| INCONDITIONNEL, -ELLE, adj. et subst. A. − Adj. [En parlant d'un acte, d'un comportement] Qui n'est soumis à aucune condition. Synon. inconditionné (moins usuel), total, sans réserve; anton. conditionnel.Adhésion, appui, ordre, soutien inconditionnel; soumission inconditionnelle. Le refus constant, systématique, inconditionnel du budget était un signe authentique et nécessaire de socialisme (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 65).La vengeance de Pearl Harbour aurait sans doute eu lieu d'abord, suivie d'un temps d'arrêt pour permettre à Hitler d'accepter la reddition inconditionnelle (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 57). B. − Adj. et subst. (Personne) qui donne son adhésion totale à, qui est partisan sans réserve de. Synon. acharné, fervent.Gaulliste, résistant inconditionnel. Les inconditionnels, cette masse docile qui se contentait de dire oui et amen à tout (Journal de Genève,9.6.68ds Gilb. 1971).Il [le Premier ministre] réclame une majorité plus docile, plus inconditionnelle encore (Le Monde,24.6.68ds Gilb. 1971).En amitié, je ne suis pas un inconditionnel. Pour moi une amitié ne se donne jamais une fois pour toute (Nourissier, 63, ds Gilb. 1971). − Inconditionnel de ♦ Inconditionnel de + subst. désignant une pers.Les inconditionnels de Jean Gabin (vedette de cinéma) (Paris-Match,15.10.66ds Gilb. 1971).Ces jeunesses de banlieue et de province, hâtivement jugées − inconditionnelles de Johnny ou des Beatles (Le Figaro,22.11.66ds Gilb. 1971). ♦ Inconditionnel de + subst. désignant une chose.Les partisans inconditionnels de la thèse faisant du groupe la base exclusive de la vie politique (Meynaud, Groupes pression Fr.,1958, p. 282).Les défenseurs les plus inconditionnels de la démocratisation (Antoine, Passeron, Réforme Univ.,1966, p. 199).Un inconditionnel de la voiture de sport (L'Autojournal, 19.6.69 ds Gilb. 1971). Rem. Le mot est entré dans le lang. pol. vers 1960 pour désigner les fidèles d'un homme d'État ou d'un parti pol. dont l'adhésion et les votes sont acquis d'avance, apparemment sans condition ni réserve; il a été spéc. employé à propos des adeptes les plus fidèles du gaullisme. Dans cette accept., il est souvent subst. (d'apr. Gilb. 1971 et Dupré 1972). Prononc. : [ε
̃kɔ
̃disjɔnεl]. Étymol. et Hist. [1777, Vergennes ds Dauzat 1964] 1. 1783 « qui n'est pas conditionnel, qui ne dépend d'aucune condition » (Linguet, Annales pol., civiles et littér., t. 14, p. 59 ds Gohin, p. 283 : indépendance inconditionnelle); 2. 1944-48 « qui suit en toutes circonstances et sans discussion les décisions d'un homme, d'un parti » (Camus, Actuelles I, p. 231 : résistant inconditionnel); 1962 emploi subst. (La Croix, 17 nov. ds Gilb.). Empr. à l'angl.inconditional, unconditional (1646 inconditional « qui ne dépend d'aucune condition » ds NED; 1666 unconditional « id. », ibid.), dér. de conditional (fr. conditionnel*). Fréq. abs. littér. : 19. DÉR. 1. Inconditionnalité, subst. fém.,rare. a) Caractère de ce qui est inconditionnel. Cette universalité (...) est inconditionnelle, mais l'inconditionnalité est le signe de la liberté (G. Marcel, Journal,1914, p. 42).b) Adhésion inconditionnelle (d'une personne) à quelqu'un, quelque chose. (Ds Rob. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr.). − [ε
̃kɔ
̃disjɔnalite]. − 1reattest. 1831 « caractère de ce qui est inconditionnel » (L. de Cormenin, Libelles politiques I, 291 ds Quem. DDL t. 15); dér. sav. de inconditionnel, suff. -(i)té*; cf. également l'angl. inconditionality, de même sens (1696 ds NED), unconditionality (1714, ibid.). 2. Inconditionnellement, adv.D'une manière inconditionnelle. La surprise doit être recherchée pour elle-même, inconditionnellement (Breton, L'Amour fou, Paris, Gallimard, 1937, p. 123).Les députés résolus à les soutenir inconditionnellement ne forment qu'une minorité à l'Assemblée (Meynaud, Groupes pression Fr.,1958, p. 289).− [ε
̃kɔ
̃disjɔnεlmɑ
̃]. − 1reattest. 1845 (Besch. Suppl.); de inconditionnel, suff. -(e)ment2*. BBG. − Gohin 1903, p. 283. - Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917-18, t. 30, p. 77. |