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INFESTER, verbe trans.
A. − [Le suj. désigne un ensemble de pers.] Ravager (un endroit) par des invasions, des actes de violence réitérés. Synon. désoler, dévaster.Les pirates infestaient toutes les côtes (Ac.1935).La guerre civile s'engage; des partis amis ou ennemis (il n'y a pas grande différence) infestent le pays (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 4, 1851-62, p. 89).Les Sarrasins du Fraxinet, par bandes, Infestent la Provence et le bas Dauphiné (Hugo, Légende, t. 6, 1883, p. 142):
1. À cette époque de troubles et de guerres intestines, il était rare qu'on osât s'aventurer hors des villes, et, si quelque affaire vous y forçait, ce n'était que bien armé ou même avec une escorte, tant était grande la crainte des bandouliers et des hommes d'armes en déroute qui infestaient les campagnes, employant leurs loisirs à détrousser et rançonner les voyageurs. Balzac, Œuvres div., t. 2, 1831, p. 333.
P. anal. On prétendait que de malins esprits infestaient ce château (Littré).
P. exagér., péj. Envahir (un endroit) de façon à y causer des désagréments. Le village de F... avant d'être infesté par les artistes, recélait de très-jolies femmes sous de charmants costumes (Feuillet, Bellah,1850, p. 1).Cette fille superbe, mais équivoque et rencontrée dans un endroit qu'infestaient les gens de police (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 483).Notre époque est infestée de dadais à lunettes d'écaille qui fréquentent les coulisses de l'audace, parlent fort et jugent tout (Cocteau, Poés. crit. II,1960, p. 56).
B. − P. ext. [Le suj. désigne un animal ou une plante] Se répandre à profusion au point de causer des dommages. Les mauvaises herbes qui infestent nos champs (Ac.1835-1935).Les rats, les puces infestent cette maison. Soleïman, notre nouvel interprète, nous prie instamment de ne point nous écarter, par crainte des très nombreux serpents qui infestent ce pays (Gide, Retour Tchad,1928, p. 946).Il s'était pris pour ce malheureux atelier d'un dégoût forcené. Comme s'il avait été infesté par la vermine, comme si un rat y avait crevé sous les lames du parquet, empestant l'air (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 146):
2. Mais s'il s'agit d'une mauvaise plante, il faut arracher la plante aussitôt, dès qu'on a su la reconnaître. Or il y avait des graines terribles sur la planète du petit prince... C'étaient les graines de baobabs. Le sol de la planète en était infesté. Saint-Exup., Pt Prince,1943, p. 425.
Au fig., péj. [Le suj. désigne une chose] Abonder (dans un endroit) de façon à incommoder. Ce genre de peinture infestait tous les dessus de porte où l'artiste avait inventé ces éternelles Saisons (Balzac, Vieille fille,1836, p. 303).La vallée de l'Oise, est infestée d'usines, de fabriques et d'installations allemandes (L. Daudet, Av.-guerre,1913, p. 237).
Rare. [Le suj. désigne une pers; le compl. d'obj. dir. désigne une chose] Infester qqc. de.Bernin a infesté l'église de statues maniérées qui se déhanchent et font des grâces (Taine, Voy. Ital.,1866, p. 22).On infesta ainsi le français de la finale ation, qui peu à peu a détruit le pouvoir de aison, finale normale, moins lourde et plus définitive (Gourmont, Esthét. Lang. fr.,1899, p. 16).
C. − MÉD. [Le suj. désigne un parasite non microbien] Pénétrer dans un organisme et l'envahir. Les vers parasites infestent l'intestin de cet enfant (Davau-Cohen1972).
Emploi pronom. réfl. Cette affection parasitaire frappe surtout les porcelets (...) et quelquefois le veau et le mouton, qui s'infestent en ingérant des œufs de ténia (Garcin, Guide vétér.,1944, p. 35).
[Par confusion avec infecter, le suj. désigne un microbe] Rieux et lui espéraient qu'un sérum fabriqué avec les cultures du microbe même qui infestait la ville aurait une efficacité plus directe que les sérums venus de l'extérieur (Camus, Peste,1947, p. 1326).
Au fig. [Le suj. désigne une chose] Rendre malsain. À travers ses épaisses murailles passe, transpire, s'évapore, pour en infester le quartier, la solitude glaciale de ses interminables corridors (Courteline, Ronds-de-Cuir,1893, 1ertabl., 2, p. 28).Mais quand le crime porte atteinte à la dignité humaine, infeste un peuple, pourrit sa loyauté, il n'est pas de pardon (Giraudoux, Électre,1937, II, 8, p. 199).Ils le priaient de venir purifier leur pays de tous les vices qui l'infestaient (Tharaud, Mille et un jours Islam II,1938, p. 208).
Emploi prononc. réfl. Je voulais que ce désir au cœur de mon père s'infestât et lui fit commettre une erreur (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 165).
Prononc. et Orth. : [ε ̃fεste], [-fe-], (il) infeste [ε ̃fεst]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1390 « importuner quelqu'un en le pressant de faire quelque chose » (Arch. JJ 139, pièce 22 ds Gdf.); 2. 1552 « ravager par des causes hostiles (p. ex. de pirates) » (Est.); 3. 1690 « envahir (en parlant d'animaux ou de plantes nuisibles) » (Fur.); 4. méd. a) ca 1570 « infester, atteindre (d'une maladie) » (Jean Vatel, Discours sur les corruptions de ce tems ds Satires françaises du xvies., éd. F. Fleuret et L. Perceau, t. 1, p. 130 : la contagion qui nostre France infeste); de nouv. b) 1910 « envahir (en parlant des parasites pénétrant dans un organisme) » (Brumpt, Parasitol., p. XXIII). Empr. au lat.infestare « harceler, ravager, désoler »; au fig. « attaquer, altérer, corrompre ». Le sens 4 est prob. dû à l'infl. de son paronyme infecter*. Fréq. abs. littér. : 118.