| INCORRIGIBLE, adj. A. − [En parlant d'une pers.] 1. Absol. Qu'on ne parvient pas à amender; qui ne peut pas se corriger. Synon. impénitent, incurable, indécrottable (fam.).Garnement incorrigible : Tous ceux qui me demandaient : À quand le mariage? Et à quoi travailles-tu? ne m'adressent plus de questions depuis des années et par conséquent me regardent comme incorrigible et incurable. J'ai donc usé l'intérêt et fatigué la sympathie.
Amiel, Journal,1866, p. 457. 2. [Avec un subst. désignant un défaut, une mauvaise habitude] . Gourmand, ivrogne, menteur, paresseux incorrigible. M. Delangre lui lança un regard terrible, tremblant à l'idée que ce bavard incorrigible pouvait tout gâter (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1062). − [P. ext., en bonne part] J'ai un tort irréparable à me faire pardonner : celui d'avoir voulu faire quelque bien. Ceux qu'a pu blesser ce motif, peuvent prendre leur parti; car je me sens pour l'avenir incorrigible à cet égard (Laya, Ami loix,1793, p. 6).Qu'il [Byron] devait plaire à cette jeune femme [Lady Blessington] et la toucher, ce collégien de trente-cinq ans, sentimental incorrigible qui s'efforçait en vain au cynisme (Maurois, Byron, t. 2, 1930, p. 242). B. − [En parlant d'un défaut, d'un comportement critiquable] Dont on ne parvient pas à se débarrasser; qui ne peut être corrigé. Synon. incurable.Distraction, étourderie, vice incorrigible; incorrigible stupidité. Il a de l'étude, ayant été régent de collège, et chassé pour incorrigible ivrognerie (Gautier, Fracasse,1863, p. 139).Il faut vraiment que notre prochain déploie une perversion incorrigible et une éclatante méchanceté pour nous forcer à quitter cette indéfendable fiction d'optimisme (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 176).V. blâmer ex. 1. − [P. ext., en bonne part] « Ton incorrigible gaîté! » s'écriait ma mère. Ce n'était pas reproche, mais étonnement (Colette, Sido,1929, p. 85). Prononc. et Orth. : [ε
̃kɔ
ʀiʒibl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1334 « impuni (en parlant de faits) » (Arch. JJ 69, fo13 rods Gdf.); b) ca 1350 « qu'on ne peut corriger (en parlant de personnes) » (G. Le Muisit, Poésies, II, 7 ds T.-L.). Empr. au lat. chrét.incorrigibilis de même sens. Fréq. abs. littér. : 159. DÉR. 1. Incorrigibilité, subst. fém.rare. Caractère incorrigible (d'une personne, d'un défaut). Avec cette susceptibilité de distraction et cette incorrigibilité de caractère qui lui laissent toutes ses faiblesses de coquetterie, de figure, de vanité, toutes ses susceptibilités d'amour-propre (Constant, Journaux,1804, p. 89).L'irréductibilité des tendances perverses se traduit par le récidivisme incessant de la faute, l'incorrigibilité en apparence absolue (Mounier, Traité caract.,1946, p. 727).− [ε
̃kɔ
ʀiʒibilite]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. av. 1679 (Retz,
Œuvres, éd. A. Feillet et J. Gourdault, Paris, 1876, t. 4, p. 186); de incorrigible, suff. -(i)té*. 2. Incorrigiblement, adv.,rare. D'une manière incorrigible. Reçu une lettre de..., par conséquent en bonne humeur le reste du jour. Il n'y a pas d'influence meilleure et plus directe que celle-là sur ma damnée et incorrigiblement impressionnable personne (Barb. d'Aurev., Memor. 1,1836, p. 11).La propreté des abeilles va jusqu'à la manie (...). Seuls, les mâles sont incorrigiblement insoucieux, et couvrent impudemment d'ordures les rayons (Maeterl., Vie abeilles,1901, p. 96).− [ε
̃kɔ
ʀiʒibləmɑ
̃]. Att. ds Ac. 1878 et 1935. − 1resattest. 1557 (P. de Tyard, 22 ds Z. rom. Philol. t. 28, p. 728) attest. isolée av. le xviiies. (1788 ds DG); de incorrigible, suff. -ment2*. |