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INDIVISION, subst. fém.
A. − État d'une chose qui n'est pas divisée.
1. État d'une chose qui n'est pas séparée en parties, décomposée. Pour l'architecture comme pour les autres arts du dessin, le secret de la grandeur est de présenter les objets dans leur indivision, dans leur tout (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 82).Ne pas vouloir, c'est dire « je ne pourrai pas, étant donné ce que je suis, il ne peut pas se faire que ». Je me traite ici comme un tiers dont je parle. Vouloir, c'est au contraire se rayer comme « lui », retrouver l'espèce d'indivision féconde que la dialectique abolit (G. Marcel, Journal,1919, p. 216):
1. ... plus on aperçoit symboliquement de parties dans un tout indivisible, plus augmente, nécessairement, le nombre des rapports que les parties ont entre elles, puisque la même indivision du tout réel continue à planer sur la multiplicité croissante des éléments symboliques en laquelle l'éparpillement de l'attention l'a décomposé. Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 211.
2. En partic. [Avec une idée de non-partage]
DR. État d'un bien qui est possédé en commun par plusieurs personnes dont le droit porte conjointement sur l'ensemble de ce bien; situation juridique de personnes qui possèdent un bien indivis. Nul ne peut être contraint à demeurer dans l'indivision; et le partage peut être toujours provoqué, nonobstant prohibitions et conventions contraires (Code civil,1804, art. 815, p. 149).La propriété d'un seul tenant est généralement un domaine demeuré à l'écart des partages successoraux (bien de fondation inaliénable, bien de familles pratiquant l'indivision de la propriété foncière) (Traité sociol.,1967, p. 259).
Indivision forcée. ,,Indivision à caractère nécessaire et perpétuel. Se dit notamment de la copropriété des clôtures mitoyennes`` (Cap. 1936).
Au fig. La responsabilité [du chef du pouvoir exécutif] (...) le soumettant à l'autre pouvoir ramènerait l'indivision (Proudhon, Révol. soc.,1852, p. 106):
2. Entre ces jeunes filles (...) régnait la même indivision qu'au temps où je ne les connaissais pas et où l'apparition de n'importe laquelle me causait tant d'émotion en m'annonçant que la petite bande n'était pas loin. Maintenant encore la vue de l'une me donnait un plaisir où entrait, dans une proportion que je n'aurais pas su dire, celui de voir les autres la suivre de près... Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 944.
B. − État d'une chose qui n'est pas séparée d'autre chose. La faim se fait besoin de pain en l'absence du pain, dans l'indivision d'un manque éprouvé et d'une absence quasi observée (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 93).
Prononc. et Orth. : [ε ̃divizjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1606 « absence de division » (Champeynac, Metaphys. ds DG); 2. 1765 dr. « état d'une propriété, d'un bien indivis; situation juridique des personnes titulaires d'un droit indivis » (Encyclop. t. 8, s.v. indivis). 1 dér. de division*; préf. in-1*; 2 dér. de indivis* d'apr. division*; cf. aussi le b. lat. indivisio « état d'indivision (de la Trinité) » (Blaise Lat. chrét.) et, en lat. médiév., au sens jur. (1247 ds Du Cange). Fréq. abs. littér. : 16. Bbg. Gohin 1903, p. 315.