| INFUSION, subst. fém. A. − Opération consistant à laisser infuser (v. ce mot A) plus ou moins longtemps des substances dans un liquide afin d'en extraire les principes solubles. Vase à infusion. Sirop de vinaigre framboisé. Mettez (...) framboises bien mûres (...), ajoutez-y assez de bon vinaigre pour les couvrir entièrement; après huit jours d'infusion, versez tout à la fois (Audot, Cuisin. campagne et ville,1896, p. 538).Au surplus, les animalcules naissent dans les infusions non chauffées qui sont maintenues en vase clos (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 65). − Boisson résultant de la dissolution des principes actifs d'une plante, obtenue en versant de l'eau bouillante sur cette plante ou sur une partie ou des extraits de cette plante. Bol d'infusion, boule à infusion, goût, tasse d'infusion; boire une infusion; infusion aqueuse, bouillante, chaude, froide; infusion de bouillon blanc, de bourrache, de camomille, de tilleul, de verveine. Mais, cette fois, j'étais bien décidé à ne pas me résigner à ignorer pourquoi, comme je l'avais fait le jour où j'avais goûté d'une madeleine trempée dans une infusion (Proust, Temps. retr.,1922, p. 867). 1. Dans la goutte froide rien ne convient mieux pour éloigner les accès, que l'usage des amers, tels que les décoctions et infusions des racines de gentiane, (...) d'aristoloche, de feuilles de petite centaurée, d'absinthe (...), des baies de genièvre, etc.
Geoffroy, Méd. pratique,1800, p. 424. P. métaph. L'herboriste n'avait plus qu'à se noyer dans une infusion de patience (Reynaud, J. Paturot,1842, p. 220).B. − Action de verser dans quelque chose ou de répandre sur quelque chose. ♦ Baptême par infusion ou infusion. ,,Baptême qui a prévalu en Occident depuis la fin du Moyen-Âge et qui consiste à verser de l'eau sur la tête`` (Foi t. 1 1968). [À] l'abbatiale de Saint-Zénon, à Vérone, (...) la cuve [baptismale] d'immersion, d'un style roman bien caractérisé, a été disposée depuis pour l'infusion (Lenoir, Archit. monast.,1856, p. 114). ♦ MÉD. ,,Introduction d'un liquide dans l'organisme, le plus souvent par voie parentérale`` (Méd. Biol. t. 2 1971). − Au fig. ♦ Pénétration dans l'esprit et dans l'âme. Infusion de sang nouveau; infusion enivrante; recevoir par infusion; se transmettre par infusion : 2. ... à la diffusion et à la confusion où coulaient des poètes de l'aventure, Valéry opposait une manière d'infusion : l'infusion de l'aventure et de l'inattendu dans la vie intérieure.
Thibaudet, Hist. litt. fr. de 1789 à nos jours,1936, p. 553. ♦ THÉOL. Manière dont sont infuses certaines grâces surnaturelles. On prêtait aux apôtres le don de savoir, par infusion divine, tous les idiomes (Renan, Apôtres,1866, p. 65).Infusion de la grâce. ,,Acte par lequel Dieu communique librement sa grâce à l'homme`` (Foi t. 1 1968). Prononc. et Orth. : [ε
̃fyzjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. théol. « pénétration dans l'âme de certaines facultés ou grâces surnaturelles » (Sermons St Grégoire sur Ezéchiel, p. 42 ds T.-L.); 2. xiiies. [ms.] « enduit » (Livre des simples medecines, Bibl. Ste Gen. 3113, fo34b, éd. P. Dorveaux, p. 90, § 510); 3. a) 1572 « action de répandre, d'appliquer un liquide (chargé de principes médicamenteux) sur (une plaie) » (Amyot,
Œuvres morales et meslées de Plutarque, p. 55vo); b) 1688 [baptême par] infusion (Bossuet, Histoire des variations des églises protestantes, 15 ds Littré); 4. 1605 « action de laisser séjourner dans un liquide une substance dont on veut extraire les principes solubles » (O. de Serres, Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, XVI, 38 ds Littré); 5. 1611 « liqueur dans laquelle une substance a séjourné » (Cotgr.). Empr. au lat.infusio « action de verser dans, infusion, injection »; « action d'humecter, d'arroser; épanchement » en b. latin. Fréq. abs. littér. : 177. Bbg. Clément (J.-M.). Lex. des termes de brasserie. Banque Mots. 1977, no13, p. 80. |