimitié de Dieu (Renan, Souv. enf.,1883, p. 403). − P. anal. Antipathie naturelle, aversion instinctive qu'éprouvent certains animaux entre eux. Il y a de l'inimitié, une inimitié naturelle entre le chien et le chat (Ac.1835-1935). Prononc. et Orth. : [inimitje]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. xiiies. [ms.] « sentiment de haine ou d'hostilité à l'égard de quelqu'un » (Digestes, ms. Montp., fo62d ds Gdf. Compl., s.v. enemistié : Se aucune innimitié est meue entre lui et ceus qui l'avoit eslit). Réfection d'apr. le lat. inimicitia « haine » (lui-même dér. de inimicus « ennemi », dér. de amicus « ami », préf. in- négatif) de l'a. fr. enemistie « id. » (dep. 1145, Everart, trad. des Distiques de Caton, éd. E. Stengel, 91d; v. aussi T.-L.), dér. de ennemi* sur le modèle de amitié*. Fréq. abs. littér. : 244. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 617, b) 285; xxes. : a) 268, b) 195. |