| INFATUER, verbe trans. A. − Emploi trans. 1. Vx et littér. a) [Le suj. désigne une pers.] Au passif. S'éprendre. Quand cette belle princesse mourut, Charlemagne ne pouvait se séparer de ce corps dont il était follement infatué, et les jours passaient (Barrès, Génie Rhin,1921, p. 239). b) [Le suj. désigne une chose] Séduire. On songe à ce lac bleu des Vosges dont les eaux glacées avaient infatué Charlemagne (Barrès, Colline insp.,1913, p. 254). 2. Gonfler d'orgueil et de sottes prétentions. Ce fut cet amour romanesque, raffiné jusqu'au ridicule, qui infatua les précieuses (Marmontel, Essai sur rom.,1799, p. 309).Ce succès, loin de l'infatuer, allait devenir un jeu qui serait au jeu ce que la pêche à la ligne est au travail de la ville (Cocteau, Enf. terr.,1929, p. 73). B. − Emploi pronom. Afficher une trop haute opinion de soi. Un autre vice de ce fatalisme, c'est qu'à force de se confondre avec la divinité, il arrive que l'humanité s'infatue jusqu'à la folie (Quinet, All. et Ital.,1836, p. 121). Prononc. et Orth. : [ε
̃fatɥe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xives. « rendre inepte » (Roques t. 2, 5891); 2. a) 1488 [éd. 1491] infatué de « rempli d'une passion ridicule (pour) » (Mer des Histoires, I, 49d, ds Rom. Forsch. t. 32, p. 88); b) 1530 « rendre ridiculement passionné de quelqu'un ou de quelque chose » (Palsgr., p. 591b); 1530 pronom. « s'enticher de quelqu'un, de quelque chose » (ibid., p. 553b); 3. a) 1689 être infatué de soi « devenir excessivement content de soi » (La Bruyère, De la Société et de la conversation, § 11 ds
Œuvres compl., éd. G. Servois, t. 2, p. 131); b) av. 1704 s'infatuer de « id. » (Bourdaloue, Pensées, t. 2, p. 172 ds Littré). Empr. au lat.infatuare « rendre sot, déraisonnable ». |