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INFUSER, verbe trans.
A. − Faire tremper pendant un temps plus ou moins long une substance dans un liquide afin que celui-ci s'en imprègne. Laisser infuser de la verveine; mettre (à) infuser du thé; infuser à chaud, à froid. On peut, si on veut, y faire infuser quelques pincées de fleurs de camomille ou de sureau (Geoffroy, Méd. pratique,1800, p. 181).
P. métaph. Le premier, il infusa, il fit fermenter l'exotisme dans la poésie, et il composa un poison nouveau (France, Vie littér.,1888, p. 257).
Emploi pronom. [En parlant d'une substance] Être infusé. Le tilleul s'infuse.
B. − Faire pénétrer une substance liquide dans un corps :
1. − Mourir?... s'écria la vieille fille (...). J'ai de la vie pour deux, et je vous infuserais mon sang, s'il le fallait. Balzac, Cous. Bette,1846, p. 58.
P. métaph. Offenbach, avec sa nature primesautière, son instinct merveilleux des ressources du théâtre, infusait à l'Opéra-comique un sang nouveau (Saint-Saëns, Harm. et mélod.,1885, pp. 218-219).
Au fig. Faire pénétrer en insufflant. Infuser la connaissance, le principe de vie, la vigueur :
2. L'esprit de dieu étendit ses ailes paternelles, et infusa la vertu vitale et la chaleur vitale à travers la masse fluide... Chateaubr., Paradis perdu,1836, p. 97.
Emploi pronom. Son bonheur dura quinze années, sans le plus léger nuage; et comme une vive lumière, il s'infusa jusque dans les menus détails de l'existence (Balzac, Rech. absolu,1834, p. 138).
REM.
Infusé, subst. masc.Le produit d'une infusion. Infusé de pavot, de rhubarbe. Le produit de cette opération a reçu le nom d'infusé (Deschamps d'Avallon, Compendium pharm. prat.,1868, p. 129).
Prononc. et Orth. : [ε ̃fyze], (il) infuse [ε ̃fy:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1380 « faire pénétrer, introduire (une âme dans un corps) » (Jean Lefèvre, Trad. La Vieille, p. 222, 4699 ds T.-L.); 2. 1478 « faire pénétrer, verser un liquide dans un corps, un récipient » ([G. de Chauliac], Le Guidon en françois, fo199 ds Sigurs, p. 535); 3. ca 1516 « faire pénétrer en communiquant (un sentiment, une vertu, etc.) » (J. Perreal, Remonstrances de nature, 544 ds Roman de la Rose, éd. D. M. Méon, t. 4, p. 147, 544); 4. a) 1516 alchim. « communiquer une vertu à une substance » (Id., ibid., t. 4, p. 146, 525); b) α) 1575 « faire tremper une substance dans de l'eau pour en tirer le suc » (Paré, Œuvres complètes, XVI, 38, t. 2, p. 599); β) infusé subst. masc. 1798 « liqueur dans laquelle une substance a séjourné » (Encyclop. Méthod. Méd.). Dér. de infusion*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 108. Bbg. Gohin 1903, p. 364.