| INHIBITION, subst. fém. A. − DR., vieilli. Défense, prohibition (Ac. 1798-1935) : 1. ... le shériff (...) lut ceci : « (...) Ce jour d'huy, fuyant l'Angleterre (...) nous avons, par timidité et crainte, à cause des inhibitions et fulminations pénales édictées en parlement, abandonné (...) ledit enfant Gwinplaine... »
Hugo, Homme qui rit, t. 3, 1869, p. 7. Rem. Noté par Ac. 1935 comme ,,plus usité au pluriel qu'au singulier``. B. − PHYSIOL. Diminution ou arrêt du fonctionnement d'un organe ou de certaines fonctions sous l'effet d'une action nerveuse ou hormonale. Inhibition corticale, fonctionnelle; mort par inhibition. De cet ensemble, il [l'organe] reçoit tout à la fois des stimulations et des inhibitions (J. Rostand, La vie et ses probl.,1939, p. 66): 2. Nous ne savons pas comment les événements qui se passent dans les cellules pyramidales sont influencés par des événements antérieurs ou des événements futurs, comment des excitations y sont changées en inhibitions, et vice versa.
Carrel, L'Homme,1935, p. 112. C. − PSYCHOL. Arrêt, blocage d'un processus psychologique faisant obstacle à la prise de conscience, à l'expression, à la manifestation, au développement normal de certains phénomènes psychiques. Inhibition émotive, intellectuelle, morale, psychique : 3. La désadaptation sexuelle se traduit généralement en introversion; un goût dépravé des idées pures et des utopies fumeuses est un signe assez fréquent d'impuissance, au moins d'inhibition sexuelle.
Mounier, Traité caract.,1946, p. 605. − P. ext. et littér. Ralentissement de l'action, état d'impuissance, de paralysie. Inhibition des facultés, des sentiments; pouvoir d'inhibition. C'est seulement une vague de paresse (...) qui entraîne mon actuelle inhibition en ce qui concerne le travail (Du Bos, Journal,1926, p. 36): 4. ... de lui-même par une sorte d'inhibition devant la douleur, mon esprit s'arrêtait entièrement de penser aux vers, aux romans, à un avenir poétique sur lequel mon manque de talent m'interdisait de compter.
Proust, Swann,1913, p. 178. D. − TECHNOLOGIE 1. Dans le domaine de la chim.Réduction de la vitesse d'une réaction chimique, arrêt de cette dernière par l'action de certaines substances. On a donné à ce phénomène, dans le cas de l'eau, le nom d'inhibition, et dans le cas d'autres corps le nom d'« adsorption » (J. Chim. Phys.,1908, p. 222) 2. Dans les domaines techn. ou industr. (industrie pétrolière).Opération qui consiste à incorporer un inhibiteur à une substance pour empêcher une réaction de se produire. (Ds Rob. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr.). Prononc. et Orth. : [inibisjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Fin xiiies. inibicion « interdiction » (Grandes chron. de France, Ph. le Bel, éd. J. Viard, t. 8, p. 128); fin xives. inhibition (Froissard, Chron., éd. S. Luce, livre I, chap. 72, t. 4, p. 100, § 330, l. 24). II. Av. 1890 physiol. (Brown-Séquard ds Lar. 19eSuppl.); 1908 chim. (J. Chim. Phys., p. 222). I empr. au b. lat. inhibitio, -onis « défense », class. « action de ramer en sens contraire », dér. du supin inhibitum de inhibere (v. inhiber), sur lequel est formé II, à l'aide du suff. -ion*. Fréq. abs. littér. : 131. Bbg. Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 140. |