| INCULTE, adj. A. − 1. [En parlant d'une terre] Qui n'est pas cultivé, qui ne se prête pas à la culture. Synon. abandonné, en friche, incultivé (vx).Sol, terrain inculte; terres incultes. Tout le jardin est abandonné, inculte, ruineux; le lierre s'y étale (Goncourt, Journal,1869, p. 493).De chaque côté du chemin s'étendaient des landes incultes, des espaces où la couche d'humus était si mince, qu'on ne pouvait même pas y semer du seigle (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 198). − P. méton. [En parlant d'une végétation] Qui est propre aux terres en friche, qui ne doit rien au travail de l'homme. La végétation y était énorme, superbe, puissamment inculte, pleine de hasards qui étalaient des floraisons monstrueuses, inconnues à la bêche et aux arrosoirs des jardiniers (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1345).Une espèce de marécage perfide, où les eaux luisaient entre les végétations incultes (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 360). 2. P. anal. [En parlant du système pileux d'une pers. ou d'un animal] Qui n'est pas soigné. Synon. ébouriffé, échevelé, hérissé, hirsute, négligé.Chevelure, tête, toison inculte. Une moustache inculte commençait à lui traîner sur les lèvres (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 248).Un homme paraissant la soixantaine bien sonnée, avec une barbe inculte et d'un gris douteux (Montherl., Célibataires,1934, p. 737): Ses cheveux incultes se tordaient autour de son front et de ses joues en longs serpents noirs, mal retenus par un ruban incarnadin que débordaient et cachaient çà et là les boucles rebelles.
Gautier, Fracasse,1863, p. 321. B. − Au fig. [En parlant d'une pers.] 1. Qui manque de culture, d'instruction. Synon. fruste, ignare; anton. cultivé, instruit.Jeanne (...) était tout-à-fait inculte, parce qu'elle avait quitté le lycée à douze ans pour s'occuper de sa mère (Nizan, Conspir.,1938, p. 221).La guerre est un temps de méditation. Pour le type inculte comme pour le type instruit (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 987). − Emploi subst. L'acteur en vient trop vite à préférer (...) les applaudissements du grand nombre des incultes à ceux du petit nombre des connaisseurs (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1168).Les textes sacrés, fermés aux incultes (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 246). 2. Inculte dans/en qqc.Qui manque de connaissances dans (un domaine). Synon. ignorant.Ce jeune homme si savant en choses de courses, de jeux, de golf, si inculte dans tout le reste (Proust, Prisonn.1922, p. 60).Les affaires l'étonnaient : il se constatait bien inculte et grossier en cette matière (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 152). Prononc. et Orth. : [ε
̃kylt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xves. « qui ne fait pas preuve de culture intellectuelle » (J. Robertet, Épistre à Chastellain ds
Œuvres de Chastell., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 7, p. 147); 2. av. 1520 « qui n'est pas cultivée (d'une terre) » (De Seyssel, Appien, Guerres civiles, 18, éd. 1544 ds Delb. Notes mss); 3. 1840 « qui n'est pas soigné, négligé » (Ac. Compl. 1842). Empr. au lat.incultus « en friche », « non soigné, négligé » et « sans éducation », dér. de cultus « cultivé » et « soigné » formé sur le supin cultum de colere, v. cultiver; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 312. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 418, b) 595; xxes. : a) 523, b) 336. |