| INDIGÉRER, verbe trans. Vieilli A. − [Le suj. désigne un aliment] Donner une indigestion à quelqu'un. Le docteur Malouet (...) absorbait des quantités [de truffes] à indigérer un éléphant (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 101).Des montagnes de foies gras disparaissaient de dessus les assiettes : mes partisans en mangèrent de quoi indigérer deux régiments de cavalerie (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 331). B. − Emploi pronom. réfl. Se donner une indigestion. Ceux qui s'indigèrent ou qui s'enivrent ne savent ni boire ni manger (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825p. 10). − [Avec compl. d'obj. indir.] Il [le rouge-gorge] avait des goûts aussi bizarres que ses exercices, et, curieux d'essayer de tout, il s'indigérait de bougie et de pâte d'amandes (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 434). ♦ P. métaph. Nous nous sommes pourtant indigérés de dolmens et de menhirs (Sand, Corresp.,1866, p. 136).Ici, je reconnais, dans Jean Grave, un personnage que nous rencontrons à chaque pas dans la société moderne, l'homme du peuple qui s'est indigéré de lecture, bourré d'idées fausses ou mal comprises (Coppée, Franc-parler II,1896, p. 161). REM. Indigéré, -ée, part. passé adj.a) [En parlant d'une pers.] Atteint d'une indigestion. Maxime indigéré s'est aussitôt mis à ronfler sur le sable (Flaub., Corresp.,1850, p. 209).b) [En parlant d'un aliment] Qui n'a pas été digéré. Je prouvais (...) que les os du mouton n'étaient pas perméables comme ceux du canard à toutes les substances indigérées (Reybaud, J. Paturot,1842p. 317). Prononc. : [ε
̃diʒeʀe]. Étymol. et Hist. 1. Ca 1380 indigéré « qui n'a pas été digéré » (Evrart de Conty, trad. des Problèmes d'Aristote, ms. B.N. fr. 210, fo21 vods Gdf.); 2. 1825 s'indigérer « se donner une indigestion » (Brillat-Sav., op. cit., p. 10); 1825 indigérer « donner une indigestion à quelqu'un » (Id., ibid., p. 101). Dér., d'apr. indigestion*, indigeste*, de digérer*; préf. in-1*. Bbg. Jourjon (A.). Rem lexicogr. R. Philol. fr. 1917/18, t. 30, pp. 132-133. - Quem. DDL t. 6. |