| INDIGO, subst. masc. et adj. I. − Subst. masc. A. − Matière colorante bleue violacée, extraite par fermentation ou ébullition des feuilles et des tiges de l'indigotier ou fabriquée par synthèse. Colle, marchand, pain, tablette, teinture d'indigo; courtier en indigo. Il [un train] emportait un certain nombre de voyageurs (...) et des négociants en opium et en indigo (Verne, Tour monde,1873, p. 46). − P. ell. (Bleu d')indigo. La couleur bleue de l'indigo. Le ciel tourna, devint bleu d'indigo (Montherl., Songe,1922, p. 165). − P. ext. Tout bleu ressemblant à celui de l'indigo : À quelques centaines de mètres, une barque blanche, incroyablement lumineuse, glissait sur l'indigo de la mer.
Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 645. − OPT. Une des couleurs fondamentales du spectre solaire. Il [Newton] y a donc introduit arbitrairement, sous le nom d'indigo, une septième couleur, qui n'est cependant qu'une nuance du bleu (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 361). B. − Plante fournissant l'indigo. Synon. indigotier.Culture de l'indigo. Le coton, l'indigo, les cannes à sucre, le café, naissent sans culture sous les pas de l'habitant qui les dédaigne (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 354).− Et mes quatre cent mille plants d'indigo au Limbé! ajoutait un planteur (Hugo, Bug-Jargal,1826, p. 73). II. − Emploi adj. invar. Qui a la couleur bleue de l'indigo. Ciel, mer, robe, ton indigo. Il s'arrange un cabinet de travail orange avec des baguettes et des plinthes indigo (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 326). REM. 1. Indican, subst. masc.,,Glucoside extrait des feuilles de l'indigotier [infra dér.]. L'indican, corps amorphe, soluble dans l'eau et l'alcool, contient le principe colorant de l'indigo`` (Rob.; ds Nouv. Lar. univ.). 2. Indigomanie, subst. fém.,hapax. Manie de l'indigo. L'indigomanie, qui a fait tant de ravages dans les rangs de ces peintres, semble avoir définitivement échoué sur un ancien élève de Bonnat, sur M. Caillebotte (Huysmans, Art mod.,1883, p. 109). 2. Indigoteur, subst. masc.,hapax, péj. Fabricant d'indigo. Ce n'était pas un cotonnier, mais un indigoteur (Flaub., Corresp.,1853, p. 354). Prononc. et Orth. : [ε
̃digo]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1544 indico (J. Fonteneau, La Cosmographie, p. 379 ds Arv., p. 272 : En ces terres [de la côte occidentale de l'Inde] y a forces gynjambre et sandart, laquabre, indico et mirabolanes); 1578 indigo (doc. ds G. Fagniez, L'économie sociale de la France sous Henri IV, p. 378 d'apr. M. Höfler ds Cah. Lexicol. t. VI, 1965, p. 93 : les teinturiers de drap usent pour le present plus que la moitié de l'anil de Barbarie et de l'indigo de Port-Ingade). Prob. empr., en raison de la localisation géogr. des 1resattest. et malgré l'écart chronol., au port. indigo (cité comme mot port. en 1695 dans le traité lat. de Rumphius, v. Dalg.) : Fonteneau, dans le même passage que celui cité supra 1544, souligne en effet la puissance et le rôle commercial des Portugais aux Indes (v. Arv., loc. cit.). L'ital. indaco, très anciennement attesté (vénit. indego en 1246; ital. indaco en 1334 d'apr. Batt.; v. aussi Dalg.) est à l'orig. des deux formes éphémères indaco (1556) et indacum (1575) citées ds Arv., pp. 272-273. Ces mots sont issus du lat. indicum « indigo » (Pline), neutre substantivé de l'adj. indicus « indien ». Fréq. abs. littér. : 126. DÉR. 1. Indigoterie, subst. fém.a) Terre sur laquelle on cultive les indigotiers. Tous les possesseurs d'indigoteries font de mauvaises affaires (Gobineau, Corresp. [avec Tocqueville], 1856, p. 255).b) Usine dans laquelle on prépare l'indigo. Dans nos îles, on appelle indigoterie, toute plantation où l'on cultive l'indigotier. On donne aussi ce nom aux cuves de maçonnerie destinées à la fabrication de l'indigo (...). Chaque indigoterie est composée de trois cuves (Nouv. dict. d'hist. naturelle, Paris, Deterville, t. 16, 1817, p. 161).− [ε
̃digɔtʀi]. Att. ds Ac. dep. 1798. − 1reattest. 1657 Indigotterie (lettre du 15 janv. ds Du Tertre, Hist. gen. des Antilles, I, p. 515 d'apr. Arv., p. 279); de indigo, suff. -terie (-erie*). 2. Indigotier, subst. masc.a) Arbuste des pays chauds de la famille des légumineuses papilionacées des feuilles duquel on extrait l'indigo. Indigotier franc, indigotier des Indes. Autour d'eux verdoient des cotonniers, des indigotiers (Du Camp, Nil,1854, p. 88).b) Fabricant d'indigo. (Dict. xixeet xxes.). c) Ouvrier travaillant dans une indigoterie. (Dict. xixeet xxes.). J'ai eu à Saint-Domingue un nègre indigotier qui, avant de couler sa cuve en goûtoit toujours l'eau (...) mon indigotier tiroit le meilleur parti de la même herbe (Nouv. dict. d'hist. naturelle,t. 16, Paris, Deterville,1817,p. 165).− [ε
̃digɔtje]. Att. ds Ac. dep. 1835. − 1resattest. a) 1718 « plante des pays tropicaux dont les feuilles fournissent l'indigo » (Hist. de l'Acad. royale des Sciences, année 1718, Bot. ds Arv., p. 279), b) 1722 « fabricant d'indigo » (Labat, Nouveau Voyage aux Isles de l'Amerique, I, p. 286, ibid., p. 280); de indigo, suff. -tier (-ier*). 3. Indigotine, subst. fém.Principe colorant de l'indigo. On obtient facilement de l'indigotine à peu près pure et sous forme de cristaux en sublimant l'indigo du commerce (A. Wurtz, Dict. chim., t. 2, 1ervol., 1873, p. 100).− [ε
̃digɔtin]. − 1reattest. 1828 (Doin, Dict. teint.); de indigo, suff. -tine (-ine*). BBG. − Arv. 1963, pp. 272-280. - Boulan 1934, p. 76. |