| INFIDÉLITÉ, subst. fém. A. − Manque de fidélité. Infidélité préméditée, punie, secrète; aveu de son infidélité; convaincu d'infidélité; preuve d'infidélité; commettre une infidélité; sujet à l'inconstance et à l'infidélité. 1. [À l'égard d'une pers.] a) Inconstance dans le service d'autrui. Le Grand Seigneur soupçonnant le pacha d'infidélité voulut savoir ce que contenaient les lettres (Frapié, Maternelle,1904, p. 160). b) En partic. [Dans la vie amoureuse ou conjugale] Action, fait de tromper son partenaire. Faire des infidélités à qqn. En Écosse même, l'infidélité du mari dissout le mariage aussi bien que celle de la femme, et le sentiment du devoir, dans un pays libre, met toujours de niveau le fort et le faible (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 362).Le premier point convenu entre les trois associés fut de mettre en œuvre, en les faisant parvenir jusqu'aux oreilles du roi Hilperik, les bruits généralement répandus sur l'infidélité conjugale et les désordres de Fredegonde (Thierry, Récits mérov., t. 1, 1840, p. 217): 1. J'essayai de lui faire entendre qu'égaré par la passion comme Gustave, je n'avais cherché loin d'elle qu'une Bianca : que c'était une liaison d'un ordre assez fragile où j'avais voulu m'étourdir; que d'ailleurs, nulle infidélité irréparable n'était consommée encore, et qu'il pouvait être toujours temps de briser.
Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 123. 2. [P. rapport à une obligation] Lâcheté. S'il favorisait l'injustice de cet ami, il deviendrait complice de son infidélité au pacte social (Proudhon, Propriété,1840, p. 307).Le soupçon réciproque d'infidélité à la tâche commune (...) éveille leur jalousie (Proudhon, Propriété,1840p. 327): 2. Aucun des partis coalisés ne peut appliquer son programme, puisqu'il dépend aussi de ses alliés : il peut donc rejeter sur ces derniers la responsabilité des infidélités aux promesses faites à ses électeurs.
Traité sociol.,1968, p. 33. − P. ext. Malhonnêteté. Il me parle des indigents de sa paroisse qu'il faut d'abord secourir et de l'infidélité certaine des prétendus emprunteurs (Bloy, Journal,1902, p. 116). ♦ RELIG. Trahison de la foi. Si mon imagination était naturellement religieuse, mon esprit était sceptique; examinateur impartial des motifs de la foi et des motifs de l'infidélité (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 614): 3. Le soleil, dit le Père Maunoir, n'a jamais éclairé canton où ait paru une plus constante et invariable fidélité dans la vraie foi, que la Bretagne. Il y a treize siècles, qu'aucune infidélité n'a souillé la langue qui a servi d'organe pour prêcher Jésus-Christ...
Chateaubr., Mém., t. 1, 1848p. 48. B. − Manque de conformité à la réalité, à un modèle, à un original. Synon. inexactitude.Ainsi le principe est resté intact; et il est demeuré constant que la cause de toutes nos erreurs est l'infidélité de nos souvenirs (Destutt de Tr., Idéol.,1805, p. 349).Par l'infidélité de l'imprimeur, une ligne importante a disparu (Bloy, Journal,1900, p. 30). Prononc. et Orth. : [ε
̃fidelite], [-εl-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 « manquement à sa foi, à ses devoirs envers Dieu » (B. de Sainte-Maure, Chron. des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 2079); 2. 1497 « manque de loyauté; acte déloyal » (Deux réd. du Roman des Sept sages de Rome, éd. G. Paris, p. 150); 3. 1652, 19 août (Sévigné, Lettres, éd. Gérard-Gailly, t. 1, p. 103 : l'infidélité de nos courriers); 4. 1740 infidélité de la mémoire (Ac.). Empr. au lat.infidelitas « manque de foi, inconstance, infidélité » à l'époque class.; spéc. « manque de foi en Dieu (des Juifs, chrétiens, païens) » à l'époque chrétienne. Fréq. abs. littér. : 377. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 872, b) 357; xxes. : a) 332, b) 297. |